Un Saint, Une Sainte ?
Devenir saint, ce n’est pas tant faire des choses pour Dieu ou en son Nom, qu’être rendus semblables à Lui, et même être faits participants de la vie de Dieu (cf. 2e Lettre de saint Pierre 1,4) qui est Amour et Lumière. Etre saint (qadosh en hébreu, haghios en grec, sanctus en latin) est donc une nouvelle manière d’être, enracinée dans l’amour, illuminée par la Parole de Dieu, et qui se traduit par le don de soi-même pour le service de Dieu et du prochain : « Cherchez à imiter Dieu, comme des enfants bien-aimés, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous… » (Lettre de saint Paul aux Ephésiens 5,1). Jésus Christ est « le Saint de Dieu » (Evangile selon saint Luc 4,34), parfaite image de Dieu en notre humanité. Il est à la fois le modèle qui nous est proposé et le chemin-même de la sainteté. C’est par lui, unique médiateur entre Dieu et les hommes, que nous communions avec Dieu, le Père, dans l’Esprit d’amour.
Devenir saint, c’est donc faire un chemin de transformation profonde en vivant « la vie nouvelle des enfants de Dieu », par la pratique des vertus chrétiennes et humaines. C’est-à-dire des manières de se comporter habituellement, à partir du cœur, dans la foi en Jésus Sauveur, dans l’espérance en la fidélité de Dieu à ses promesses de vie, dans l’amour de Dieu, de soi-même et du prochain, dans la justice, la franchise, la sobriété, la lutte contre le mal etc.
Le Concile Vatican II a relancé cet appel de Dieu à participer à sa sainteté : c’est l’appel commun à tous les fidèles du Christ et qui les place tous sur un pied d’égalité, hommes et femmes, depuis le Pape jusqu’au plus petit des baptisés. Un unique appel au bonheur d’être saints qui n’est pas réservé aux Chrétiens, mais que ceux-ci ont la mission de faire entendre à tous leurs frères et sœurs humains, car le bonheur se partage, ou il n’est pas complet.
Parmi les Chrétiens, certains – même des enfants – jouissent d’une grande considération pour le témoignage de sainteté qu’ils ont rendu jusqu’au terme de leur vie ici-bas, parfois par leur martyre (la mort subie pour n’avoir rien préféré à l’amour de Dieu et des hommes), le plus souvent par leur fidélité totale au quotidien (héroïcité des vertus). Leur réputation de sainteté se manifeste dans le peuple chrétien par l’estime portée à leur exemple, mais aussi par la prière qui leur est demandée auprès de Dieu et les réponses ou grâces qu’on leur attribue. Leur vie chrétienne est prise en exemple. Ils sont considérés comme des frères et sœurs aînés dans la foi, parvenus à bon port après les difficultés de cette vie, mais qui demeurent proches de nous et nous assistent de leur aide.
Parmi ceux-ci, il en est que le Pape inscrit dans le calendrier des Saints pour que leur soit rendu un culte public de vénération. L’Eglise les donne en exemple et permet – ou demande – qu’ils soient invoqués dans sa prière officielle. Ils sont d’abord déclarés bienheureux au terme d’une béatification. Leur culte est alors limité à une partie du peuple chrétien. S’ils sont ensuite déclarés saints, au terme d’une canonisation, leur culte est étendu à toute l’Eglise.
Père Luc-Marie Lalanne