Cardinal Jean Verdier (1864-1940)
Bâtir des églises nouvelles et procurer du travail aux ouvriers
Ardent promoteur de la justice sociale, ce prêtre de la compagnie de Saint-Sulpice, archevêque de Paris durant l’entre-deux-guerres, est notamment à l’origine de l’œuvre des Chantiers du cardinal.
Une page sur une telle personnalité du XXe siècle est une gageure et un signe de reconnaissance. Une gageure, parce que le cardinal Verdier a laissé peu d’archives et donc peu de grain à moudre aux historiens. Une reconnaissance, parce que l’attention que nous lui portons relève de l’admiration envers lui. Nous retiendrons certains traits parmi des dizaines, pour les-quels on pourra se reporter à l’article sur le site du père Jacques Benoist (jacquesbe-noist.free.fr).
Le cardinal Jean Verdier est d’abord la preuve vivante que l’Église catholique, en son temps, a servi d’ascenseur social. Le fils du forgeron et du cultivateur de Lacroix Barrez (diocèse de Rodez), né le 19 février 1864, a pu mettre ses capacités non seulement au service de la communauté chrétienne et du royaume de Dieu, mais aussi de la société française. Dans les années trente, son rôle a été considérable en matière de justice et de paix sociales, au sein des événements de 1936 et jusque dans ceux de 1939. Il s’y était préparé par des études et des enseignements sur la Doctrine sociale de l’Église, dans l’esprit de Léon XIII et de Pie XI.
Ce dernier l’a d’ailleurs distingué quand il est devenu supérieur général des prêtres de la Compagnie de Saint-Sulpice en 1929. Cette année-là, à la mort du cardinal Louis-Ernest Du-bois, le père Verdier est nommé archevêque de Paris, installé, puis créé cardinal et intronisé, tout cela en l’espace de quarante jours. Un record ! Dès lors, son œuvre d’homme d’Église prend toutes ses dimensions : souci de la vie des prêtres et de leur formation permanente, organisation de l’Action catholique, et en particulier création d’organisations catholiques pour la jeunesse, accueil des étrangers, soin apporté à l’œuvre des vocations et bien d’autres choses encore.
Il conçoit aussi une entreprise gigantesque : celle de l’œuvre des Chantiers. L’horizon de l’apostolat était centré sur la banlieue, recouvrant Paris et les trois futurs diocèses de Nanterre, Saint-Denis et Créteil. Cette œuvre fut conçue pour répondre à la nécessité de la construction de nouvelles églises. Ce fut aussi une action de grande ampleur pour faire face au chômage de cette époque et permettre aux ouvriers de nourrir leur famille avec dignité.
Une œuvre dont la pérennité témoigne de la dimension visionnaire autant que sociale de cette grande figure de l’Église.
Par Mgr Michel Pollien
Évêque auxiliaire de Paris
Délégué des évêques de la zone apostolique pour les Chantiers du cardinal