Mgr Laurent Le Boulc’h : « Je crois à la force des mots »

Nommé évêque de Coutances et Avranches le 5 septembre 2013, ordonné évêque le 27 octobre, Mgr Laurent Le Boulc’h est un Breton accueilli par les Normands. Il est attaché à la dimension fraternelle entre ministres ordonnés et sensible à la force de la Parole.
 

Première Assemblée plénière, premières impressions ?

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Je suis frappé par la liberté de parole et par le respect pour ce qui est dit. On peut s’exprimer de façon naturelle. Les sujets traités sont très en prise avec l’actualité, comme la question de l’avortement. J’ai beaucoup apprécié la qualité des intervenants. Ils apportent des éléments d’analyse précieux. Je retiens notamment l’intervention de Sylvie Goulard sur l’Europe, sur un ton très vif et sans langue de bois. Mais tous les sujets m’intéressent : la jeunesse, à laquelle je suis très attaché, les questions de précarité et de crise sociale, qui entraînent des choix difficiles à faire. On a besoin d’être éclairés. Ce sont des sujets sur lesquels la parole de l’Eglise est attendue. Je suis aussi touché par le climat de simplicité et de confiance entre les évêques. C’est riche !
 

Comment abordez-vous votre ministère épiscopal ?

Je sens qu’il faut que je me fasse proche des prêtres. Je vais voir comment les rencontrer. Je pense qu’ils attendent de la proximité. A ce sujet, je profite de l’expérience de ceux qui me précèdent. Je mesure maintenant combien l’emploi du temps est chargé pour tous ces évêques… Sollicité de toutes parts, il va falloir poser des priorités. Prendre le temps de cette proximité est un défi ! Mais je suis un peu Breton : on n’abandonne pas les choses trop vite.
 

Ancien Délégué Episcopal à l’Information pour le diocèse Saint-Brieuc et Tréguier, comment envisagez-vous votre parole publique ?

Je pense qu’il faut établir un rapport de confiance avec la presse et les médias. Si l’on est sur la défensive et sur ses gardes, ce ne sont pas les mêmes bases de communication. Je suis convaincu de cela. Il y a aussi une forme de prudence à garder. On ne peut pas dire n’importe quoi. C’est plus facile avec la presse religieuse et les médias locaux, parce qu’on se connaît. D’ailleurs, j’ai déjà des sollicitations ! Jusqu’ici, je n’ai jamais eu de problèmes. Il y a parfois des imprécisions de langage ou des approximations mais si le fond est positif, ça me suffit. Eviter la langue de bois, avoir une parole dans laquelle je m’implique personnellement, mais qui soit en phase avec une parole communautaire, celle de l’Eglise, c’est ce que j’essaie de faire. On a parfois des intuitions de formule. Tenir un discours inintelligible pour les gens ne m’intéresse pas. Je crois à la force des mots. Ils portent des fruits. Je sais qu’ils touchent, parfois blessent. Il y a un enjeu de sincérité, d’humilité. Il faut se laisser habiter par la Parole, par l’Evangile qu’on transmet. Le plus doué, c’est le Christ. Quelle simplicité, quelle force !
 

Quels sont les temps forts à venir pour votre diocèse ?

Une année de prière pour la paix, à l’occasion de la commémoration du 70ème anniversaire du débarquement (6 juin – 26 juillet 1944). C’est très important pour les 3 diocèses bas-normands : Coutances et Avranches, Bayeux-Lisieux et Séez. C’est quelque chose de fort qui marque encore la population. Dans ces départements, on mesure peut-être un peu plus le coût humain de cette liberté et le courage des Alliés. Sur place, on sent une forme de reconnaissance pour tous ceux qui ont participé à la Libération de la France. A Sainte-Mère-Eglise, une communauté internationale de sœurs porte la prière pour la paix.
 

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Et aussi…

Sa devise épiscopale. « Mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger » (Matthieu 11, 30) était l’Evangile du jour quand le Nonce apostolique l’a appelé. D’abord « abasourdi par la nouvelle », il l’a reçu comme « une inspiration ».

Son nom. « Le Boulc’h » fait référence à « l’entame » du pain. Dans la tradition bretonne, c’est le père, en bout de table, qui, après avoir tracé une croix sur le pain, prend cette part.

Sa vocation. Etudiant en Physique-Chimie, il perçoit « l’amour indépassable du Christ ».

Témoin de la charité. Il rend hommage à ses parents, qui, catholiques discrets,étaient très « impliqués dans le service des autres ».

Lourdes. Longtemps accompagnateur de pèlerinages de jeunes, Mgr Le Boulc’h n’était pas revenu à Lourdes depuis des années. « J’aime passer à la Grotte. J’y trouve un souffle très particulier, comme une brise légère. C’est un lieu de tendresse ».

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