Message catholique à la Veillée interconvictionnelle pour le climat
A l’occasion du Sommet mondial pour le climat du 23 septembre à New-York, Le mouvement oecuménique Chrétiens unis pour la Terre invitait des personnes de toutes confessions ou sans confession à une veillée de prière interconvictionnelle pour le climat, au pied du Pont-Neuf à Paris. Le p. Jean-Christophe Meyer, Secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France y était présent, aux côtés des présidents de la Fédération protestante, de l’Union bouddhiste et du Rassemblement des musulmans de France.
Voici le message qu’il a délivré lors de cette veillée :
Dieu, créateur de l’univers, toute vie et toute bonté viennent de toi. Tu nous as faits à ton image et à ta ressemblance et tu nous as confiés le soin d’user avec modération des biens de la terre.
Pourtant, nous avons péché contre toi en exploitant les ressources naturelles avec avidité et égoïsme, causant ainsi de graves dommages à la vie sur notre planète.
Pardonne-nous, Seigneur ! Aide-nous à changer nos habitudes et à devenir des intendants plus responsables des biens qui nous sont confiés, conscients des besoins des générations futures.
Viens Esprit Saint et renouvelle la face de la Terre ! Nous te le demandons par ton FiIs Jésus-Christ qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles. Amen.
Cette prière pour la création a été composée par Mgr Buri Tlhagale, archevêque de Johannesburg, pour la conférence des Nations unies sur le climat à Durban en 2011. 8 ans après, elle est toujours actuelle !
Alors que les signaux d’alerte sont plus nombreux que jamais et nous disent combien notre maison commune qu’est la terre est en danger, alors que les changements climatiques s’accélèrent dans l’indifférence du monde, alors que les conséquences du réchauffement et de la pollution sont de plus en plus visibles : extinction massive d’espèces, réfugiés climatiques…Nous nous retrouvons pour prier et méditer.
Face à la liste dramatique de maux et de désastres présents et à venir, nous pourrions sombrer dans le désespoir ou au contraire nous voiler la face. Ni l’une ni l’autre de ces attitudes ne peut être la nôtre. Ces signes ne peuvent laisser indifférents les chrétiens, les croyants, les Hommes de bonne volonté.
Dans son encyclique Laudato Si’, le pape François écrivait : « Les prévisions catastrophistes ne peuvent plus être considérées avec mépris ni ironie. Nous pourrions laisser trop de décombres, de déserts et de saletés aux prochaines générations. Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l’environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel, parce qu’il est insoutenable, peut seulement conduire à des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà périodiquement dans diverses régions. L’atténuation des effets de l’actuel déséquilibre dépend de ce que nous ferons dans l’immédiat, surtout si nous pensons à la responsabilité que ceux qui devront supporter les pires conséquences nous attribueront ». (Laudato Si 161)
Croyants, nous affirmons :
- Que la création est un don de Dieu, beau et fragile, à préserver
- Que l’homme a la responsabilité de la protéger et d’en partager de manière équitable et durable les fruits
- Que rien, ne peut ôter de nos cœurs l’espérance fondamentale dans le Christ
Mettons-nous à l’écoute de la Parole de Dieu, dans la deuxième lettre de St Pierre Apôtre au chapitre 3, 10-14 :
Les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper. Ainsi, puisque tout cela est en voie de dissolution, vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu, ce jour où les cieux enflammés seront dissous, où les éléments embrasés seront en fusion. Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix.
Notre inquiétude quant à l’avenir de notre monde est bien réelle.
A travers ce cri de la création, Dieu adresse aux hommes un message. Nous ne souhaitons pas nous laisser guider par la peur.
Nous acceptons de nous laisser convertir chacun personnellement pour vivre notre responsabilité : vous voyez quels hommes vous devez être, nous dit St pierre.
Nous restons préoccupés « de la clameur de la terre et de la clameur des pauvres », selon la belle expression du Pape François (Laudato Si n° 49). Clameur de la terre, clameur des pauvres… Tout est lié en ce monde.
Nous nous découvrons solidaires de cette Création « qui gémit ». Nous nous sentons appelés à un engagement généreux.
Nous proclamons notre foi au Christ qui jamais de nous abandonne dans l’épreuve et dont l’amour nous porte à trouver de nouveau chemins de justice et de paix.
Comme nous y invite le pape François, « Marchons en chantant ! Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance » (Laudato Si, 244)
Si nous nous engageons au service de l’écologie intégrale, ce n’est pas simplement en raison de l’inquiétude face à la pénurie de ressources naturelles, ou pour permettre aux générations futures de profiter aussi de cette terre. C’est parce que nous sommes dans l’espérance du monde nouveau que Dieu nous promet, « d’un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ». « A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu (1 Co 13, 12) et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l’univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin. Oui, nous voyageons vers le sabbat de l’éternité, vers la nouvelle Jérusalem, vers la maison commune du ciel. Jésus nous dit : « Voici, je fais l’univers nouveau » (Ap 21, 5). La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d’une manière lumineuse, occupera sa place et aura quelque chose à apporter aux pauvres définitivement libérés » (Laudato Si 243).
Dans cette espérance, forts de notre foi, nous nous tournons vers le Seigneur, Dieu, Père, Fils et Saint Esprit avec les mots que le pape François nous a donnés à la fin de son encyclique :
Prière chrétienne avec la création :
Nous te louons, Père, avec toutes tes créatures,
qui sont sorties de ta main puissante.
Elles sont tiennes, et sont remplies de ta présence
comme de ta tendresse.
Loué sois-tu.
Fils de Dieu, Jésus,
toutes choses ont été créées par toi.
Tu t’es formé dans le sein maternel de Marie,
tu as fait partie de cette terre,
et tu as regardé ce monde avec des yeux humains
Aujourd’hui tu es vivant en chaque créature
avec ta gloire de ressuscité.
Loué sois-tu.
Esprit-Saint, qui par ta lumière
orientes ce monde vers l’amour du Père
et accompagnes le gémissement de la création,
tu vis aussi dans nos cœurs
pour nous inciter au bien.
Loué sois-tu.
Ô Dieu, Un et Trine,
communauté sublime d’amour infini,
apprends-nous à te contempler
dans la beauté de l’univers,
où tout nous parle de toi.
Éveille notre louange et notre gratitude
pour chaque être que tu as créé.
Donne-nous la grâce
de nous sentir intimement unis à tout ce qui existe.
Dieu d’amour, montre-nous
notre place dans ce monde
comme instruments de ton affection
pour tous les êtres de cette terre,
parce qu’aucun n’est oublié de toi.
Illumine les détenteurs du pouvoir et de l’argent
pour qu’ils se gardent du péché de l’indifférence,
aiment le bien commun, promeuvent les faibles,
et prennent soin de ce monde que nous habitons.
Les pauvres et la terre implorent :
Seigneur, saisis-nous
par ta puissance et ta lumière
pour protéger toute vie,
pour préparer un avenir meilleur,
pour que vienne
ton Règne de justice, de paix, d’amour et de beauté.
Loué sois-tu.
Amen