Via Francigena, l’autre chemin de pèlerinage

Au Xème siècle, Sigéric, archevêque de Cantorbéry, s’en va à Rome chercher le pallium. L’itinéraire qu’il emprunte, au plus court entre les deux villes, nous est connu par les notes prises sur le chemin du retour, où sont mentionnées toutes les étapes. C’est le Via Francigena, racontée par Monseigneur Joseph de Metz-Noblat, évêque de Langres, diocèse dans lequel serpente la Via millénaire.

été en église - via francigena- thumbnailLongtemps oubliée, cette Via prend de l’importance aujourd’hui, pour deux raisons majeures : l’engouement pour la marche à pied et la saturation des chemins de Compostelle. Un itinéraire a été ainsi établi dans le cadre des chemins de grande randonnée, qui suit plus ou moins le tracé primitif, les écarts étant dus à la volonté de ne pas trop emprunter de routes goudronnées et aux nécessités de l’hébergement et du ravitaillement. Une Fédération Française et une Fédération Européenne de la Via Francigena se sont constituées, ce chemin traversant quatre pays : la Grande-Bretagne, la France, la Suisse et l’Italie.

En 2015, un journaliste passionné des territoires, Charles Myber, qui a des attaches en Haute-Marne, a eu l’intuition de favoriser une dynamique spirituelle, pour aider le marcheur à devenir pèlerin. Ainsi est née la modeste association Spiritualitas in Francigenam, dont je suis le président. Aller vers Rome n’est en effet pas une démarche anodine. C’est aller au cœur de la chrétienté, au cœur de l’Eglise, et donc au cœur de la foi. De la même manière que Sigéric était venu exprimer sa communion avec le successeur de Pierre, le pèlerin actuel peut découvrir davantage ce que signifie la communion ecclésiale et, par la contemplation du paysage, la rencontre des personnes, le regard sur sa propre vie, peut approfondir sa relation avec Dieu. Des pèlerins de tous pays s’y retrouvent ; l’an dernier ont ainsi été accueillis des Canadiens, des Australiens, des Allemands… et bien sûr des Français, qui retrouvent la beauté de leur pays.

Chaque année, dans le diocèse de Langres, nous organisons une journée de promotion de la Via Francigena. Quelques sites valent le coup d’œil : l’ancienne abbaye de Mormant, la cité de Langres, avec ses remparts et sa cathédrale, l’ancien hospitalet de Grosse-Sauve. Mais le pèlerin qui suit l’ensemble du chemin aura le temps de s’extasier, puisque l’itinéraire suivi passe par Arras, Laon, Reims, Châlons, Bar-sur-Aube, Besançon, Pontarlier (pour n’évoquer que les villes françaises). Puisque nos vacances se dérouleront surtout sur le territoire national en raison de la pandémie qui traverse la planète, si nous vivions un moment de saine et de sainte aération, en empruntant cette voie ? Bonne route !

« Il existe un besoin profond de l’homme occidental du XXIe  siècle de percevoir le but de sa vie. À la différence du simple touriste qui recherche la détente, le pèlerin cherche à atteindre ce but qui n’est jamais anodin.

Même si les motivations de départ ne sont pas forcément religieuses, le pèlerinage n’est pas qu’un exercice physique et matériel. Il est aussi cheminement moral et spirituel. Il introduit à un autre rapport au temps et à l’espace. J’ajoute que le bonheur n’est pas forcément au bout du chemin mais déjà sur son bord. Pèleriner, c’est apprendre à apprécier la beauté du monde qui est à l’image du créateur. »

Extrait d’une interview au journal La Croix

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