Aux religieux et religieuses des Instituts de la famille mariste
3. Aujourd’hui, il vous appartient de manifester d’une façon originale et spécifique la présence de la Vierge Marie dans la vie de l’Église et des hommes, et, pour cela, de développer une attitude mariale. Celle-ci se caractérise par une disponibilité joyeuse aux appels de l’Esprit Saint, par une confiance inébranlable dans la Parole du Seigneur, par une démarche spirituelle en relation avec les différents mystères de la vie du Christ et par une attention maternelle aux besoins et aux souffrances des hommes, spécialement des plus petits. « Le rapport filial avec Marie constitue la voie privilégiée de la fidélité à l’appel reçu et une aide très efficace pour progresser dans sa réponse et vivre en plénitude sa vocation » (Vita consecrata, n. 28). C’est donc en vous tournant vers Marie, avec fidélité et audace, en vous laissant guider par elle à « faire tout ce qu’il dira » (cf. Jn 2, 5), que vous trouverez des chemins nouveaux pour l’évangélisation de notre temps.
4. En se mettant en route rapidement vers les monts de Judée pour aller à la rencontre de sa cousine Elisabeth, Marie ne nous enseigne-t-elle pas la liberté spirituelle ? Il importe en effet de ne pas vous laisser accaparer par la seule gestion de l’héritage du passé, mais de discerner ce qu’il convient de quitter, avec un esprit de pauvreté mais surtout avec cette liberté évangélique qui rend disponible aux appels de l’Esprit. Devant la multiplicité des sollicitations, il faut en effet une vraie liberté pour discerner les urgences. « Avance au large ! » ; cette parole de Jésus à Pierre nous invite à « aller de l’avant dans l’espérance » sur les routes du monde, sûrs que « la Vierge très sainte nous accompagne sur ce chemin »(cf. Novo millennio ineunte, n. 58).
5. Marie s’est donnée totalement au Seigneur, faisant confiance en tout à la Parole de Dieu. Comment ne vous apprendrait-elle pas à demeurer dans la force de cette Parole, à choisir, comme l’autre Marie, la meilleure part (cf. Lc 10, 42) ? Dans le monde d’aujourd’hui, la dispersion guette facilement les disciples du Christ, parce que l’abondance des biens matériels peut les détourner de l’essentiel et que les sollicitations pastorales sont multiples. Comme je l’ai écrit récemment à toute l’Église, nous avons besoin de contempler le visage du Christ (cf. Novo millennio ineunte, II), de chercher davantage la profondeur de son mystère, car il est la source véritable où puiser l’amour que nous voudrions donner. Ne laissez pas se dénouer ce lien essentiel de consécration au Christ ! Choisissez plutôt de vous mettre humblement à la suite du Seigneur, à la manière discrète de Marie ! Travaillez avec elle à faire l’unité de votre vie dans l’Esprit car, comme le rappelle saint François de Sales, « une des conditions requises pour recevoir le Saint-Esprit, ce sera d’être avec Marie » (Sermon 1 pour la Pentecôte), et laissez-le vous configurer davantage au Christ ! Alors votre vie et votre mission trouveront leur signification profonde et porteront des fruits pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui !
6. Gardez vivante la tradition missionnaire de votre famille ! Avec Marie, elle vous porte à être particulièrement attentifs aux détresses de nos contemporains, de ceux qui, dans nos sociétés modernes, sont privés de dignité, de reconnaissance, d’amour.
L’Église a particulièrement besoin de vous dans un domaine essentiel pour la famille mariste : l’éducation des enfants et des jeunes. Cette priorité missionnaire s’enracine dans l’esprit de Marie, mère et éducatrice auprès de Jésus à Nazareth, et plus tard dans la première communauté chrétienne. Le monde de l’éducation est difficile et exigeant, demandant sans cesse aux éducateurs de s’adapter aux jeunes et à leurs attentes nouvelles. Ne vous laissez pas décourager par les difficultés du moment, celles de l’âge qui vous éloigne apparemment des plus jeunes, celle du manque de moyens et d’abord d’ouvriers pour travailler à la vigne ! Regardez plutôt les jeunes avec les yeux du Bon Pasteur, comme une foule qui va sans berger (cf. Mt 9, 36), mais aussi comme ce champ qui se dore pour la moisson et qui portera du fruit au temps voulu (cf. Jn 4, 35-38) ! Formez également les laïcs qui œuvrent avec vous afin qu’ils vivent du charisme qui vous anime. Par votre existence, vous êtes appelés à faire découvrir à des jeunes la joie qu’il y a à suivre le Christ dans la vie consacrée. N’ayez pas peur de proposer cette démarche à la jeunesse en quête de vérité !
7. Les chapitres généraux que vous vivez valorisent la fidélité à l’esprit fondateur mais aussi le renouveau nécessaire, conservant et enrichissant le patrimoine spirituel des instituts. Qu’ils vous aident à trouver les signes nouveaux de la communion entre vos quatre instituts, à renforcer une collaboration qui donnera des fruits pour l’accomplissement fidèle de votre mission ! Que la Vierge Marie vous guide sur ces chemins de rencontre !
8. C’est dans ces sentiments que je suis heureux de vous saluer, et de saluer, à travers vous, les membres de la grande famille mariste, dispersés à travers le monde dans des apostolats variés. Je salue en particulier, et avec reconnaissance, vos supérieurs généraux, le Père Joaquín Fernández, le Frère Benito Arbués, Sœur Gail Reneker et Sœur Patricia Stowers, qui ont exercé au cours de ces dernières années le difficile service de l’autorité dans vos instituts. Mes vœux accompagnent aussi leurs successeurs, qui seront prochainement élus, pour qu’à l’exemple de Marie, ils conduisent avec audace et fidélité la famille mariste sur les chemins du nouveau millénaire !
En vous confiant à Notre Dame de Fourvière, qui vit naître vos instituts, je vous accorde volontiers une particulière Bénédiction apostolique, ainsi qu’à toute la famille mariste.
À Castelgandolfo, le 17 septembre 2001.
Jean-Paul II