Homélie du dimanche 18 août

20e dimanche du Temps ordinaire

Références bibliques:

Première lecture « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé » Pr 9, 1-6
Psaume Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! Ps 33 (34), 2-3, 10-…
Deuxième lecture « Comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur » Ep 5, 15-20
Évangile « Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson » Jn 6, 51-58

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« La Sagesse a bâti sa maison. Elle a dressé sa table et mélangé son vin.
Elle appelle ses enfants : Venez manger de mon pain
Et boire le vin que j’ai préparé pour vous. »

Ces mots qui se trouvent dans le livre des Proverbes que nous lisons en ce dimanche sont des mots familiers. La liturgie accrédite aujourd’hui la portée eucharistique de ces paroles en les choisissant comme première lecture alors que nous entendrons le passage évangélique le plus eucharistique du discours de Jésus, sur le pain de vie.

Mais qui donc est cette Sagesse ?

Pour saint Irénée, la Sagesse divine n’est autre que la seconde Personne de la sainte Trinité et, en cela il lui applique ce que disent les livres de la Sagesse : Il trouve son délice parmi les hommes … « Il s’est fait homme parmi les hommes… Il a fait apparaître la vie et a établi une communion de Dieu et de l’homme. » (Credo de saint Irénée)

Relisons conjoints la finale du discours du Pain de vie, en particulier Jean 6. 51 à 58, et plusieurs passages du livre des Proverbes.

DE MOISE A SALOMON

La révélation de la Sagesse est une longue histoire en Israël. Elle commence même bien avant Moïse. Celui-ci bénéficia des apports de deux sagesses, la sagesse élaborée dans l’entourage du Pharaon où il fut élevé, et la sagesse du désert qu’il recueillit auprès de son beau-père Jéthro, prêtre de Madian.

Mais le développement de la sagesse s’intensifia en Israël, avec l’instauration de la royauté, grâce à la stabilité qu’elle engendrait. La cour de Salomon pouvait se permettre d’entretenir des relations avec d’autres capitales et de favoriser en son sein une école de sagesse. Dans le même temps, la sagesse était éminemment nécessaire au roi pour qu’il se dirige bien ; à travers mille embûches et qu’il oriente correctement son peuple.

A l’époque de la conquête de la Terre Promise, la bravoure et la foi pouvaient suffire. Au jour de Salomon, il fallait plus de discernement. La sagesse n’est pas simple spéculation sur l’inaccessible. Elle est lumière sur le donné vécu : comment vivre ? comment vivre mieux ? comment vivre dans la fidélité à l’Alliance ?

LA SAGESSE ET LA VIE

Mais, chez l’homme, les questions sur le « comment » débouchent inévitablement en interrogation sur le « pourquoi » et sur le « pour quoi ». Qu’en est-il finalement de la vie et de la mort ? L’homme est-il fait pour la mort comme le reste des créatures ? Quelle voie pourrait le mener vers la vie et la vie éternelle ?

Aux premiers jours, le serpent a pu tromper l’homme sur le sens de la vie, mais par son mensonge, il l’a exclu de la vie. L’homme qui a voulu s’emparer de la décision sur le bien et sur le mal, s’est trouvé privé du fruit de l’arbre de la vie. (Genèse 3) Toute l’histoire du salut sera la réouverture du chemin de la vie. La sagesse de Dieu, prenant en Jésus-Christ, le visage de folie sur la croix (1 Corinthiens 1. 24) le réouvrira.

LA SAGESSE EST DON DE DIEU

Cette sagesse si proche de Dieu est tout autant proche des hommes. Il nous est possible de la contempler du côté de Dieu qui la donne tout autant que de l’homme qui la reçoit. Pendant les 5 siècles où les livres de Sagesse se multiplient, chacun de ces deux aspects se renforcent l’un et l’autre.

Puisqu’il est question de vie et que la vie est la merveille de Dieu, la sagesse, pour l’inspiré biblique, est, dès le début, nécessairement proche de Dieu, intéressée à son œuvre de création et de salut. « Le Seigneur m’a engendrée, prémice de son activité, prélude à ses œuvres anciennes. J’ai été sacrée depuis toujours, dès les origines, dès les premiers temps de la terre. Quand les abîmes n’étaient pas, j’ai été enfantée. » (Proverbes 8. 22 à 24)

« Au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu. » (Jean 1. 1)

Simultanément, la Sagesse qui est engendrée en Dieu, s’approche des hommes et plus particulièrement du Peuple que Dieu s’est choisi, « Objet de ses délices chaque jour, jouant en sa présence en tout temps, jouant dans son univers terrestre, je trouve mes délices parmi les hommes. » (Proverbes 8. 30 et 31) Le Créateur m’a dit : En Jacob, établis ta demeure, en Israël reçois ton héritage. » (Ecclés. 24. 6 à 8)

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » (Jean 1. 14)

L’INVITATION AU BANQUET

Alors que le mot de « sagesse » évoque, dans notre langage, un comportement modéré, voire timoré, la sagesse biblique est fort entreprenante, et chez saint Paul elle sera même folie de Dieu.

« Près des portes qui ouvrent sur la cité, sur les lieux de passage, elle crie. » (Proverbes 8. 2 et 3) « Qui me trouve, trouve la vie. » (Proverbes 8. 35) Et le symbole les plus expressif de l’invitation lancée par la Sagesse est celui du pain et du vin, comme nourriture et comme boisson typique, le symbole de la table dressée : « Si vous manquez de sagesse, venez à moi, venez manger mon pain et boire le vin que j’ai apprêté. » (Proverbes 9. 1 et 2)

« Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. » (Jean 6. 51) « Venez manger mon pain et boire le vin… vous vivrez. » (Proverbes 1. 6)

Le lecteur des Evangiles ne peut alors manquer de se rappeler la fréquente comparaison que Jésus nous donne du Royaume de Dieu, un banquet auquel le roi invite pour les noces de son fils. Les invités se dérobant, les serviteurs iront, aux quatre vents, chercher ceux qui les remplaceront comme les servantes de la Sagesse sont envoyées pour appeler les fidèles de Dieu. (Proverbes 9. 1)

C’est bien le banquet de saint Matthieu 22. 1 à 10 : le Roi a tué les bêtes grasses, mais les invités ne s’en soucient pas, ils se dérobent. Comme les servantes sur les hauteurs de cité, les disciples de Jésus sont envoyés par le monde entier appeler tous les hommes aux festin du Royaume. (Marc 16. 15).

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A nous de répondre à cet appel : « Venez, mes fils, écoutez-moi… qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur… Qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien. » (Psaume 33/34)

« Pour ceux que tu aimes, Seigneur, tu as préparé des biens que l’œil ne peut voir. Répands en nos cœurs la ferveur de ta charité, afin qu’en t’aimant en toute chose et par dessus tout, nous obtenions de toi l’héritage promis qui surpasse tout désir. » (Prière d’ouverture de la messe)

En 2025, nous sommes en année liturgique C