L’histoire de l’Assemblée plénière des évêques de France

La 90e Assemblée plénière se tient du 3 au 8 novembre 2022. C’est un temps fort de l’année pour les évêques de France, en voici quelques repères historiques.

 

Qu’est-ce qu’une Assemblée plénière ?

Selon les statuts, « L’Assemblée plénière est l’organe ordinaire d’expression de la Conférence des évêques et de son activité collective. Elle a le pouvoir de légiférer selon les normes prévues dans le décret Christus Dominus et tous les organismes qu’elle institue sont responsables devant elle. » L’Assemblée plénière rassemble tous les évêques en exercice ainsi que ceux qui sont en retraite (ou « émérites »), les évêques des territoires d’Outre-Mer et le nonce apostolique (représentant le Saint-Siège). Sont aussi invités à participer au travail des évêques, pour certaines séquences, des fidèles laïcs, des délégués d’ordres religieux et des représentants de Conférences épiscopales d’autres pays, et pour certaines séquences, les directeurs de services nationaux et des journalistes accrédités.

Par-delà cette définition statutaire, l’Assemblée plénière est surtout un temps ecclésial où se manifestent l’unité de l’épiscopat et la communion des Eglises locales pour le service de l’Evangile dans la France d’aujourd’hui.

L’Assemblée plénière est donc un lieu de prière, de partage, de discernements et de votes. En plus de l’intense vie liturgique, des temps d’écoute et de travail sont prévus permettant aux évêques de travailler aux enjeux de l’Eglise et de la société, aidés par l’écoute des expert(e)s invité(e)s.

Comment l’Assemblée plénière a-t-elle évolué au fil des périodes, des Conciles, des transformations de la gouvernance de l’Eglise en France ?

La Conférence des évêques (CEF), existe sous sa forme actuelle depuis 1964. Cependant, bien avant cette date, dès le début du XXème siècle, les évêques décident de se réunir spontanément. Cette décision fait suite à l’adoption de la loi de séparation des Églises et de l’Etat de 1905, les évêques souhaitent alors définir ensemble une attitude commune. Ils se réunissent à trois reprises en mai et septembre 1906 puis en janvier 1907. Rassemblés à nouveau en février 1919, 18 cardinaux et archevêques obtiennent l’autorisation du Saint-Siège de se réunir tous les ans, c’est l’acte de fondation de l’Assemblée des cardinaux et archevêques (ACA).

En avril 1951, à l’initiative de l’archevêque de Paris — et toujours avec l’autorisation du Saint-Siège — l’ensemble de l’épiscopat se réunit à Paris. Entre 1951 et 1963, en plus des réunions ordinaires de l’ACA, une Assemblée plénière aura ainsi lieu tous les 3 ans (1951, 1954, 1957, 1960 et 1963).

Dans un contexte où se développent et se multiplient groupements et mouvements, les évêques souhaitent orienter et […] guider chacune des diverses activités doctrinales et apostoliques sur le plan national [1]. L’assemblée plénière de 1951 met notamment en place 15 commissions épiscopales avec le souci de couvrir chaque secteur de la pastorale. Leur appellation et les limites de leur activité varieront régulièrement dans le temps mais, jusqu’à la dernière réforme des structures de la CEF, effective en 2006-2007, on retrouve peu ou prou les mêmes secteurs de la pastorale.

Sous l’impulsion du Concile Vatican II, la création d’une Conférence épiscopale est décidée par l’assemblée des cardinaux et archevêques dès 1963. La session constituante de la Conférence des évêques de France se tient en mai 1964 à Paris. Les premiers statuts sont votés en 1966 et ratifiés par le Saint-Siège en novembre de l’année suivante.

La réforme des statuts

Depuis 2004 et la réforme des statuts, l’Assemblée plénière se réunit deux fois par an (au printemps et à l’automne). L’Assemblée plénière d’automne réunit tous les évêques y compris ceux de la France d’Outre-mer tandis que l’Assemblée de printemps, plus courte, réunit uniquement les évêques de France métropolitaine.

ap à paris en 1960Mais pourquoi Lourdes ?

