La société française est marquée par de profondes évolutions dans son paysage religieux. A l’heure de la mondialisation, des brassages culturels et religieux, à travers les relations de voisinage, l’école, le travail professionnel, la participation à la vie associative, comme au niveau des instances politiques les plus élevées, les chrétiens se trouvent conduits à rencontrer d’autres croyants – juifs, musulmans, bouddhistes…Ils vivent de plus en plus dans des situations à la fois interculturelles et interreligieuses.
Dans cette situation de fait, l’Église catholique appelle au dialogue interreligieux, qui a véritablement débuté grâce au concile Vatican II en 1965 : ‘’ Elle exhorte donc ses fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la collaboration avec les adeptes d’autres religions, et tout en témoignant de la foi et de la vie chrétiennes, ils reconnaissent, préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et socio-culturelles qui se trouvent en eux.’’ Extrait de la déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes Nostra Aetate 2.
Ce dialogue interreligieux s’est encore développé avec par exemple les rencontres d’Assise lancées en 1986. Il illustre la volonté de l’Église catholique de se tourner vers les autres religions, notamment vers le judaïsme, l’islam, le bouddhisme…
Pourquoi un tel dialogue ?
Le dialogue s’enracine d’abord dans l’expérience de tout homme. Pour l’Église catholique, il est présenté comme une exigence fondamentale pour les chrétiens, comme l’écrit le Pape Paul VI dans l’encyclique Ecclesiam suam (ES) (b), publiée en 1964 : « L’Église doit entrer en dialogue avec le monde dans lequel elle vit. L’Église se fait parole ; l’Église se fait message ; l’Église se fait conversation. » (ES 67).
De plus, ce dialogue se fonde plus spécifiquement pour les chrétiens sur la révélation du Dieu Trinitaire. Rappelons que si les chrétiens reconnaissent en Jésus-Christ la plénitude de la Révélation, ils croient en même temps que Dieu se rend présent à tout homme dès les premiers instants de sa vie, donc bien avant qu’il n’appartienne à une ou autre religion et qu’il désire lui communiquer sa vie. Ils savent avec l’apôtre Saint Pierre que « Dieu ne fait pas acception de personnes, et qu’en toute nation quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui » (Ac 10, 35).
Autrement dit, l’exigence du dialogue présuppose qu’il y a, selon Vatican II, des « semences du Verbe » dans les cultures et les religions du monde. Elle présuppose en même temps la présence et l’activité de l’Esprit Saint, non seulement dans des individus, mais aussi dans l’histoire et dans les peuples, les sociétés, les cultures et les religions du monde entier.
Ainsi, les chrétiens ne peuvent donc se désintéresser des autres croyants et doivent plutôt, autant qu’il est possible, entrer en relation avec eux. L’intérêt que les chrétiens portent à eux n’est donc ni une curiosité folklorique, ni une solidarité sociale, ni une urgence humanitaire ; il est le fait de discerner en eux la présence de Dieu et d’enrichir leur foi par le dialogue.
à la une
repères
Le dialogue interreligieux en questions
Benoît XVI s'est exprimé à plusieurs reprises sur l'enjeu du dialogue interreligieux qu'il lie au dialogue interculturel. Il s'inscrit dans la lignée de Vatican II.