Avec le bienheureux P. Lataste, un autre regard sur la prison
Car nous sommes au temps des Misérables (1862) de Victor Hugo. Près de Bordeaux, les détenues de la prison de Cadillac, condamnées aux travaux forcés, vivent sans chauffage, en silence et n’ont pas le droit de lever les yeux. Le jeune prêtre dominicain y est envoyé prêcher une retraite. « Mes chères sœurs » osera-t-il dire à ces 400 femmes coupables, pour la majorité, d’infanticide. Pendant quatre jours de prédication, il témoigne de l’amour de Dieu pour elles et les écoute en confession.
« J’ai vu des merveilles » écrira-t-il. Pourtant si Dieu leur a pardonné, sorties de prison, les anciennes détenues sont méprisées et exclues par la société. Double peine ! Avec la brochure « Réhabilitées », le P. Lataste plaide leur cause et présente alors aux députés et à la presse l’idée d’une congrégation qui accueillerait celles qui ont la vocation religieuse. Ce sera, en 1866, la Maison de Béthanie avec Mère Henri-Dominique, pour première supérieure. Pendant les 40 premières années, sur les 363 femmes accueillies, sortant de prison ou de refuge, 135 sont restées.
Même s’il meurt de la tuberculose à 36 ans, du courrier continue d’être envoyé au P. Lataste pour être déposé sur sa tombe… Le pape Benoît XVI a reconnu ses vertus héroïques en 2007. La guérison miraculeuse, en 1943, d’un homme de 74 ans atteint d’un cancer digestif en phase terminale, a été reconnue en 2011. Alors que sa fille allait entrer au noviciat de Béthanie, les sœurs de Montferrand-le-Château ont prié le P. Lataste.
Aucune vie n’est perdue
Si les vocations manquent, Sœur Pia Elisabeth, prieure générale, témoigne de fruits inattendus comme la fondation d’une fraternité dominicaine par un groupe de détenus de la prison de Norfolfk (Etats-Unis). Une démarche ratifiée au Tiers Ordre en 1999 par Timothy Radcliff, alors Maître de l’Ordre.