Journée mondiale de prières contre la traite des êtres humains : les défis à relever

Lancée en en 2015 par le Pape François, la Journée mondiale de prières et d’action contre la traite des êtres humains sera organisée le 8 février. Quelles sont les nombreuses avancées ? Quels défis (encore) à relever ?

Lancée par le Pape François en 2015, le 8 février est aussi la Journée mondiale pour la dignité des personnes victime de la traite des êtres humains. Elle marque l’importance de se mobiliser ensemble pour lutter contre toutes les formes d’exploitation : travail domestique, exploitation sexuelle, travail forcé, obligation à commettre des délits, contrainte à mendier, mariage forcé, trafic d’organes… Au cœur de cette démarche, il s’agit que les femmes et les hommes de tous pays et toutes origines prennent conscience d’un phénomène global qui dépasse la responsabilité de tel ou tel État. Le Pape appelle à une véritable mobilisation contre ce fléau.

Dans la suite des « orientations pastorales sur la traite des personnes » publiées par le Vatican, la Conférence des Evêques de France (CEF) a confié la rédaction d’un Documents Episcopat à un trio composé du Secours Catholique-Caritas France coordinateur du Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains et membre du réseau international Coatnet coordonné par Caritas Internationalis ; de Notre Dame de Charité du Bon Pasteur, membre de Renate et du réseau international Talitha Kum ; et de la Commission Justice et Paix France ; sous la responsabilité de deux Evêques, de la Commission  pour la Mission universelle de l’Eglise, et du Conseil Famille et Société. Ce Document Episcopat n°7 – 2019 « Exploitation et traite des êtres humains. Comprendre pour agir » explorant la question de la traite des personnes sous toutes ces formes, du terrain local au terrain mondial, est maintenant disponible. L’objectif principal est d’être une ressource pour ceux qui veulent s’impliquer :  les diocèses et paroisses catholiques, les congrégations religieuses, les écoles et universités, les associations…la société civile dans son ensemble.

En France, l’Église est déjà impliquée pour lutter contre ce fléau

Sensibiliser le grand public, prévenir le public à risque, former les professionnels et bénévoles concernés (dans des domaines variés : police, justice, pompiers, secouristes, travailleurs sociaux, éducateurs, animateurs, enseignants…), accompagner les victimes, plaider auprès des institutions pour que la Personne soit toujours au cœur des lois et de leur application. Le travail en réseau se développe. Une initiative parmi d’autres : le Diocèse de Paris a décidé d’ouvrir prochainement la Maison Bakhita (du nom de Sainte Joséphine Bakhita, enlevée à l’âge de 5 ans et qui a connu l’esclavage jusqu’à ses 30 ans). Cette maison est destinée à l’accueil des personnes migrantes accompagnées par les paroisses de Paris, et au soutien des bénévoles engagés dans cette action. Le Secours Catholique, partenaire du projet a débuté hors les murs les « Mercredis de la rencontre » mensuels destinés à développer l’information et l’échange concernant et impliquant les personnes migrantes.

Nous ne pouvons que nous réjouir du fait que le 18 octobre 2020, Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains, le gouvernement français a présenté le second Plan d’action national contre la traite des êtres humains… mais nous espérons qu’un agenda et des moyens vont maintenant être à la hauteur du défi humain auquel nous devons faire face.

L’Église, en France mène des actions de plaidoyer au niveau local, national, européen et mondial afin que les politiques prennent en compte les victimes de traite et luttent contre ce fléau. Des associations et congrégations interpellent régulièrement la Commission européenne, le Conseil de l’Europe et l’ONU, parfois avec la Commission Nationale Consultative des droits de l’Homme ou/et le Défenseur des Droits.

Parce que la traite des êtres humains est un phénomène mondial, il est important de collaborer au niveau international. Devant le phénomène grandissant de la traite des mineurs, les Caritas d’Albanie, de Bosnie et Herzégovine, de France, de Jordanie, du Kosovo, du Liban, de la Slovaquie et de l’Ukraine se sont associées pour mener une recherche-action : « Des enfants invisibles / Un crime impuni : Agir contre l’exploitation et la traite des enfants en Europe et au Moyen Orient. » Celle-ci vient d’être éditée et diffusée afin de sensibiliser et mobiliser les acteurs sur le sujet.

Les défis à relever

Dans ce contexte, nous vous proposons quelques défis à relever ensemble :

  • Apprendre à repérer les victimes de toutes formes d’exploitation ou de traite, et les orienter. Des victimes directes ou par répercussion, comme les familles des victimes. Avec détermination, impertinence pour aider à ouvrir les yeux sur la situation inconnue…ou trop facilement acceptée d’un voisin, d’un migrant.
  • Faire tomber les idées reçues pour que la même énergie soit déployée pour prévenir et combattre toutes les formes de traite des personnes.
  • Connaître des associations et des institutions engagées dans l’orientation et l’accompagnement des personnes à risque et des victimes de traite. Elles participent à la formation des acteurs associatifs, des magistrats, des éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse, des intervenants sociaux, de l’Aide sociale à l’enfance, de l’Éducation nationale, des médecins, des personnels hôteliers. Et avoir une approche globale des victimes : ne pas les enfermer dans ce statut et faire se croiser les approches des différents acteurs.
  • Soutenir la mise en place de voies légales et sûres pour les personnes réfugiées et toutes les personnes en déplacement (pas seulement « réfugiées ») reste aussi une urgence.
  • Faire en sorte que les entreprises et les sociétés examinent attentivement leurs chaînes d’approvisionnement pour éviter les risques d’exploitation par le travail. Nous devons changer d’urgence le modèle économique mondial et garantir un travail décent pour tous. Les organisations internationales, les entreprises internationales ont la possibilité de s’assurer que leurs produits sont exempts de toute forme d’exploitation et de traite des êtres humains. Et en tant que consommateurs, à nous d’aller dans le même sens.

Pour lutter efficacement contre la traite des êtres humains, adoptons une approche fondée sur les droits de l’homme !

Pour connaître l’action des organisations membres du Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains,

Consultez le site : www.contrelatraite.org ou contacter genevieve.colas@secours-catholique.org

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Le phénomène de l’exploitation et de la traite des êtres humains, omniprésent dans nos sociétés est rapporté, dans ce document, par les victimes et les acteurs associatifs qui l’ont côtoyé. N’occultant ni les violations de l’intégrité de la personne, ni ce qui offense la dignité de l’homme, cet examen des situations de vulnérabilité permet de faire des constats au plus proche des réalités et propose des pistes d’action pour enrayer ce fléau.

#PrayAgainstTrafficking

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