Alors que le cardinal Lustiger vient de s’éteindre…
Paris, le 6 août 2007.
Alors que le cardinal Jean-Marie Lustiger vient de s’éteindre, bien des images me reviennent à l’esprit pour évoquer sa riche et forte personnalité.
Jean-Marie Lustiger a d’abord été un homme de Dieu. Il a été comme saisi par Dieu lorsqu’il l’a rencontré. Elevé dans la conscience de son identité juive, c’est dans la lecture de la Bible, et en particulier de l’Evangile, qu’il a découvert le Christ, Messie d’Israël et lumière des nations.
Tout au long de son ministère de prêtre puis d’évêque, conscient d’avoir été appelé et choisi par Dieu, il a voulu témoigner avec passion de Celui qui, par sa mort sur la croix, sauve l’humanité.
Son intelligence vive, son intérêt pour la pensée et la culture contemporaines, sa perception du sens de l’histoire, dont il connaissait intimement le tragique, sa curiosité insatiable, ses intuitions fulgurantes sur l’évolution de la civilisation occidentale et les dangers qui pouvaient la menacer, ont fait de lui une voix écoutée, non seulement par les chrétiens, mais aussi par tous ceux qui œuvrent au respect de la conscience humaine et s’interrogent sur le devenir de notre culture et de notre société.
Evêque d’Orléans puis archevêque de Paris pendant vingt quatre ans, il a profondément marqué et renouvelé son diocèse, en particulier dans le domaine de la formation, avec la création du séminaire de Paris et de l’Ecole cathédrale, et dans le domaine de la communication, avec Radio Notre-Dame et le lancement de la chaîne KTO.
Au sein de la conférence épiscopale, il tenait une place spécifique. Son acuité intellectuelle et sa profondeur spirituelle lui permettaient d’enrichir la réflexion et les débats de ses analyses et de ses propositions pour la mission de l’Eglise aujourd’hui.
Nommé cardinal en 1983, il a été membre de plusieurs congrégations pontificales. La confiance et l’amitié qui le liaient au pape Jean-Paul II ont fait de lui un conseiller écouté et une figure de l’Eglise catholique au-delà des frontières de notre pays. Profondément concerné par la transmission de la Foi aux jeunes générations, il a été un ardent promoteur des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) dont le succès en 1997 à Paris lui doit beaucoup.
Invitant les catholiques à mieux redécouvrir leurs racines spirituelles dans la première Alliance, il a poursuivi jusqu’au bout le dialogue avec le judaïsme, aidant à la relecture historique, favorisant les liens, invitant à dépasser les préjugés.
+ cardinal Jean-Pierre Ricard
archevêque de Bordeaux
président de la Conférence des évêques de France