Dans le diocèse de l’Aube, qui comporte un peu plus de 300 000 habitants la démarche synodale a touché environ 1 400 personnes dont la moitié sont des enfants de moins de 16 ans. La majorité des jeunes contactés l’ont été par leur établissement scolaire catholique dans le cadre de l’heure de culture religieuse. Les autres enfants ou jeunes sont ceux qui suivent un parcours de catéchèse en paroisse ou encore les membres de l’association des 12-15 ans ou des groupes qui se préparent à la confirmation. Pour les enfants, il leur était proposé de dessiner la famille de Dieu et d’expliquer leur dessin. Pour les jeunes, il leur était proposé un quizz reprenant les questions du synode de manière adaptée. Nous avons ainsi récolté principalement des réponses individuelles, quelques-unes de groupes. Et ils ont répondu ! Une très grande majorité exprime que le lieu où ils se sentent écoutés et considérés est la famille.

Dans un deuxième temps vient ensuite leur groupe de copains, ou leur meilleur ami. En troisième lieu vient le collège. En revanche, pour les quelques jeunes qui appartiennent à un groupe ou un mouvement d’Eglise, ce groupe est le premier lieu où ils se sentent écoutés et considérés, juste devant la famille. Concrètement, c’est lorsqu’on leur confie une responsabilité qu’ils se sentent écoutés et considérés : par exemple quand on leur fait confiance pour s’occuper d’un petit frère ou d’une petite sœur, ou dans le cadre du sport, ou en classe, quand on prend en compte leur idée… Une expression significative de l’un d’eux : « maman m’a toujours écouté, peu importe la situation, elle sait quand je vais bien ou mal. Elle fait énormément attention à moi ».

Quand on leur demande de raconter une expérience vécue, une action menée avec et pour les autres ce sont principalement les actions pour la nature, l’environnement qui sont décrites, comme le ramassage de déchets, une collecte de bouchons en plastique. Bastien nous dit :« Quand je faisais le tour du village avec mon vélo, j’ai ramené les déchets que j’ai trouvés ». Ce sont aussi des participations à des actions collectives, comme courir contre la faim, après avoir demandé à des proches de les parrainer en faisant un don financier. Ou encore dans des centres de loisirs quand ils préparent des spectacles pour les personnes âgées. Leur action est aussi individuelle : Lucile dit : « j’ai aidé une personne à rapporter ses courses chez elle, sans rien attendre en retour. »

Les moments vécus en Église

A la question : Quels sont les moments importants vécus en Église avec un groupe de chrétiens ? Ils répondent que c’est souvent lors de célébrations auxquelles ils ont participé :

• Comme le baptême :  le leur ou celui d’un proche.
• Leur première communion ou une profession de foi : Sylvain a écrit : « c’était la communion de ma cousine, j’ai pu discuter avec un prêtre, ça a été important pour moi car on a pu discuter de la vie »
• La participation à un mariage :  Florian était au mariage d’un ami de ses parents et a écrit : « C’était la première fois que je rentrais dans une église, j’ai trouvé ça très impressionnant mais j’ai bien aimé. »
• Ou d’autres temps forts comme des célébrations en fin d’année scolaire pour souhaiter un bon départ aux enfants qui vont quitter l’établissement et entrer au collège.
• Les camps et retraites marquent aussi beaucoup les jeunes, ce sont des moments qu’ils aiment, ils disent bien se sentir dans ces lieux avec des personnes qu’ils apprécient.
• A la question « Participes-tu parfois à la vie de ta paroisse ou de ton diocèse » ? Nous avons été surpris par le nombre important de réponses positives en regard du petit nombre de jeunes que nous voyons en paroisse. A partir des réponses qu’ils ont données, nous avons constaté que beaucoup ont le sentiment d’appartenir à l’Église sans forcément se rattacher à la paroisse. Une jeune disait par exemple que son école catholique est son lieu d’Église.
  

  A quelle Église rêvent-ils ?

Parmi ceux qui ne participent pas à la vie de la paroisse ou de l’Eglise, certains ont tout de même noté leur rêve pour l’Église :

• Les aspects matériels ressortent beaucoup : avoir du chauffage, des bancs plus confortables, plus de technologie, des écrans pour mieux voir, beaucoup de couleur, de la végétation…
• Concernant les célébrations, ils souhaitent plus d’animation, de musique (moderne est parfois précisé mais pas toujours) que les enfants ou les jeunes participent plus, où l’on peut s’exprimer, parler et que tout le monde écoute … ils demandent aussi de la vidéo, mais par rapport à Dieu. Ils rêvent de messes en rapport avec l’actualité, des messes dynamiques pour montrer que la joie est là.

Autres rêves

• Qu’il y ait plus d’activités pour rencontrer les personnes, un goûter après la messe, des verres de l’amitié, des explications pour mieux connaitre Jésus, des jeux …
• Que l’Église accueille tout le monde, qu’elle soit un lieu où l’on puisse partager, un endroit pour être écouté, aidé, faire des activités avec les autres religions. Qu’elle soit encore plus solidaire et généreuse.
• Qu’on ne force pas les autres à se convertir, que toutes les religions s’entendent.
• Comme Samia qui nous dit : « ils m’ont parlé de la vie de Jésus et moi de Allah, j’ai appris beaucoup de chose, c’était super. »
• Maeva, elle, a écrit son rêve : une Église moderne, avec de nouveaux saints, et d’autres prières, plus de modernité sans changer les bases, mais faire des choses plus attractives.

Autrement dit, si les jeunes réclament plus de modernité, c’est principalement pour qu’elle soit au service du message de l’Église et de la joie de l’Évangile.

Tous ces évènements marquants et souhaits de ces enfants et adolescents rejoignent ceux des jeunes de plus de 16 ans qui sont également marqués par les temps forts, les camps de jeunes, un pèlerinage VTT ou d’autres activités et ils disent :

• « Dans les activités liées à l’Église, on reçoit beaucoup en donnant.
• Nous souhaitons que tous les charismes soient mis au service de la communauté en fonction des aptitudes de chacun. l‘Eglise doit prendre conscience que les jeunes sont prêts à s’engager pour elle. »C’est un appel à dépasser le conflit des générations qui existe souvent en paroisse et à faire confiance aux jeunes pour prendre des responsabilités.