Homélie messe d’ouverture des JMJ par Mgr Ulloa

39879483313_0fe6a63648_kCampus Santa María la Antigua
Mgr. José Domingo Ulloa Ulloa Mendieta, O.S.A.

Chers jeunes pèlerins et peuple de Dieu,

Notre joie est immense de vous voir tous ici présent. PANAMA vous accueille aujourd’hui le cœur et les bras ouverts. Merci d’avoir répondu à l’appel de venir nous rencontrer dans ce petit pays, où la foi a été transmise par la Vierge Santa Maria la Antigua. Un pays qui a fait de son mieux pour que chacun d’entre vous puisse rencontrer Jésus Christ qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Nous sommes le premier diocèse sur la « Terre Ferme » et d’ici l’évangile a rayonné sur tout le continent américain, toujours sous la protection de la Vierge Marie, notre Mère. Elle nous a toujours accompagnés, il est donc tout naturel que dans cette rencontre avec Jésus-Christ lors de ces Journées Mondiales de la Jeunesse, ce soit Marie qui nous a animé et continuera à nous animer pour célébrer cet événement historique, que nous tous allons vivre ensemble, nous : les jeunes du monde.

Nous rendons grâce à Dieu d’être le lieu des premières Journées Mondiales de la Jeunesse où Marie – « l’étoile de l’évangélisation » – vous a été proposée comme un modèle de courage et de vaillance, elle qui fut disponible pour réaliser le projet de Dieu, pour Celui qui l’a choisie et dont la réponse est le slogan de ces JMJ : «  Voici la Servante du Seigneur, que tout m’advienne selon ta Parole ».

MERCI PAPE FRANÇOIS, de nous faire confiance et de nous donner l’opportunité de célébrer ces JMJ pour les jeunes des périphéries existentielles et géographiques. Nous espérons que ce sera un baume pour la situation difficile dans laquelle beaucoup d’entre eux vivent, sans espoir. En particulier les jeunes indigènes et d’ascendance africaine, les jeunes qui émigrent en raison du manque de perspective dans leur pays d’origine, qui les poussent à placer leurs espoirs dans d’autres pays, les exposant au trafic de drogue, au trafic d’êtres humains, à la délinquance et à tant d’autres maux sociaux.

Á l’Église Catholique, pour les communautés croyantes de notre pays, mais surtout pour la Conférence Épiscopale d’Amérique Centrale, qui comprend tous les évêques de la région, vous êtes très importants. Pour vous une véritable machine humaine a été organisée pour vous permettre d’avoir les conditions minimales nécessaires pour vivre votre pèlerinage dans ce petit pays.

Chers pèlerins de différents pays de la planète Terre, vous trouverez au Panama un quelque chose du monde entier. Notre histoire de service, de rencontre, d’unité dans la diversité, sans distinction de croyance, de race, d’âge, de sexe, fait de nous une nation bénie.

Grâce à votre présence, ce pays est maintenant la capitale mondiale de la jeunesse, où la chaleur humaine et le climat de cette époque créent des conditions favorables pour pouvoir coexister en partageant rêves, espoirs et projets qui, par la force du Saint-Esprit vous engagent à faire la révolution de l’amour, ce qui ne sera pas facile, mais pas non plus impossible si nous mettons notre confiance en Dieu.

Quel pays les pèlerins vont-ils découvrir ?

Les pèlerins qui ont vécu l’expérience des journées en diocèses au Panama ou au Costa Rica ont déjà eu un aperçu de ce qu’ils vivront.

Notre peuple est prêt à vous recevoir, à partager ses traditions, ses richesses multiethniques et pluriculturelles, mais surtout à partager la joie de la foi en un Dieu qui agit en nous dans notre histoire personnelle et communautaire. Dans les paroisses et dans les familles d’accueil, nous nous sommes bien préparés pour donner le meilleur de nous-même : l’affection, la proximité, la fraternité, pour vous accueillir comme une vraie famille : la famille de Dieu.

Disponibles à l’écoute de Dieu

En ces JMJ, vous aurez l’opportunité d’aller aux catéchèses données par des évêques de différents pays, vous y recevrez une formation intéressante. Le parc du Pardon, avec ses confessionnaux, vous réconciliera avec Dieu. Le festival de la jeunesse, où s’exprimera la diversité des talents des différents pays, vous ouvrira l’esprit. Sans oublier la rencontre si particulière avec Jésus en son eucharistie, nourriture spirituelle pour affronter les problèmes de la vie.

Cette rencontre entre vous les jeunes et Jésus-Christ, doit vous amener à remettre en question l’endoctrinement d’un système de contre-valeurs qui fait prévaloir la recherche d’une fausse joie, qui est si fugace qu’elle vous conduit à expérimenter désespérément tant de choses qui nuisent à votre âme et qui au final ne parviennent pas à combler le vide existentiel.

