Une journée de célébration et d’échanges pour le 50e anniversaire de la fondation du Service national pour les relations avec les musulmans

Côté Église, étaient représentés Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France, Mgr Norbert Turini, Président du Conseil interreligieux ; Mgr Denis Jachiet, Président du nouveau pôle « dialogue, amitié et bien commun » ; P. Laurent Basanèse, sj., du Dicastère pour le dialogue inter-religieux, représentant du Cardinal Miguel Ayuso Guixot et le Cardinal Cristobal Lopez Romero, archevêque de Rabat et Président de la Conférence des évêques de la Région Nord de l’Afrique (Cerna). Mme Juliette Part, Cheffe du Bureau Central des Cultes représentait l’État avec plusieurs membres de son équipe.

Le dialogue islamo-chrétien « fruits de relations »

« Cette journée est le fruit de relations qui se sont nouées et tissées depuis des années », a déclaré lors de l’ouverture solennelle, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et Président de la Conférence des évêques de France : « Nous fêtons aujourd’hui les 50 ans de l’instauration d’un service de relations avec les musulmans appelé d’abord le Service des relations avec l’Islam (SRI) puis Service national pour les relations avec les musulmans […] Aujourd’hui les musulmans sont une composante importante de notre communauté nationale en France. Il est capital que nous – catholiques – apprenions à les connaitre et que nous contribuions à ce que les citoyens musulmans trouvent entièrement leur place dans ce pays. Il est aussi important comme chrétiens engagés dans notre foi de dialoguer avec des musulmans. »

Dans un discours devant l’assemblée, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz a pointé du doigt les « menaces qui pèsent sur la coexistence religieuse et l’unité de notre pays » mais il a rappelé que : « Les chrétiens et les musulmans sont appelés à surmonter ensemble les problèmes de l’indifférence de l’intolérance et de la violence […] « Je place beaucoup d’espoir en notre foi commune en Dieu et en notre possibilité à cultiver les valeurs humanistes que nous partageons, dans le respect des caractéristiques et des richesses propres à chacun de nos cultes. »

Rétrospective du service

Le P. Vincent Feroldi, directeur du Service des relations avec les musulmans (SNRM) entre 2015 et 2022 a jeté un coup d’œil dans le rétroviseur en retraçant les grandes actualités qui ont marqué ces cinquante dernières années, en évoquant tout particulièrement le Concile Vatican II et les deux textes fondateurs que sont l’encyclique Ecclesiam Suam (1964) et Nostra Aetate (1965). « Dans les années 70, l’Eglise est entre décolonisation et politique migratoire », rappelle-il. « La présence française au Proche Orient au Maghreb et en Afrique subsaharienne se traduit par des politiques diverses en matière de prise en compte de la diversité des statuts et des pratiques religieuses. Cette réalité et cette histoire entre la France et ces pays a influencé les institutions politiques et religieuses dans la deuxième partie du XX^e siècle. Les relations tissées, en particulier avec les congrégations religieuses et associations (Pères blancs, franciscains, dominicains, jésuites, Œuvre d’Orient) vont rejaillir sur la compréhension dans l’hexagone, par l’Église catholique, des liens à vivre entre croyants chrétiens et croyants musulmans. En pays arabo-musulmans, les œuvres éducatives, sanitaires et sociales ont amené chrétiens et musulmans à se rencontrer au quotidien. »

Hommage au Père Lelong

Un vibrant hommage a été rendu par le prof. Mustapha Cherif au Père Michel Lelong (1925-2020), premier directeur du SRI, avec qui il a fondé le Groupe d’Amitié Islamo-chrétien en 1993. Cette journée d’échanges mettait aussi l’accent sur l’engagement pastoral aujourd’hui avec Michel Younes, doyen de la faculté de théologie de l’Ucly et Nicole Fabre, présidente de la commission islam de la FPF.

A la fin de cette journée d’échanges, aux côtés de fr. Jean-François Bour, directeur actuel du SNRM,  Mgr Norbert Turini, archevêque de Montpellier en charge des relations avec les Musulmans au sein de la nouvelle organisation de la CEF après avoir été Président du Conseil interreligieux et les nouveaux courants religieux, a déclaré : « Le dialogue entre chrétiens et musulmans est nécessaire. Il ne peut pas ne pas être. Il est nécessaire dans notre société fragmentée et qui a besoin de sursauts d’espérance, et je pense qu’un tel dialogue fraternel est pour nous le signe d’une espérance que nous voulons bâtir et dont le monde a tant besoin. »