L’Assemblée plénière des évêques de France, telle qu’elle existe, s’est réunie pour la première fois à Lourdes du lundi 17 au samedi 22 octobre 1966. Cette Assemblée plénière fut la première depuis la fin du concile Vatican II où le pape Paul VI a proclamé Marie comme étant la « Mère de l’Eglise ». Or Lourdes est le lieu de culte marial français par excellence. L’assemblée ne s’était jamais réunie aussi longtemps auparavant, c’est l’assemblée précédente qui décida de modifier ses statuts en adoptant cette nouvelle durée de réunion… sans compter le paramètre de la tranquillité ; dans un article du journal Le Monde paru le 18 octobre 1966, le journaliste écrit : « C’est la première fois qu’une assemblée de cette nature se tient à Lourdes, choisie non seulement parce qu’elle est un lieu de pèlerinage marial mais encore parce que les évêques y sont plus tranquilles pour travailler qu’à Paris, où ils étaient assaillis par les visiteurs ».

Un document rapporte des propos que Mgr de Provenchères aurait écrit dans une lettre publiée par La vie diocésaine d’Aix-en-Provence : « Cela [fin du concile et proclamation du pape sur Marie Mère de l’Eglise] a donné à cette Assemblée plénière ce que j’appellerai « une densité spirituelle » très supérieure à celle des précédentes, qui s’étaient tenues dans l’agitation de Paris ou dans la surcharge des sessions conciliaires ».  Dans leur allocution en début d’assemblée, le Cardinal Lefebvre et Mgr Marty remercient Mgr Théas (évêque de Tarbes et Lourdes à cette époque) d’avoir proposé que l’assemblée se tienne à Lourdes.

Les assemblées plénières hors Lourdes

Depuis 1966, Lourdes est traditionnellement le lieu de débats et de discussions. Mais, des assemblées plénières se sont parfois aussi en plus déroulées à l’extérieur de la cité mariale, pour des raisons essentiellement pratiques : en 1966 et 1967 à Paris, en 1969 à Issy-les-Moulineaux puis en 1974 et 1983, aussi à Paris. Autre motif de changement de lieu : une Assemblée plénière se déroule également en 1971 à Paris car il s’agit d’élire le Secrétaire général de la CEF en remplacement de Monseigneur Etchegaray, nommé archevêque de Marseille. Enfin, les évêques ont participé à des sessions thématiques à Paris en 1990 sur le catéchisme pour adultes des évêques, en 1992 sur le statut de l’enseignement, en 1994 sur la solidarité et en 1996 sur la proposition de la foi aux jeunes.

En octobre 2012, trois semaines avant l’Assemblée plénière, de fortes précipitations touchent le département des Hautes-Pyrénées, le sanctuaire de Lourdes est inondé par la crue du Gave de Pau mais l’Assemblée est maintenue à Lourdes.

Par ailleurs, le 11 février 2013, le Pape Benoît XVI renonçait à son ministère. Une situation inédite qui entraînait l’ouverture d’un conclave le 12 et 13 mars. Les cardinaux, présents à Rome, l’Assemblée plénière ne pouvant se dérouler sans la présence de cardinaux, a été reportée du 16 au 18 avril à la Conférence des évêques de France, au 58 avenue de Breteuil.

En juin 2020, alors que la Maison des évêques de France reprend progressivement son activité après le confinement lié à la pandémie de Covid-19, les évêques tiennent pour la première fois une Assemblée plénière en visio-conférence.

L’hémicycle

L’hémicycle Sainte Bernadette du Sanctuaire et ses dépendances – spécialement conçu pour l’Assemblée des évêques de France –  est inauguré en 1988. Avant 1988, les évêques se réunissaient à l’espace Notre-Dame (amphithéâtre transformé aujourd’hui en chapelle des confessions). L’hémicycle Sainte Bernadette sert de réunions pour bien d’autres occasions : pèlerinages, sessions…

[1] Assemblée plénière de 1954, allocution d’ouverture du cardinal Liénart.

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