Semaine Sainte et Pâques

Au cœur de l’Année de l’Eucharistie, la Semaine Sainte et Pâques 2005

En octobre 2004, le 48e Congrès eucharistique international marquait, à Guadalajara au Mexique, le lancement de l’Année de l’Eucharistie, qui s’achèvera au mois d’octobre 2005 avec l’Assemblée du synode des évêques à Rome.

Au cœur de cette Année de l’Eucharistie, les célébrations de la Semaine Sainte et de Pâques auront une résonance particulière : La Semaine Sainte, qui commence avec le dimanche des Rameaux – 20 mars 2005 – et s’achève dans la nuit de Pâques, commémore la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix. La fête de Pâques – dimanche 27 mars 2005 – célèbre la Résurrection du Christ.

Le Jeudi Saint – 24 mars 2005 -, jeudi de la Semaine Sainte, commémore en particulier la Cène, c’est-à-dire le dernier repas du Christ avec ses disciples avant sa mort sur la Croix. Au cours de ce repas, le Christ institua le sacrement de l’Eucharistie et, en invitant ses disciples à célébrer l’Eucharistie « en mémoire » de Lui, Il institua également le sacerdoce.

En ce Jeudi Saint 2005, les catholiques méditeront tout particulièrement sur l’Eucharistie, soutenus dans leur réflexion par l’encyclique de Jean-Paul II, Ecclesia de Eucharistia.

Semaine Sainte et Pâques 2005

La Semaine Sainte commence le dimanche des Rameaux et s’achève dans la nuit de Pâques. Elle commémore le repas de la Cène, la Passion du Christ, sa mort sur la Croix. Avec la fête de Pâques, qui célèbre sa Résurrection, ces jours forment la phase centrale de l’année liturgique.

  • Dimanche des Rameaux (20 mars 2005)
    Six jours avant la fête de La Pâque juive, Jésus vient à Jérusalem. La foule l’acclame lors de son entrée dans la ville. Elle a tapissé le sol de rameaux verts, formant comme un chemin royal en son honneur.
    En mémoire de ce jour, les catholiques viennent à l’église avec des rameaux (de buis, olivier, laurier ou palmier, selon les régions) que le prêtre bénit au début de la messe. Les fidèles les emportent ensuite chez eux pour orner leur crucifix jusqu’au dimanche des Rameaux de l’année suivante.
  • Jeudi Saint (24 mars 2005)
    Avant de mourir, Jésus prend son dernier repas avec les douze apôtres dans la salle dite du « Cénacle ». Saint Paul et les évangélistes Marc, Luc et Matthieu rapportent les récits de la Cène (1re Épître aux Corinthiens, 11 ; Évangile selon saint Marc, 14 ; Évangile selon saint Luc, 22 ; Évangile selon saint Matthieu, 26) au cours de laquelle, en prenant le pain et le vin, le Christ rend grâce et offre son Corps et son Sang pour le salut des Hommes. Après ce repas de la Cène, l’heure de l’épreuve approchant, le Christ se rend au jardin des Oliviers avec les apôtres pour veiller et prier.
    Le Jeudi Saint, l’Église célèbre la messe « en mémoire de la Cène du Seigneur », puis les fidèles s’unissent à la prière du Christ ce soir-là, en veillant auprès du saint Sacrement (le pain et le vin consacrés au cours de la messe) jusque tard dans la nuit.
  • Vendredi Saint (25 mars 2005)
    Trahi par son disciple Judas, le Christ est arrêté. Il est accusé de semer le désordre par ses enseignements et surtout d’usurper le titre de Messie, c’est-à-dire de Fils de Dieu envoyé pour sauver les Hommes. Interrogé par Ponce Pilate (gouverneur romain de la région), flagellé par les soldats, Il est condamné à être cloué sur une croix – supplice alors réservé aux criminels. Chargé de la croix, le Christ gravit la colline du Golgotha (littéralement « mont du crâne », autrement appelé « Calvaire ») et tombe plusieurs fois d’épuisement. Crucifié, Il expire au bout de quelques heures. Descendu de la croix par ses proches, Il est enveloppé dans un linge blanc (le « linceul ») et mis au tombeau.
    Les chrétiens sont appelés au jeûne (qui consiste à se priver de nourriture suivant l’âge et les forces du fidèle), démarche de pénitence et de conversion, expression de l’attente du Christ. L’office du Vendredi Saint, appelé « célébration de la Passion du Seigneur », est centré sur la proclamation du récit de la Passion (Évangile selon saint Jean 18, 1-19,42) et la vénération de la Croix. Il est aussi proposé aux fidèles un chemin de croix qui suit les étapes de la Passion du Christ.
  • Samedi Saint (26 mars 2005)
    La célébration de la nuit du Samedi Saint au dimanche de Pâques est « une veille en l’honneur du Seigneur » durant laquelle les catholiques célèbrent le passage des ténèbres à la lumière, la victoire du Christ sur la mort. C’est pourquoi, dans la nuit, le feu et le cierge de Pâques sont allumés, puis la flamme est transmise aux fidèles. C’est aussi durant cette veillée pascale que sont célébrés les baptêmes d’adultes (plus de 2 400 personnes seront baptisées à Pâques 2005 en France).
  • Dimanche de Pâques (27 mars 2005)
    « Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rend au tombeau. La pierre a été enlevée… Les bandelettes ont été déposées… Le linge est roulé à part » (Évangile selon saint Jean, 20).
    Étymologiquement, « Pâques » signifie « passage » : par ce passage de la mort à la Vie, le Christ a sauvé l’Homme du péché et l’a appelé à la vie éternelle. La Résurrection du Christ est l’accomplissement des promesses faites par Dieu à son peuple. C’est pourquoi la fête de Pâques est le sommet du calendrier liturgique chrétien. Ce jour d’allégresse est marqué dans les églises par la couleur blanche ou dorée, symbole de joie et de lumière.