Chers jeunes : l’appel est toujours d’actualité, toujours éternel, intense et plein de douceur que seul le Christ sait communiquer. Peut-être qu’en tant qu’Église nous n’avons pas pu vous transmettre cela avec suffisamment de clarté, parce que des fois les adultes pensent que les jeunes ne veulent pas écouter, qu’ils sont sourds et vides. Toutefois, la réalité est totalement différente. Il vous manque de l’orientation, de l’accompagnement, et surtout des personnes à l’écoute.

Nous savons que vous n’êtes pas impressionnés facilement, que les phrases toutes faites, les discours théâtraux ou les slogans conçus pour réveiller vos émotions ne fonctionnent pas. Nous savons que comme au temps de Jésus, les jeunes cherchent des témoins, des personnes de référence expérimentées et incarnées, qui ont parcouru beaucoup de chemin, ils ne cherchent pas un Dieu intellectualisé. Vous recherchez des personnes qui témoignent de leur relation avec Dieu, et non des personnes qui parlent de Dieu.

Des jeunes protagonistes des JMJ

Dans l’Église, nous attendons le printemps de la jeunesse. Nous avons confiance en vous, on attend beaucoup de vous, parce que nous sommes pleinement convaincus que les vrais protagonistes pour les changements et transformations que requièrent l’humanité et l’Eglise sont entre vos mains, dans vos compétences et vos visions d’un monde meilleur.

Pour mener à bien ce défi, vous devez vous préparer en conscience et en connaissance votre histoire personnelle, familiale, sociale et culturelle, mais surtout votre parcours de foi. C’est uniquement ainsi, de la main de vos grands parents et de vos aînés, que vous pourrez transformer avec la joie de l’Évangile, les situations d’injustice et d’inégalité présents qui affectent la société.

La Vierge Marie, la jeune fille de Nazareth, est un modèle fiable à suivre pour sa disponibilité et son service au plan de Dieu. C’est la jeune femme qui a osé dire OUI au projet de Dieu, elle n’a pas eu peur, malgré ce que cela impliquait comme risques à ce moment-là. Mais même ainsi, elle a dit oui, parce qu’elle connaissait la promesse de Dieu faite à son peuple qu’Il enverrait un Sauveur. Sa vie de foi lui a donné la force et la confiance en Dieu et l’a aidée à assumer la maternité d’un Dieu fait homme.

Dans les yeux de Marie, chaque jeune peut redécouvrir la beauté du discernement ; dans son cœur, il peut expérimenter la tendresse de l’intimité et le courage du témoignage et de la mission.

C’est pourquoi ces JMJ ont été confiées à Marie. Faire confiance à Marie, ce n’est pas seulement lui demander de nous aider ou demander son intercession en tout ; c’est aussi agir comme elle. Imitons sa disponibilité à servir comme elle l’a fait avec sa cousine Élisabeth. Sommes-nous prêts à nous laisser transpercer le cœur par une épée comme Marie, en vivant la passion de son Fils et en attendant patiemment sa joyeuse Résurrection ?

Dans notre Église, pendant la préparation des JMJ, nous avons vu et découvert des jeunes capables de s’engager dans le don de soi pour les autres. Les talents et le leadership des jeunes qui ont soutenu l’organisation de cet évènement ont émergé au fur et à mesure, ils ont donné sans compter de leur temps. C’est une belle preuve que oui, ils peuvent assumer des projets incroyables.

Jeunesse Indigène et Jeunesse de D’ascendance Africaine Visibles

Une expérience merveilleuse a également été vécue avec des jeunes indigènes et d’ascendance africaine. Ils se sont réunis avant les JMJ pour discuter de leurs réalités spécifiques. Il s’agit d’un fait marquant dans les Journées, car pour la première fois, ils ont une place qui leur est propre.

Les Journées Mondiales de la Jeunesse dans cette région ne pouvaient être sans rendre visible leur situation, car ils représentent une partie importante de la population du continent, vivant dans une situation d’exclusion et de discrimination, ce qui les place dans la marginalité et la pauvreté.

Dans le Forum JMJ des jeunes d’ascendance africaine, des jeunes leaders de différentes religions et idéologies ont montré leur capacité à générer ensemble des réponses à leur situation de discrimination et d’exclusion en exigeant des politiques publiques dans le domaine de la justice, l’éducation, le travail et la revendication des femmes provenant de leurs cultures et origines ethniques, pas uniquement dans les domaines sociaux mais également religieux. L’importance de retrouver une mémoire historique avec les grands-parents et les personnes âgées a également été d’une importance vitale pour la jeunesse d’ascendance africaine.

