Homélie du dimanche 1er novembre

La Toussaint fête de Tous les Saints
1er novembre 2020

Références bibliques:

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean : “7. 4 à 14 : “Avec le sceau qui imprime la marque de Dieu.”
Psaume 23 : “Le peuple de ceux qui recherchent la face de Dieu.”
Lecture de la première lettre de saint Jean 3. 1 à 3 : “Lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui.”
Evangile selon saint Matthieu. 5. 1 à 12 :”Ils verront Dieu.”

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LES BEATITUDES
Nous connaissons ces béatitudes que Jésus nous affirment être le devenir de nous-mêmes. Nous les avons, sans doute, maintes fois méditées. Une fois encore, nous pouvons les reprendre en mettant en relation les textes des références bibliques de ce jour, et en particulier en relisant, dans ce sens, les textes de l’Apocalypse.

L’ange de l’Apocalypse vient avec le sceau qui imprime “la marque du Dieu vivant.” Et c’est ainsi que paraîtra clairement ce que nous sommes (1 Jean 3. 2), semblables au Fils de Dieu. Ce que Jésus répète comme un refrain, aux disciples qui l’écoutent sur la montagne :”Le Royaume des cieux est à eux…ils verront Dieu… ils seront appelés fils de Dieu… votre récompense sera grande dans les cieux.” “La marque du Dieu vivant” qui nous rend pleinement “semblables à lui”, c’est de vivre les béatitudes. C’est la pauvreté du coeur, la douceur, la pureté, la faim et la soif de justice, la miséricorde, la paix, la vérité. Nous ne découvrirons “l’amour dont le Père nous a comblés” que si nous lui donnons cette preuve que notre recherche, c’est lui, et non pas les idoles (psaume 23), que si nous partageons l’épreuve qui fut celle du Christ, en fait si nous vivons les béatitudes qui furent la trame de sa vie. Car ce qu’il nous propose en nous les énumérant, c’est ce qu’il a vécu, jusqu’à la persécution, la mort et la mort de la croix. C’est pourquoi « il a reçu le nom qui est au-dessus de tout nom », selon l’expression de saint Paul, lui le Ressuscité, et nous aussi, nous serons semblables à Lui. (saint Jean)

LE SCEAU DE DIEU
Les symboles du livre de l’Apocalypse doivent être lus et interprétés en fonction de ce message du discours sur la montagne. La référence du sceau se trouve être la vision du prophète Ezéchiel (chapitres 8 à 11) où le prophète voit les péchés de Jérusalem qui attirent le châtiment sur le peuple de Dieu. Dieu envoie d’abord un messager qui “marquera d’un T au front les hommes qui gémissent et qui pleurent sur toutes ces pratiques abominables” (Ezéchiel 9. 4). Le Christ proclame heureux ceux qui pleurent et à qui la consolation est promise. Quant au signe dont sont marqués ceux qui seront sauvés de la ruine de Jérusalem, il rappelle le sang de l’agneau immolé la nuit pascale en Egypte, sang dont les maisons des Hébreux furent marquées, évitant ainsi la mort des premiers-nés (Exode 12. 13) au jour de la délivrance du Peuple de Dieu. Pour toute la tradition chrétienne, il évoque la croix dont nous sommes marqués et qui est le signe efficace de notre rédemption. Dans le Nouveau Testament, le sceau renvoie au baptême dans l’Esprit-Saint :”N’attristez pas le Saint Esprit dont Dieu vous a marqués comme d’un sceau pour le jour de la délivrance.” (Ephésiens 4. 30)

LE TRONE ET L’AGNEAU
La foule immense de ceux qui ont été ainsi marqués, “se tient debout devant le Trône et devant l’Agneau”. Il nous faut remonter au chapitre 4 de cette même Apocalypse. Après les lettres aux sept Eglises d’Asie Mineure, la première vision dévoile un trône céleste (Apocalyspe 4. 2). Nous rejoignons encore la tradition du prophète Ezéchiel (passage déjà cité), de Daniel au chapitre 7 et du prophète Isaïe au chapitre 6. Le trône est l’insigne de la seigneurerie divine sur le monde créé. Près du Trône, se tient l’Agneau que le chapitre 5 de l’Apocalypse nous a montré à la fois immolé (son sacrifice) et debout (ressuscité) “Voici l’agneau de Dieu” disait Jean le Baptiste. Il est le vainqueur, le lion de la tribu de Juda, dit le prophète. Désormais l’Agneau, immolé au Calvaire, est inséparable de Celui qui siège sur le Trône. C’est le Christ dans sa gloire céleste, siégeant auprès du Père.

