Jean-Marie de la Mennais (1780 – 1860)

Apôtre au zèle de feu

Le 26 décembre 1860, le père Jean-Marie de la Mennais mourait à Ploërmel (Morbihan). Il est le fondateur de deux congrégations vouées à l’éducation chrétienne des enfants et des jeunes : Frères de l’Instruction Chrétienne de Ploërmel, Filles de la Providence de St-Brieuc (Côtes-d’Armor).

Jean-Marie_de_la_Mennais

Jean-Marie de la Mennais est peu connu de l’Eglise de France. Son frère Félicité (1782-1854) l’est davantage. Pourtant, étroitement associés au temps de leur jeunesse comme deux frères qui partagent la même espérance, ils mèneront ensemble à La Chesnaie (près de Dol de Bretagne, Ille-et-Vilaine) une grande activité intellectuelle au service de l’Eglise.
Né en 1780 à Saint-Malo d’une famille de négociants et d’armateurs, l’abbé Jean-Marie de la Mennais est encore enfant lorsqu’éclate la Révolution. Il en est profondément marqué. Habité d’une foi qui s’est affermie sous les vents contraires de cette époque troublée, il cherchera, toute sa vie, à « combattre les combats du Seigneur et tout sacrifier à sa gloire ».
Autodidacte, il surprend par sa sagesse et son érudition. Doué d’une vive intelligence, il lisait beaucoup, guidé par quelques hommes de grandes valeurs. Fortement influencé dans son cheminement spirituel et dans son engagement apostolique par le Père de Clorivière qui sera son conseiller spirituel, il est ordonné prêtre en 1804 à l’âge de 24 ans. Il en est convaincu : « rien n’est impossible au zèle que la charité anime et soutient ». S’il s’agit de faire ce qu’il croit être la volonté de Dieu, aucun obstacle ne peut l’arrêter. Sa force de caractère n’a d’égal que la clarté de ses convictions et l’absolu de sa foi : « La vie n’est rien, la réputation n’est rien, la science n’est rien, la santé n’est rien, la fortune n’est rien, Dieu seul! Dieu seul! »

Au service des diocèses de Bretagne

On mesure le feu intérieur qui habite le jeune prêtre à travers le « Torrent d’idées vagues », texte prophétique écrit d’un seul trait un soir de novembre 1807 à La Chesnaie. Nous y trouvons exprimé le trop-plein d’un cœur apostolique grand ouvert sur le monde.
Sa vie sera la mise en œuvre de ce programme qui, pourtant, dépasse largement les capacités d’une vie d’homme : écrivain avec son frère Félicité, formateur de prêtres, organisateur et animateur d’un diocèse, fondateur de deux congrégations enseignantes pour le service des enfants des campagnes, initiateur d’un étroit réseau d’écoles catholiques dans les diocèses de Bretagne. Engagement au service de la mission ad gentes où il enverra ses Frères dès 1837. Rien ne l’arrête pour rebâtir l’Eglise.
Pour agir ainsi, Jean-Marie de la Mennais est habité d’une riche « spiritualité de l’action ». Le « Mémorial », petit journal qu’il tint pendant les premières années de sa vie apostolique, renferme de multiples traits de sagesse, fruits d’un grand zèle apostolique et d’une confiance sans bornes en la Providence. Marqué par la spiritualité ignacienne et par l’Ecole française, il sait que la paix du cœur est le signe que l’âme ne recherche que la volonté de Dieu. C’est un formateur d’âmes généreuses. En témoignent les très nombreuses lettres adressées aux Frères de sa Congrégation ainsi qu’à d’autres personnes qu’il accompagnait.

« Les Frères, voilà ton œuvre », lui dira un jour son frère Félicité

Il a tout juste 22 ans lorsqu’il commence à enseigner la théologie à l’école ecclésiastique de Saint-Malo. Quelques années plus tard, vicaire capitulaire à St-Brieuc, il est bouleversé à la vue des enfants laissés à eux-mêmes et perçoit l’urgence d’organiser des écoles chrétiennes. Ce sera le début d’une vie tournée vers l’éducation. Que d’énergie et de savoir-faire déployés pour organiser les écoles catholiques dans les diocèses de l’ouest de la France, appeler et former des « maîtres solidement pieux », permettre à tous les enfants, riches et pauvres, d’y avoir accès. Il ne laisse rien au hasard. Il devient un interlocuteur incontournable pour ce qui touche à l’enseignement. C’est à sa Congrégation de Frères qu’en 1837, le ministre français de l’Instruction publique fera appel pour organiser l’enseignement primaire aux Antilles françaises. Ses Frères y joueront un rôle important au moment de l’émancipation des esclaves.

Former, évangéliser l’homme tout entier…

A travers ses écoles, il cherche avant tout à « apprendre à la jeunesse la plus haute et plus belle de toutes les sciences, celle des devoirs de l’homme et du chrétien », mais aussi « donner aux jeunes une instruction solide et variée, qui les rende capables de remplir dans le monde avec distinction, les divers emplois, auxquels ils se destinent. » En réalité, il veut, à travers cette éducation, former l’homme tout entier, « son cœur aussi bien que son esprit, » éclairer l’intelligence et proposer une éthique de vie qui soit fondée sur l’Evangile du Christ. Aujourd’hui, son charisme d’éducation est plus que jamais d’actualité. Sur les cinq continents, Frères et Laïcs mennaisiens continuent d’évangéliser les jeunes par le moyen de l’éducation, « instruisant les pauvres, éclairant les aveugles, redressant les boiteux, guérissant les malades »… au nom de Jésus-Christ.

Frère Yannick Houssay
Supérieur général
Institut des Frères de l’Instruction Chrétienne

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