La Syrie, vers un travail de réconciliation et de paix
En mars 2011 éclataient des mouvements de protestations populaires en Syrie. Après dix ans de guerre, des millions de réfugié(e)s et environ 400 000 morts, la situation reste difficile pour ses habitants. Le pays exsangue souffre du blocus économique. La Syrie est frappée de sanctions internationales. Elle vit une grave crise humanitaire. Les communautés chrétiennes encore présentes lancent un cri d’alarme. Monseigneur Joseph Tobji, archevêque maronite d’Alep et Sœur Marie Arbash, religieuse des Saints Cœurs à Damas ont récemment fait part de leurs détresses et de leurs espoirs.
« Il y a dix ans commençait le conflit sanglant en Syrie qui a causé l’une des catastrophes humanitaires de notre temps: un nombre indéfini de morts et de blessés, des millions de réfugiés, des milliers de disparus, des destructions, des violences de toutes sortes et d’immenses souffrances pour l’ensemble de la population, en particulier pour les plus vulnérables, comme les enfants, les femmes et les personnes âgées », rappelle le Pape François, lors de la prière de l’Angélus aux belligérants du conflit syrien le 14 mars 2021, jour de la date anniversaire du début du conflit. Dix ans après le début de la guerre civile en mars 2011, le pays est en ruines. La population est épuisée par la souffrance et les violences, et la crise économique est profonde. En octobre 2020, le Cardinal Mario Zenari, nonce apostolique à Damas avait lancé un appel en espérant obtenir une réponse internationale à la crise internationale qui perdure. Il déplorait de voir la Syrie disparaitre « des radars des médias. »
Une difficile et lente reconstruction
Depuis le début de la guerre, les communautés chrétiennes apportent face à la précarité une aide matérielle et spirituelle. « La situation s’est dégradée en Syrie avec les sanctions inhumaines et cruelles », s’insurge Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur de l’œuvre d’Orient. Avec des taux de change fluctuants, la Syrie connait un effondrement économique. « Exceptée dans la zone nord-est du pays, à Idlib, les combats ont cessé grâce à Dieu », remercie-t-il. Mais la pauvreté, la corruption, et le marché noir étouffent la population syrienne. Nous manquons de produits de première nécessité comme le gaz ou l’essence » pour se chauffer ou manger. La livre syrienne connait une inflation spectaculaire, le prix des denrées alimentaires explose et met à mal le pouvoir d’achat de la population. Selon l’Organisation des Nations Unies (Onu), plus de 9 millions de Syriens souffrent d’insécurité alimentaire. Le marché de l’emploi est exsangue, et es écoles et les hôpitaux font défaut.
Monseigneur Joseph Tobji, Archevêque maronite d’Alep reste aussi au plus près de ses fidèles. Sa cathédrale Saint Elie qui est située dans le quartier des églises historiques de Jdeidé avait été considérablement endommagée en 2016 par les combats. Dès 2017, les travaux de restauration avaient pu commencer grâce au soutien de l’Œuvre d’Orient à hauteur d’un million d’euro, et les fidèles ont pu revenir aux célébrations. Les activités pastorales ont repris timidement. En 2021, sept enfants préparent leur première communion dans l’ensemble du diocèse maronite. « Le nombre de fidèles a diminué », regrette-t-il. Ces enfants âgés de 9 ans sont des enfants de la guerre ! »
Le travail de réconciliation
En Syrie, les chrétiens représentent 6% de la population. « Mais ils gardent une place essentielle dans le pays », relève Vincent Gelot, directeur projets de l’Œuvre d’Orient. Sœur Marie Arbash, religieuse des Saints Cœurs à Damas se lance dans le travail humanitaire dès 2011 auprès des familles syriennes. « Une mosaïque de population venaient de la Ghouta, d’Alep, de Homs et de Deir Ezzor. » Des zones très touchées par les bombardements en 2018 et qui ont amené de nombreux réfugiés à fuir. « Nous accueillions tout le monde sans distinction de religion. », se souvient-t-elle. En partenariat avec d’autres Organisations non gouvernementales (ONG), elle leur apporte une aide alimentaire et un logement. Elle intervient également avec des supports éducatifs pour les enfants et les adolescents et offre un soutien psychologique et psycho-social aux femmes.
Quand la Ghouta orientale a été libérée, le nonce apostolique, le Cardinal Mario Zenari lui demande de se rendre sur place. « La tâche était très difficile », explique-t-elle. « Damas est proche de la Ghouta orientale, nous recevions de nombreux obus mais des milliers de personnes avaient besoin d’aide pour vivre dignement. » Sœur Marie Arbash se rend avec des volontaires. « Nous étions face à des personnes souffrantes et traumatisées. Nous sommes tous Syriens ! Nous sommes tous frères dans l’humanité !», rappelle-t-elle. Les mois suivants, le travail d’aide humanitaire continue dans la Ghouta orientale. « Nous sommes allés dans plusieurs villages pour continuer les projets de supports scolaires. »
Aujourd’hui, elle opère avec quatre autres religieuses de sa congrégation et des laïcs un travail de réconciliation dans la Ghouta orientale. « Nous réclamons la paix, la dignité, nous attendons la résurrection, nous croyons toujours que le soleil de la vie s’élèvera pour les chrétiens et les musulmans ! »