Durant leur rencontre mondiale, les jeunes indigènes ont mis l’accent sur la mémoire vivante de leurs peuples, sur la lutte pour maintenir l’harmonie avec la Terre Mère à partir de la richesse de leurs cultures et à la lumière de Laudato Si’, et sur l’importance de leur participation active dans la construction d’un autre monde possible. Pour les jeunes indigènes, le message du Pape François a été encourageant.

Un outil de formation : le DOCAT

Dans l’accompagnement de la formation de nos jeunes, nous leur proposons l’apprentissage de la Doctrine Sociale de l’Église, à travers un outil technologique qui renforcera le leadership des jeunes.

C’est un rêve du Pape François et dont nous voulons qu’il soit aussi assumé par vous, jeunes pèlerins, particulièrement vous pèlerins d’Amérique Centrale, car une façon d’affronter l’adversité avec foi, est de connaître la pensée sociale de l’Église, pour faire une réalité de la révolution de l’amour et de la justice.

Le cadeau du Pape aux jeunes d’Amérique Centrale est le livre et l’application DOCAT qui seront donnés pendant les JMJ et qui sont une occasion pour eux d’assumer leur rôle de leader de manière responsable.

Des saints pour transformer la réalité

Dans son exhortation apostolique sur « L’appel à la sainteté dans le monde d’aujourd’hui », le Pape François souligne que la sainteté a ses risques, ses défis et ses opportunités. Car le Seigneur a choisi chacun de nous « pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour » (Ep 1,4).

Et être un saint, ce n’est pas avoir son visage sur les images qu’on achète au coin de la rue. Non, chers frères et chers jeunes. Nous pouvons tous être saints : même si nous pouvons penser que notre existence n’a pas une grande valeur pour tous les péchés commis, nous pouvons tous vivre et atteindre la sainteté.

Le Saint-Père nous dit que pour être saint, il faut aller à contre-courant ; il faut savoir pleurer, sortir de la logique de « zéro souffrance », qui nous fait dépenser « beaucoup d’énergie pour échapper aux circonstances où la souffrance est présente ». Être saint nous fait sortir de la corruption spirituelle et matérielle, de tout ce qui nous blesse et qui offense Dieu.

Un saint défend ceux qui sont sans défense : les enfants à naître, mais aussi ceux qui naissent dans la misère ; il défend les migrants, il cherche la justice ; il prie, vit et aime la communauté ; il est joyeux et a le sens de l’humour ; il lutte toujours, sort de la médiocrité, vit la miséricorde de Dieu et la partage avec son prochain.

Être un saint n’est pas un mythe, c’est une réalité palpable. Le témoignage de la vie des saints des JMJ en est la preuve : Saint Martin de Porres, Sainte Rose de Lima, Saint Juan Diego, Saint Joseph Sanchez Del Rio, Saint Jean Bosco, Bienheureuse Sœur Maria Romero Meneses, Saint Oscar Romero, Jean-Paul II. Tous nous montrent qu’une vie de sainteté est possible, dans toutes les cultures et groupes ethniques, sans distinction de sexe ou d’âge. La remise généreuse de leur vie à Dieu et à leur prochain les a conduits à la sainteté.

N’ayons pas peur, chers Jeunes, ayez le courage d’être saints dans le monde d’aujourd’hui, ainsi vous ne reniez pas votre jeunesse ni votre bonheur ; au contraire, vous montrerez au monde que vous pouvez être heureux avec si peu, car Jésus Christ, notre bonheur, nous a déjà gagné, par sa Résurrection, la vie éternelle.

Chers Jeunes qui vous êtes préparés pour les Journées Mondiales de la Jeunesse, je vous invite à être prêts à vivre dès maintenant avec l’humilité et la disponibilité des croyants cette expérience historique dans cet isthme panaméen, où la foi est arrivée il y a plus de 500 ans. Nous espérons qu’aujourd’hui, à la fin des JMJ, nous pourrons dire que nous avons envoyé les nouveaux disciples de Jésus-Christ dans le monde pour répandre la joie de l’Évangile dans le monde entier. L’Évangile de la miséricorde et de l’amour de Dieu. Durant ces quelques jours, la ville de Panama sera une grande « Maison de Prière et de Promotion Chrétienne ». La parole de Dieu résonnera à chaque instant et dans chaque coin du Panama.

Tout est prêt pour vivre la fête de l’amour de Dieu au milieu de nous. Mais n’oubliez pas que c’est Marie qui nous prendra par la main et que le Pape François, en tant que Vicaire de Jésus-Christ, nous fortifiera et nous confirmera dans la foi.

Lien vers la vidéo de la messe de bienvenue : #JMJestáAquí

Neuvaine avec les saints patrons

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