OFC : un colloque pour retrouver le sens du politique
Evêque d’Agen et Président de l’Observatoire Foi et Culture (OFC), Mgr Hubert Herbreteau détaille les enjeux du colloque intitulé « Dignité et vocation chrétienne du politique », qui aura lieu le 3 décembre 2016 à Paris. Il invite les catholiques à (ré) investir ce champ d’action, au nom de l’Evangile.
Quels sont les objectifs et les enjeux du colloque de l’OFC ?
Le rendez-vous 2015 avait pour thème le désenchantement par rapport au politique. Nous avons cherché à comprendre pourquoi de nombreux citoyens repoussent l’action politique aujourd’hui. Or on s’aperçoit que le désenchantement n’est pas si grand, avec la participation aux primaires, par exemple. Les citoyens se sont déplacés. Ils se sont passionnés pour les débats télévisés.
Le colloque 2016 souhaite « réhabiliter le politique ». Il est bien en consonance avec le texte des évêques qui distingue le politique et la politique. L’angle choisi est celui du politique, c’est-à-dire la recherche du Bien commun. En cela, cet événement tranche avec celui de l’an dernier : il donne plus d’espérance. Le politique est important et il est important que des chrétiens participent à l’activité politique. D’où le titre un peu fort du colloque : « Dignité et vocation chrétienne du politique ».
Qui avez-vous choisi pour contribuer à cette réflexion ?
Les intervenants sont des journalistes, des historiens, des théologiens… Nous terminerons le colloque par cette vaste question : « Qu’est-ce que la théologie peut apporter au politique ? » Jean-Luc Marion et Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, interviendront sur ce sujet. Cela revient à s’interroger sur ce que la foi chrétienne peut apporter à la vie sociale.
Tous les intervenants ne sont pas chrétiens : il est important d’entendre aussi d’autres échos, de voir comment des personnes – un peu loin de l’Eglise peut-être – voient la place des chrétiens dans la vie politique. Nous ne voulons pas une « contre-culture ». C’est très bien dit dans le texte des évêques : « Cet engagement peut prendre des formes différentes, à la mesure des enjeux, mais doit toujours être soutenu par un véritable respect pour ceux qui ne pensent pas de la même manière. S’il faut parfois donner un témoignage de fermeté, que celle-ci ne devienne jamais raideur et blocage. Elle doit être ferme proposition sur fond de patiente confiance que Dieu ne cesse d’avoir pour l’homme » (Retrouver le sens du politique, p. 59)
Quelle peut être l’attitude des chrétiens pendant la période électorale ?
Regardons de près les projets des candidats ! On se contente trop souvent de quelques idées entendues dans les médias. Or il faut quand même une connaissance approfondie des programmes. On n’est jamais totalement en accord avec ce qui est proposé. On va élire quelqu’un qui ne sera pas forcément satisfaisant sur tous les points de vue.
Ensuite, il me paraît important de s’appuyer sur la Doctrine Sociale de l’Eglise, de rappeler l’objectif du Bien Commun et de l’intérêt général. Nous sommes tellement dans la défense d’intérêts particuliers et de particularismes !
Enfin, j’ai identifié trois déficits. Les citoyens souffrent de ne plus être partie prenante des décisions, parce que c’est trop complexe. Donc on constate un déficit de participation. Je veux dire aux chrétiens qu’ils ont leur place dans la démocratie participative, localement, sans forcément être affiliés à un parti. Participez à la vie politique ! Je vois également un déficit de représentation : les citoyens ne croient plus en ceux qu’ils ont élus. Les élus ont un problème de crédibilité. J’encourage les chrétiens à leur faire confiance et à croire en l’avenir ! Aux chrétiens aussi de s’engager en politique, au nom de l’Evangile, pour être au cœur du monde, attentifs aux détresses de leurs concitoyens, afin de faire en sorte que cela s’améliore. Le troisième déficit est l’ordre de la délibération. La culture du débat est très présente dans le texte des évêques. Nous voulons prendre la parole, dans le respect de ceux qui ne pensent pas comme nous.
7ème colloque de l’OFC le 3 décembre 2016
A la lumière des ouvertures et des initiatives du pape François, l’Académie catholique de France et l’Observatoire Foi et Culture (OFC) se proposent d’apporter leurs contributions à quelques mois d’échéances importantes pour notre pays. Les chrétiens savent que le Royaume n’est pas de ce monde mais que Dieu vient dans l’histoire. Ils ne peuvent donc verser ni dans le cynisme ni dans la démission, parce que le service du prochain est leur vocation, leur mission, leur devoir.