Le Camino, un lieu de rencontre pour les pèlerins et les touristes
La Via Podiensis est la voie la plus fréquentée du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. 25 000 pèlerins prennent le départ chaque année depuis la cité ponote. Situé sur les hauteurs de la ville, au pied de la cathédrale Notre-Dame au Puy-en-Velay, « Le Camino », est un lieu d’accueil et de rencontres pour les pèlerins en partance pour les chemins, les touristes ou les visiteurs. Dominique Bourgin est la responsable des lieux depuis son ouverture en juillet 2012.
REPORTAGE
« Long de 1577 kilomètres, la voie menant à Saint-Jacques de Compostelle est la plus vieille et le tronçon Le Puy-en-Velay-Conques est le plus fréquenté des pèlerins », précise Dominique Bourgin responsable du « Camino ». Sous la voûte de pierre du Salon des jacquets, Dominique Bourgin accueille d’avril à octobre tous les soirs de 17h30 à 19h30, avec les bénévoles de l’association Les Amis de Saint-Jacques du Velay, les pèlerins-marcheurs désireux de sillonner les chemins et gagner Compostelle. Debout devant la carte, Dominique Bourgin s’appuie sur celle-ci pour expliquer les tracés des chemins contemporains. « Ce lieu dispose de quarante sièges. Les pèlerins peuvent échanger des conseils précieux avec ceux qui l’ont déjà parcouru », soulève-t-elle. La créanciale ou crédanciale, le « passeport du pèlerin » y est délivrée. A chaque étape, un cachet et une date y sont apposés, attestant du passage.
« Qui vous accueille m’accueille », slogan du « Camino »
Sur les hauteurs du Puy-en-Velay, « Le Camino » est en droit convivial où Ponots, touristes et pèlerins peuvent aussi bien s’informer que visiter le musée ou faire une pause rafraichissante au « Café des pèlerins » dans le jardin. Devant l’augmentation régulière, d’années en années, du nombre de pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, Monseigneur Henri Brincard, ancien évêque du Puy-en-Velay (NDLR 1988-2014) et initiateur du projet, décide de créer un lieu unique basé sur l’hospitalité et la convivialité. « Situé près du sanctuaire de Notre-Dame du Puy, ce lieu a pour vocation d’accueillir tous ceux qui aspirent à parcourir d’un pas alerte le Chemin conduisant à l’épanouissement du cœur […] Accueillir les pèlerins, faciliter leur marche, servir leur recherche spirituelle, leur faire connaitre l’histoire et la culture des lieux traversés, telles sont les préoccupations de ceux et de celles qui veulent faire du Camino un chemin d’Espérance », avait-il rédigé il y a quelques années. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la hausse de la fréquentation : en 1987, le Conseil de l’Europe a désigné le chemin de Compostelle comme étant le « premier itinéraire culturel européen » et en 1989 les IVe Journées mondiales de la Jeunesse (JMJ) ont réuni 400 0000 jeunes réuni à l’invitation du Pape Jean-Paul II. En 2018, les chemins de Saint-Jacques ont attiré 25 000 pèlerins. Les Allemands et les Canadiens sont les nationalités les plus représentées.
La réhabilitation des lieux
« Le Camino » ouvre ses portes le 12 juillet 2012, dans l’ancien l’hôtel Saint-Vidal. Une bâtisse réhabilitée par le Centre Européen Saint-Jacques. « C’était autrefois la demeure du baron, Antoine II de La Tour Baron de Saint-Vidal, raconte Dominique Bourgin. À la Révolution Française, le bâtiment est entré dans le patrimoine diocésain, et a servi successivement de dépendance pour le diocèse et d’annexe pour l’école catholique de la manécanterie de 1926 à 1970. » Mgr Luc Crepy, évêque du Puy-en-Velay aimerait créer un musée d’art sacré. Un projet toujours en cours. L’équipe qui assure la vie du « Camino », composée de bénévoles, gère aussi bien la partie bar que la trésorerie. La structure compte une trentaine de bénévoles. Dominique Bourgin est l’unique salariée.
Rien ne la destinait en 2012 à prendre les rênes du Camino. « Je travaillais dans le tourisme, j’étais au chômage après un licenciement économique, se souvient-elle. J’ai rencontré Mgr Brincard dans des circonstances personnelles. Après une longue discussion, il m’a demandé de lui adresser un curriculum vitae car mon profil l’intéressait. »
Les motivations des pèlerins
Dès les premiers mois de sa mission, Dominique Bourgin s’implique, écoute d’une oreille attentive les raisons qui poussent les pèlerins à partir. « Ils ne sont pas toujours dans une quête spirituelle », précise-t-elle. « Vous seriez surpris si je vous disais que le leitmotiv principal est de couper avec la société de consommation ! », s’exclame-t-elle. Elle rencontre au Camino divers profils de personnes qui souhaitent partir marcher : des personnes handicapées en joëlette, des personnes en fin de vie, en période de deuil ou d’épuisement professionnel « burn-out ». Des associations encadrent également des repris de justice pour voir leur peine réduite ou des malades d’Alzheimer. Le chemin de Saint-Jacques est une coupure pour leur permettre de se retrouver. « La première année où j’ai pris mes fonctions, je pensais que je n’étais pas à ma place. Je prenais tout à cœur, se souvient-elle. J’arrive maintenant à prendre le recul nécessaire. » Certains pèlerins reviennent au Camino les voir après leur périple. « Quand ils ont fini le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, ils nous disent tous qu’il se passe quelque chose et qu’ils ressentent quelque chose de fort. »
Le musée à la découverte du chemin de Saint-Jacques
À l’intérieur de l’ancienne Tour Saint-Vidal se situe le musée-Camino qui propose un parcours scénographique avec onze salles aménagées dans un appareillage de pierres. « Les trois étages sont consacrés à la visite virtuelle du Chemin, précise Dominique Bourgin, responsable du Camino. Monseigneur Henri Brincard souhaitait que les visiteurs s’inscrivent dans les pas des pèlerins pour réaliser un voyage intérieur », évoque-t-elle. D’ailleurs, à l’entrée du Camino, un texte de Mgr Crepy explique le questionnement de ce cheminement intérieur : « Au fur et à mesure que le visiteur parcourt les salles, des questions surgissent en lui : qu’est-ce qu’un pèlerinage ? Pourquoi tant d’hommes et de femmes ont-ils cheminé vers Santiago ? Pourquoi se mettre en route ? Quel est le sens de ma vie ? » Divisées en sous-thème, les salles évoquent aussi bien la rencontre que la souffrance, l’hospitalité ou la contemplation de la nature… « Tout est illustré par des témoignages sonores, des textes ou animations vidéos. » On y trouve notamment les témoignages de Monseigneur Emmanuel Gobilliard, ancien recteur de la cathédrale Notre-Dame du Puy ou de Frère Roger de Taizé…
Carte des diocèses
Vous trouverez sur cette carte les informations détaillées de chaque diocèse en cliquant sur la zone correspondante.
Attention : ne pas confondre diocèse et évêché.
L'évêché est le lieu de résidence de l'évêque.
Le diocèse prend le nom du lieu où se trouve la cathédrale.