OCH : la place des personnes handicapées dans l’Église

En juin 2021, la revue Ombres & Lumière, publiée par la Fondation OCH, a réalisé un sondage en ligne auprès des catholiques de France sur la place des personnes handicapées dans l’Église, en partenariat avec la Conférence des évêques de France. 500 personnes ont répondu au sondage apportant ainsi un éclairage inédit sur cet enjeu essentiel.

Témoignages

Emmanuel Belluteau, président de la Fondation OCH

« La grande majorité des personnes qui ont répondu souhaite une Église inclusive : attentive à chacun, qui  accueille tout le monde y compris les plus fragiles, qui se met au service des plus petits… Mais il faut que  nous mettions l’accent collectivement notamment sur les personnes qui sont atteintes d’autisme et de  handicap psychique. C’est plus difficile mais c’est vraiment une priorité aujourd’hui.

L’objectif, pour nous l’Église et pour nous dans l’Église, ce n’est pas d’admettre les personnes handicapées,  ni de les mettre au premier rang pour se donner bonne conscience, mais de faire en sorte qu’elles soient  vraiment au milieu de la communauté, comme des membres à part entière qui ont autant à nous apporter  et à nous donner qu’à recevoir de nous.

Attention à rester vigilant car les progrès sont fragiles. Souvent, une bonne inclusion des personnes handicapées, de leurs familles et des plus fragiles au sens large, dépend de personnes. Cela dépend d’un curé  particulièrement impliqué, ou d’un évêque vigilant à rappeler régulièrement que l’accueil des plus petits  est au cœur du message évangélique et de la vocation de l’Église, cela dépend de paroissiens engagés. Et  l’on peut retomber assez vite si on ne reste pas vigilants.

Ce qui vaut pour les personnes handicapées vaut pour tous. Néanmoins, il y a un point important à avoir  en tête : l’Eglise a au cœur de son message l’accueil des plus fragiles, ce qui n’est pas le cas de la société. Elle  doit être exemplaire. Or il n’est pas certain que sur ce sujet, nous Eglise, nous soyons en tête du peloton. »

Dominique Cochelard, diacre, porteur d’un handicap moteur

« Le handicap moteur est en général mieux accepté que les autres handicaps. Même si l’accès de nos églises  aux fauteuils roulants, n’est pas du tout encore évident. Par exemple avec les magnifiques pavés à l’ancienne  qui entourent la cathédrale de Lille, mon fauteuil roulant ne peut pas y accéder.

Pour les personnes autistes, ou polyhandicapées, pour une personne qui a l’habitude de faire de grands  gestes ou de crier, il faut éduquer les paroissiens à accueillir ce type de handicap. Cela ne se fait pas du  jour au lendemain. Je citerais le cas de Martin, dans notre paroisse, qui est polyhandicapé et qui pousse  des cris de temps en temps. Au départ cela gênait les paroissiens. Ils venaient voir le prêtre en rouspétant.  Ce à quoi le prêtre répondait : « si nous ne sommes pas capables d’accueillir des personnes différentes,  c’est quand même bien dommage ». Peu à peu les paroissiens se sont habitués à ce qu’il pousse des cris de  temps en temps. Et aujourd’hui lorsque Martin n’est pas là, les paroissiens s’en inquiètent.

Pour pouvoir intégrer la différence en tant que richesse, il faut repasser à un stade d’écoute réel. Or avec  l’accélération que l’on vit actuellement dans notre société et même dans nos paroisses et dans nos églises,  nous ne prenons plus le temps d’écouter. Écoutons d’abord ce que les gens ont à nous apporter. »

Revoir la table-ronde

Talitha Cooreman, théologienne et auteur de Cathéchèses et théologie du handicap Presses Universitaires de Louvain

« Même si dans l’Église on est un petit peu à la traine, nous sommes dans une dynamique positive et il  faut s’en féliciter. En théologie le sujet n’est pas souvent approfondi en France, cela reste l’affaire de quelques-uns. Dans nos  églises aussi cela reste souvent le travail de la PPH ou de la PCS, or il est urgent et nécessaire de désenclaver la réflexion. Notre église a très bien su prendre le virage écologique, je pense que la réflexion sur le  handicap en Église doit irriguer l’ensemble de la réflexion pastorale.

Ce que révèle la réalité du handicap du mystère de Dieu est important pour l’ensemble des fidèles, pas juste  pour un petit groupe de personnes en situation de handicap. Je prends l’exemple d’une jeune retraitée qui  a appris par cœur une lecture, car elle ne savait pas lire et avait une déficience visuelle et intellectuelle. La  femme n’a pas besoin de regarder la Bible car elle ne sait pas lire, elle regarde l’assemblée et dit : « Moise  a dit à son peuple : le Seigneur va vous envoyer un prophète comme moi. » Lorsqu’elle a dit cela devant  l’assemblée, Béatrice était aussi prophète de Dieu, non pas parce qu’elle a un handicap mais parce qu’elle  a pu dans cette situation proclamer la Parole de Dieu. Ces personnes avec un handicap sont porteuses  d’une partie du mystère de Dieu. »

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Monseigneur Bruno Valentin, évêque auxiliaire de Versailles

« Nos paroisses sont face à un défi : ne pas devenir des clubs de gens performants. La bonne inclusion dans  la vie paroissiale, la facilité qu’on a à y trouver sa place et la joie qu’on a à s’y insérer est souvent fonction  de la performance de son couple, de son travail, de son état de santé. Quand on passe par des états de  vulnérabilité par rapport à l’un de ces plans, cela correspond souvent à des moments où l’on décroche de  la vie paroissiale.

Nos paroisses sont-elles capables d’aller contre cette tendance ? C’est un vrai défi : que nos paroisses ne  deviennent pas des clubs dont l’appartenance dépend de la performance personnelle de ses membres.  Est-on capable de faire l’effort, d’allers vers, d’inclure et d’aller au rythme de ceux qui sont moins performants, ceux qui passent par des temps de fragilité sur le plan du handicap, conjugal, professionnel ? »

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