Homélie du dimanche 18 septembre

Dimanche 18 septembre 2022
Vingt-cinquième dimanche du temps ordinaire

Références bibliques :

Lecture du livre du prophète Amos : 8. 4 à 7 : « Ecoutez ceci vous qui écrasez le pauvre. »
Psaume 112 : » Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ? »
Lecture de la première lettre à Timothée : 2. 1 à 8 : » Il veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la
vérité. »
Evangile selon saint Luc : 16. 1 à 13 : Vous ne pouvez pas servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’argent. »

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  La lecture des deux lettres de saint Paul à Timothée va s’étendre sur plusieurs dimanches de suite. Nous ne pouvons pas en méditer ces extraits sans les relier chaque fois au texte complet.

VINGT ANS D’APOSTOLAT ENSEMBLE.

  Timothée était originaire de la Turquie actuelle. Son père était païen et ma mère, de famille juive. Juive elle-même, elle avait déjà reçu la foi chrétienne par sa propre mère. Avec ce disciple de saint Paul, nous sommes déjà loin du cercle originaire du christianisme comme l’étaient les disciples galiléens et même Paul, né à Tarse, mais vivant à Jérusalem. Nous sommes déjà dans une famille chrétienne à la deuxième génération.  La famille de Timothée est témoin de la rapidité avec laquelle le Christianisme a poussé certaines pointes hors de son fief natal : sa rencontre avec Paul date des années 49-52. Désormais, il sera le compagnon ou l’envoyé le plus fidèle de saint Paul, qui en parle souvent dans ses lettres. Il signera même six épîtres en collaboration avec lui : 2è aux Corinthiens (1. 1) – aux Philippiens (1. 1) – aux Colossiens (1. 1) – 1ère aux Thessaloniciens (1. 1) – 2ème aux Thessaloniciens (1. 1) – à Philémon (1.) Il recevra lui-même deux lettres de saint Paul, sans doute peu de temps avant le martyre de l’Apôtre en 67.

TOUS LES HOMMES

  Cette expression revient à trois reprises dans ce chapitre 2 : » Prier pour tous les hommes. » – Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ». – « Le Christ-Jésus s’est donné en rançon pour tous les hommes. » Cette répétition est en elle-même révélatrice. Elle signifie que le salut ne peut se replier sur un petit nombre.  L’autre expression : »Il s’est donné lui-même en rançon. » est tout autant significative. Cette phrase est une des plus claires du Nouveau Testament sur la valeur rédemptrice de la mort de Jésus. Elle rejoint ses propres paroles sur le Fils de l’Homme venu « pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Matthieu 20. 28) et au soir de la Cène : »Le sang répandu pour la multitude, en rémission des péchés. » (Matthieu 26. 28).   Ces deux paroles du Christ sont reprises lors de chaque Eucharistie. Les théologiens, au cours des siècles et surtout de nos jours, s’interrogeront à maintes reprises sur la question du « mystère du salut des nations », mystère qui découle de cette affirmation : Comment la mort du Christ Jésus donnée en rançon a valeur de salut pour tous les hommes.

La réponse réside dans le fait que le Christ Jésus a assumé en lui, non pas une seule humanité, mais toute l’Humanité, comme il assumait toute la Divinité. Les Pères grecs du 4ème au 6ème siècles en ont fait la base de leur développement de la christologie.  Les paroles de l’offertoire le disent : »Puissions-nous être unis à la Divinité de celui qui a pris notre Humanité. » Non pas celle de tel ou tel, mais de tous les hommes, c’est-à-dire tout l’Homme. Elles préludent donc bien aux paroles consécratoires qui sont celles-là même du Christ lors de la première Eucharistie.

L’ANNONCE DU SALUT.

  L’annonce de ce salut, voilà l’urgence. Elle n’a pas diminué depuis que le Christ envoyait ses disciples annoncer la venue du Royaume sans se laisser arrêter par rien, pas même la mort. « Le message », « l’enseignement » se relient immédiatement au témoignage que le Christ Jésus a rendu. « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (Jean 20. 21)  « Il veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité. » (1 Tim. 2. 4) Le texte qui suit n’est pas un « credo » auquel il faut adhérer, c’est la révélation claire des « biens que nous avons reçus » (oraison des offrandes de ce dimanche) et que nous devons transmettre à notre tour, comme saint Paul en fut le messager.  « Il n’y a qu’un seul Dieu. Il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes. Un homme, Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous les hommes. Au temps fixé, il a rendu ce témoignage pour lequel j’ai reçu la charge de messager et d’Apôtre ». (1 Tim. 2. 5 à 7) Toute autre médiation, y compris celle de la Mère de Dieu, la toujours Vierge Marie, n’est que médiation d’intercession. Seule la médiation du Christ est « réalisation » du salut.  LA PRIERE ET LA PAIX  La prière qui doit être la nôtre, pour que la vérité soit révélée au cœur des hommes, ne peut être qu’une prière de demande. Elle doit se traduire dans notre propre vécu quotidien. Le Christ a confessé Dieu par son témoignage comme le dit ailleurs saint Paul à Timothée (chapitre 6)

Intercession, témoignage et action de grâce doivent s’entrecroiser pour former la prière chrétienne. Prenons par exemple ce qu’en dit saint Paul dans sa lettre aux Philippiens (1. 3 à 11) et qu’évoque l’oraison sur les offrandes de ce dimanche : »Je rends grâce à mon Dieu, chaque fois que je vous mentionne dans ma prière, pour vous tous… que celui qui a commencé en vous une oeuvre excellente en poursuive l’achèvement jusqu’au jour du Christ Jésus. »  Les prophètes le disaient déjà, et c’est ce à quoi fait allusion le prophète Amos dans la première lecture. La droiture du coeur et la réalité des actes doivent nécessairement correspondre à la prière, sous peine de nullité spirituelle.  Notre prière doit s’étendre à tous les hommes, parce que le Christ est mort en rançon pour eux tous, sans exclusive, même nos ennemis, même si ce chef de l’Etat s’appelle Néron, le persécuteur contemporain de saint Paul qui en sera le martyr. « Saintement, sans colère ni mauvaises intentions. » (1 Tim. 2. 8)

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« Seigneur tu as voulu que toute la loi consiste à t’aimer et à aimer son prochain. Donne-nous de garder tes commandements et de parvenir ainsi à la vie éternelle. » (oraison de la messe) Saintement, sans colère, ni mauvaises intentions, dans la droiture du cœur et la réalité de nos actes.

année liturgique B