La Cène du Jeudi Saint, l’Eucharistie et le sacerdoce presbytéral

La Cène
Jésus avait envoyé quelques uns de ses disciples préparer le repas pascal (repas de La Pâques juive) dans la salle à manger (cénacle) de la maison d’un ami. Ce repas d’adieu est resté dans la mémoire chrétienne sous le nom de Cène (du mot latin cena, « repas »).

Au cours de ce repas, Jésus « prit le pain, Il rendit grâce, Il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » De même, à la fin du repas, Il prit la coupe ; de nouveau Il rendit grâce, et la donna à ses disciples, en disant : « Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela, en mémoire de moi. »

L’Eucharistie
Ces paroles de Jésus-Christ au cours de la Cène sont centrales pour les chrétiens. Elles annoncent sa passion, son sacrifice sur la Croix et sa résurrection, et constitue le fondement de l’Eucharistie.
L’Eucharistie n’est pas un repas comme les autres. Pour les catholiques, ce pain et ce vin sont réellement le Corps et le Sang du Christ ressuscité, qui leur permet de vivre de la vie même de Dieu. Cette foi s’appuie sur la parole du Christ. À ceux qui doutent, l’évangéliste Jean rappelle que le Christ a déclaré « Je suis le pain vivant. Qui mangera ce pain vivra à jamais ». De même, le Christ a dit « Le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde ». Quand le prêtre, au nom du Christ, dit au cours de la messe : « Ceci est mon corps, ceci est mon sang », le Corps et le Sang du Christ sont vraiment présents sous la forme de pain et de vin.

Le sacerdoce presbytéral
En instituant l’Eucharistie, le Christ instituait également le sacerdoce presbytéral : les prêtres sont en effet appelés à renouveler dans la messe le sacrifice eucharistique ; ils ont également à faire connaître la Bonne Nouvelle de la Parole du Christ à tous les peuples et à donner les sacrements. Pour cela, ces hommes reçoivent le sacrement de l’ordre, par imposition des mains de l’évêque.

D’octobre 2004 à octobre 2005, l’Année de l’Eucharistie

L’Année de l’Eucharistie
L’Année de l’Eucharistie a débuté avec le Congrès eucharistique international du 10 au 17 octobre 2004 à Guadalajara (Mexique) et s’achèvera avec l’Assemblée ordinaire du Synode des évêques, du 2 au 29 octobre 2005, à Rome.

Dans son homélie pour l’ouverture de l’Année de l’Eucharistie, le pape Jean-Paul II expliquait son initiative en ces termes : « J’ai voulu que cette année soit spécifiquement consacrée à l’Eucharistie. En réalité tous les jours, et en particulier le dimanche, jour de la résurrection du Christ, l’Église vit de ce mystère. Mais la communauté chrétienne est invitée, en cette Année de l’Eucharistie, à en prendre une plus vive conscience à travers une célébration plus sincère, une adoration prolongée et fervente, un plus grand engagement de fraternité et de service aux derniers. »

Cette Année de l’Eucharistie se présente donc comme une période de catéchèse plus intense sur le thème de l’Eucharistie dont le Saint-Père souhaite « qu’elle soit un stimulant pour que la célébration de l’Eucharistie soit plus vivante et plus fervente, d’où naîtra une existence chrétienne transformée par l’amour. »

Le synode des évêques
L’Assemblée du synode des évêques qui clôturera l’Année de l’Eucharistie aura lieu au Vatican, avec pour thème : « L’Eucharistie : source et sommet de la vie et de la mission de l’Église ». Cette assemblée sera le point culminant de l’Année que le Pape a voulu consacrer à l’Eucharistie.

