« Sous le soleil d’Australie » par Mgr Olivier de Berranger, évêque de Saint Denis

Nous ne sommes qu’aux prémices de l’évènement. Mais tous ces jeunes qui ont atterri ici venant des différentes parties du monde, ont préparé les XXIIIèmes Journées mondiales de la Jeunesse », appelée plus couramment « les JMJ »… depuis des mois, des années pour certains.

Hier soir, accueillis avec une exquise cordialité par des bénévoles australiens (présents partout, depuis l’aéroport jusqu’aux stations les plus reculées en banlieue du « RER » local), nous avons pu célébrer la messe dominicale dans l’un des halls qui entourent le « Park Stadium ». Nous, c’est à dire les 115 jeunes, dont six prêtres, du diocèse, auxquels se sont joints quelques francophones. Partis de Roissy entre le 9 et le 11 Juillet, la plupart des participants ont sur le visage les traces de deux nuits d’avion et d’une ou deux autres plutôt froides, à même le sol d’un gymnase.

Mais le petit groupe qui nous entraîne à chanter nous aide à entrer dans la joie. L’attente de l’Esprit Saint, acteur caché de l’évènement, se devine par delà les émotions d’un long voyage.

Nous en avons remémoré quelques-unes. Il y a eu ces longues files devant le « desk » du « check in » des avions, dues à un tantinet de confusion dans les listes. Puis ces quatre ou cinq bagages partis pour Sydney et que l’on débarque à Séoul… les visas électroniques pour l’Australie dont la vérification demande aux hôtesses d’Asiana Airlines une patience infinie. Et une erreur d’orientation pour le gros de la troupe dans l’aéroport d’Inchéon-Séoul… qui a retardé de quelques minutes le départ du Boeing.

Ce qui remonte à nos mémoires, c’est plutôt ce hublot levé par hasard dans l’immense cabine, laissant filtrer les rayons du soleil sur l’Australie! Nous sommes entre mer, ciel et terre. Un cri d’admiration a jailli. On en a oublié les centaines de petits écrans allumés devant les sièges de l’appareil, avec leurs vidéos ou les indications de vol changeant de seconde en seconde.

Comme si notre admiration à 10.000 mètres de hauteur anticipait sur celle de Benoît XVI, quelques heures plus tard, qui, à même altitude, a envoyé à ses hôtes et aux jeunes, un message portant sur le respect de la création.

Dans une semaine nous repartirons pour Séoul où nous serons reçus dans une paroisse du centre de la mégapole, chez les catholiques. Peu accoutumés à cette pratique, ceux-ci se sont inscrits plus nombreux que nécessaire pour accueillir les Français chez eux! Nous ne sommes restés en Corée que quelques heures à l’aller. La compagnie d’aviation, plutôt que de nous laisser en salon de transit, nous a aménagé une visite du temple bouddhiste Yongkungsa, à une trentaine de minutes de l’aéroport. Charmant vertige de la Corée traditionnelle, si proche de l’aéroport le plus prestigieux d’Asie: Pour construire ce dernier, les Coréens n’ont pas hésité à relier entre elles deux îles, au large du célèbre port où débarqua le général MacArthur en 1950.

Dans la visite du temple, ce qui a frappé notre groupe, c’est la familiarité bouddhique avec la nature. Nous avons cédé à la fascination du numérique en nous faisant photographier au pied du « grand père arbre », un splendide mélèze de six cent ans… Mais aussi l’évocation constante des défunts, pour lesquels viennent prier les familles, ce qui, grâce aux offrandes, permet aux bonzes de subsister… de manière ascétique!

Ce soir, les diocésains de Saint Denis sont invités à partager un barbecue avec les paroissiens de l’une des nombreuses paroisses « Saint Joseph », dans les faubourgs, à Rockdale. Ici, déjà, ils seront reçus chez l’habitant. Pas d’inquiétude pour la langue. Chacun fait des progrès spectaculaires pour comprendre celle de l’autre. Et puis, il y a des choses simples de la vie qui ne demandent pas 36.000 explications…. La prière en fait partie. Nous comptons sur la vôtre.

Mgr Olivier de Berranger, Evêque de Saint Denis
Sydney, le 14 Juillet 2008