LES VETEMENTS
Cette foule est vêtue de vêtements blancs. Dans notre symbolique contemporaine, le blanc évoque la pureté. Dans la symbolique biblique, à laquelle nous devons nous référer ici, le blanc est l’éclat du divin, le rayonnement de la Gloire Divine. Tout naturellement, celui qui siège sur le trône dans le livre de Daniel (chapitre 7) est revêtu de blanc, comme le messager d’Ezéchiel (chapitre 9) ou comme les anges du matin de Pâques (Luc 24. 4 – Jean 20. 12). Quant aux témoins de la Transfiguration, ils verront les vêtements de Jésus devenir “d’une telle blancheur qu’aucun foulon sur terre ne peut blanchir de la sort” (Marc 9. 3 – Luc 9. 29). Ce rejaillissement du divin n’est pas sur quelques-uns, sur quelques privilégiés, mais il atteint la foule de ceux qui se trouvent devant le Trône. “Nous devenons semblables à Lui” (1 Jean 1. 3). C’est à cette symbolique, proprement théologale – Nous serons semblables à lui – et non pas d’abord morale, qu’il faut rapporter la blancheur du vêtement baptismal, “l’aube” selon le mot latin. C’est l’éclat du divin.

Le sens moral n’est pourtant pas exclu, comme l’atteste le psaume du “Miserere” (psaume 50) :”Lave-moi, je serai blanc plus que la neige.” Mais il découle de cette identification à la Vie divine : « Unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité », selon les termes de la liturgie eucharistique. LES PALMES Les palmes bibliques ne sont pas des palmes académiques. Dans la symbolique biblique, elles rappellent que l’entrée dans la Terre Promise s’est faite par la ville des palmes, Jéricho, la ville des palmiers. Le palmier est signe de beauté, de robustesse et d’élan par lui-même. C’est pourquoi les palmiers seront nombreux dans le Temple idéal qu’imagine Ezéchiel dans sa vision des chapitres 40 et 41. Le fruit du palmier était aussi le signe de la richesse et la palmeraie, synonyme de paix.

Or la paix n’est jamais obtenue sans la victoire sur ce qui tendrait à la ruiner. La palme devient ainsi l’insigne de la victoire. Elle est mentionnée quand la Sagesse se vante d’avoir donné à Jacob la palme dans sa lutte finalement victorieuse avec l’Ange de Dieu (Sagesse 10. 12 et Genèse 32. 31). Il ne faut donc pas s’étonner que des branches de palmiers soient brandies au jour de l’entrée à Jérusalem de celui qui est acclamé comme “le roi d’Israël” (Jean 12. 13) ou quand cette foule immense entonne le chant du Christ triomphant de la mort. La palme deviendra l’emblème des martyrs qui, victorieux du mal et de la mort dans leur propre chair, complète ce qui manque à la Passion du Christ pour son corps qui est l’Eglise. (Colossiens 1. 24).

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La prière après la communion évoque les pèlerins d’Emmaüs dont les yeux n’étaient pas encore ouverts, mais qui, à la table où ils l’avaient invité, reconnurent qu’ils avaient partagé le chemin du Ressuscité :
”Dieu qui seul es saint, toi que nous admirons et adorons en célébrant la fête de tous les saints, nous implorons ta grâce.
Quand tu nous auras sanctifiés dans la plénitude de ton amour, fais-nous passer de cette table où tu nous as reçus en pèlerins, au banquet préparé dans ta maison.”
“Toi qui est vraiment saint… Toi qui es la source de toute sainteté … Toi qui donnes la vie et sanctifie toutes choses….”
“Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés. Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu et nous le sommes.” (1 Jean 3. 1)

année liturgique B