Le synode des évêques est une institution permanente, créée par le pape Paul VI le 15 septembre 1965, en réponse au souhait des pères du concile Vatican II de maintenir vivant l’esprit de collégialité né de l’expérience conciliaire.

L’encyclique Ecclesia de Eucharistia

Ecclesia de Eucharistia (« L’Église vit de l’Eucharistie »), publiée le Jeudi Saint 2003 (17 avril 2003)

Cette quatorzième encyclique du pape Jean-Paul II est une réflexion approfondie sur le mystère eucharistique. Par le sacrifice eucharistique, « source et sommet de toute la vie chrétienne », c’ le Christ lui-même est qui s’offre au Père pour la rédemption du monde. Ce texte dense est imprégné du témoignage personnel et mystique du Saint-Père.

Une encyclique est une lettre solennelle adressée par le pape aux évêques (parfois aussi à tous les fidèles) pour préciser ou élaborer une doctrine ou des orientations pastorales.

Le pape Jean-Paul II a publié treize autres encycliques, quatre plutôt théologiques (sur le Père, le Fils, l’ Esprit Saint et Marie), trois relatives à des questions socio-économiques (sur le travail, la solidarité, le centenaire de Rerum novarum), une sur l’ évangélisation des pays slaves, une sur la mission, une sur la morale, une sur la vie humaine, une sur les rapports entre la foi et la raison et une sur l’œcuménisme. À ce jour, l’encyclique Ecclesia de Eucharistia est la dernière en date publiée par Jean-Paul II.

« La veille de sa passion », extraits de l’article de

Mgr Joseph Doré, archevêque de Strasbourg

paru dans le mensuel Catholiques en France de mars 2005

Le repas du Seigneur
La lecture de l’Évangile nous donne à plusieurs reprises des échos de repas pris par le Seigneur, aussi bien d’ailleurs avec ses amis qu’avec les pécheurs, et avec ceux qui, peu de temps après, chercheraient par tous les moyens sa perte. Aucun de ces repas n’atteint cependant l’intensité de celui du soir du Jeudi saint, lorsqu’il réunit ses disciples pour un temps convivial dont il était le seul à connaître le caractère ultime.
Depuis ce jour, la célébration qui rassemble régulièrement les chrétiens, celle de l’Eucharistie, prend la forme d’un repas. Comme l’affirme le pape Jean Paul II dans sa lettre Mane nobiscum qui annonce l’Année de l’Eucharistie : « La dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repas. L’Eucharistie est née au soir du Jeudi saint, dans le contexte du repas pascal. Elle porte donc, inscrit dans sa structure même, le sens de la convivialité […] Cet aspect exprime bien la relation de communion que Dieu veut établir avec nous et que nous devons nous-mêmes développer les uns avec les autres. » (n° 15)

Le Maître et le Serviteur
À dire vrai, le repas juif nécessitait la mise en œuvre de deux types de « ministérialité » apparemment inconciliables : celle du maître, qui préside le repas, lui imprime son rythme et l’accompagne des bénédictions rituelles, et celle du serviteur, qui dresse la table et apporte les plats aux convives, non sans leur avoir préalablement lavé les mains et les pieds à leur entrée dans la salle du banquet. Il est donc significatif qu’au soir du Jeudi saint, Jésus ait voulu exercer les deux rôles à la fois : celui du Maître, qui rend grâce à travers les bénédictions sur le pain et sur le vin, et celui du Serviteur, qui lave les pieds de ses disciples à leur grand étonnement. La richesse de ce jour tient précisément, en grande partie du moins, à ce que nous faisons d’un même mouvement mémoire et de l’institution de l’Eucharistie et du geste du lavement des pieds (…)

Pourquoi j’aime tant le Jeudi saint
(…) il ne doit pas nous échapper que le Jeudi saint marque, quant à lui, le lieu où se joue et se noue le mystère pascal tout entier : sans la volonté du Christ d’offrir librement son corps et son sang aux hommes, la suite des événements ne trouverait pas son sens le plus profond ! Il s’agit là comme du cœur, ou du noyau, d’un mystère pascal qui, concentré dans sa première étape, va pouvoir ensuite se développer dans ses deux actions fondamentales.