« Je crois beaucoup à la rencontre humaine »
Un nouveau service de pastorale des migrants a été créé en septembre 2017 au sein du diocèse de La Rochelle, selon le souhait de son évêque Mgr Georges Colomb. Katia Mickhaël, o.v., 50 ans, médecin en milieu hospitalier en est la responsable. Rencontre. Par Florence de Maistre.
Qu’est-ce qui a motivé la création de ce nouveau service ?
La migration est aujourd’hui une des questions les plus importantes dans le monde. Elle l’est tellement pour le Pape François, qu’il tient à diriger lui-même la section migrant au sein du dicastère pour le service du développement humain intégral. Quel grand signe ! La question fait partie des défis et de l’identité prophétique de l’Église : elle dit combien l’Homme est important pour le Christ et pour l’Église. Dans notre diocèse, une aumônerie rassemblait les communautés africaines et portugaises. La proposition s’est arrêtée après le départ du prêtre qui l’animait. Mgr Georges Colomb, m.e.p., notre nouvel évêque depuis deux ans, est sensible et particulièrement engagé en tant que membre de la Commission épiscopale pour la mission universelle de l’Église, en charge de la pastorale des migrants. Après réflexion, il a décidé de créer ce service.
Pourquoi avez-vous accepté cette mission ?
Je suis arrivée dans le diocèse, il y a six ans, au service de la pastorale des jeunes, des étudiants et des jeunes professionnels. Médecin, j’ai travaillé pendant dix ans dans l’humanitaire pour la protection maternelle et infantile. J’ai accompagné les déplacements de population, en particulier au Kosovo, au Darfour, en Irak. Ma foi me poussait à m’engager auprès de ces personnes fragilisées. Depuis trois ans, nous vivons un moment charnière avec les déplacements des populations dus à l’émergence de Daesh. Déléguée diocésaine pour l’Oeuvre d’Orient, j’ai coordonné avec d’autres l’arrivée des familles irakiennes et syriennes à La Rochelle. Cet accompagnement est très important pour l’Église diocésaine et pour les familles chrétiennes qui ont tout laissé en raison de leur foi. « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer », le message du Pape résonne très fortement en moi. Je réponds aujourd’hui à un appel de l’Église et prends à bras le corps cette pastorale des migrants.
Quelles sont vos priorités d’action ?
J’ai la conviction que tout doit émerger du terrain. J’ai débuté une consultation dans les différents doyennés auprès des structures en lien avec les migrants : les associations catholiques, protestantes et non confessionnelles, les pouvoirs publics. Il s’agit de repérer ce qui existe déjà et ce qui est ressenti, afin de créer des liens, mieux comprendre les besoins et d’accompagner les réflexions. Je suis également en train de former une équipe. J’espère pouvoir proposer en septembre prochain un programme annuel avec des journées thématiques sur l’enseignement de l’Église, la relecture des pratiques, etc. Le tout, autour de deux axes : comment mettre en place un accueil digne et comment développer une dynamique de communion. La Journée mondiale pour les migrants ce 14 janvier est une première étape qui manifeste notre volonté d’agir. Je crois beaucoup à la rencontre humaine. Parler des migrants peut faire peur. Mais rencontrer une personne, mettre un visage, partager un repas : ça change tout, on entre dans une démarche humaine et spirituelle.
Qu’est-ce qui vous encourage déjà ?
Le service est en période de gestation, nous la vivons dans la joie ! J’aime ce travail qui grouille sous terre et j’ai beaucoup de plaisir à rejoindre les personnes en responsabilité dans tout le diocèse. Je sens déjà des collaborations possibles, c’est positif ! J’ai rencontré, il y a quelques jours, un groupe de jeunes professionnels. J’ai vu des visages se transformer sur la question des migrants et la prise de conscience de l’évolution du rôle prophétique de l’Église, c’est très touchant !