Vénérable Robert Schuman au service du bien commun | Documents épiscopat
Au service du bien commun, Robert Schuman a œuvré, toute sa vie durant, à la construction du projet politique européen et a su incarner les vertus chrétiennes de “manière héroïque”. Considéré comme fondateur et père de l’Europe, il est aujourd’hui en voie de béatification. Ce Documents Épiscopat éclaire le destin de ce Lorrain, serviteur d’une Europe humaniste et chrétienne, solidaire et ouverte sur le monde.
Édito de Mgr Jean-Christophe Lagleize
Cette dernière livraison des Documents Épiscopat va mettre en lumière la figure d’un fidèle laïc tout fait remarquable du diocèse de Metz : Robert Schuman (1886-1963), dont le procès de béatification est en cours.
Je tiens à remercier le Docteur Guy Villaros, qui a présidé la Commission théologique lors de la phase diocésaine du procès, de nous partager ici le fruit de ses recherches et de son travail de synthèse contribuant à montrer que le vénérable Robert Schuman s’est efforcé de vivre les vertus chrétiennes de « manière héroïque » tout au long de sa vie.
Robert Schuman incarne à merveille la destinée de cette Lotharingie, qui depuis le IXe siècle assure la jonction entre ces deux immenses territoires qui aboutiront à la France et à l’Allemagne, trop souvent en étant le terrain de conflits dévastateurs durant des siècles avant de donner naissance à des hommes qui à la sortie de la seconde guerre mondiale se sont unis pour construire la paix. Luxembourgeois par ses origines, allemand du fait des constructions des États nations, francophile et français de cœur, Robert Schuman a éprouvé ce que signifie être un homme des frontières, pour littéralement passer d’une culture à une autre, d’un pays à un autre tout en restant profondément ancré dans sa terre : la Lorraine.
Connu aujourd’hui, d’abord comme le Père de l’Europe, celui qui avec d’autres (à l’instar de Jean Monnet) a permis la construction européenne, ne peut se réduire à ce projet politique. Le diocèse de Metz a répondu à la demande de l’Institut Saint-Benoît, Patron de l’Europe pour instruire le procès en béatification de cet homme, moins de 30 ans après sa mort, parce qu’il est important d’illustrer l’appel universel à la sainteté. Être un saint n’est pas réservé à une élite de consacrés ou de clercs, mais elle est le projet de vie de tout baptisé qui cherche à suivre le Christ, là où les circonstances l’invitent à déployer ses charismes.
Robert Schuman a répondu aux sollicitations de son temps, à travers l’appel relayé par ses proches (son ami Henri Eschbach, Mgr Benzler l’évêque de Metz, le chanoine Collin, directeur du Journal Le Lorrain), pour vivre en acte sa suite du Christ : comme laïc, comme laïc célibataire, cherchant à se sanctifier par le service des hommes. Épousant le service du Bien Commun, il s’est ainsi donné tout entier à l’exercice de la charité, tache ultime de tout baptisé et lui permettant d’expérimenter ce qu’est la politique dans le sens rappelé à maintes reprises par les papes, jusqu’au Pape François : « La politique est la forme la plus haute de la charité, car elle cherche le bien commun » [1]
Mgr Jean-Christophe Lagleize,
évêque émérite de Metz
[1] Discours du pape François lors d’une rencontre d’élèves d’établissements jésuites, le 7 juin 2013 à Rome