Homélie du dimanche 3 mai 2020

Dimanche 3 mai 2020
Quatrième dimanche de Pâques

Références bibliques :

Lecture des Actes des Apôtres : 2. 14 à 41 : “C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse.”
Psaume 22 : “Je ne crains aucun mal car tu es avec moi.”
Première lettre de saint Pierre : 1 Pierre 2. 20 à 25 : “ Il vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces.”
Evangile selon saint Jean : 10. 1 à 10 : “Il marche à leur tête et elles le suivent car elles connaissent sa voix.”

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De l’Evangile du Bon Pasteur, nous pouvons faire plusieurs lectures selon que nous l’éclairons par le psaume, par la lettre de saint Pierre, par les Actes des Apôtres ou par d’autres paroles du Christ. Chacune de ces lectures est en elle-même un message qui conduit à la réalité essentielle : « Je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient surabondamment. » (en grec : »périsson », qui dépasse toute mesure.) (Jean 10. 10).

– Il est la porte et « nul ne peut aller au Père si ce n’est en passant par moi. » (Jean 14. 6)
– Il est le berger dont les brebis reconnaissent la voix quand il les appelle chacune par leur nom et elles suivent ses traces (Saint Pierre).
– Il connaît les pâturages « Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre. » (Psaume)

IL EST LE CHEMIN

Si le Bon Pasteur peut conduire ses brebis hors de la bergerie, c’est-à-dire vers les pâturages, c’est que lui-même y est entré et sort avec elles. Le Christ peut nous conduire vers la Vie éternelle parce qu’il est « entré » lui-même en notre humanité et la divinise, lui-même, par sa Pâque et sa Résurrection ou, selon le beau texte de l’offertoire de la messe : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de celui qui a pris notre humanité. »

Pâques, son passage « de ce monde à son Père » (Jean 13. 1) Et il n’est pas d’autre chemin que Lui pour nous joindre à son Père. Il est le Chemin, la Vérité, la Vie.

Toutes les autres portes, toutes les autres possibilités sont des chemins d’égarement. Lui seul peut donner la Vie, sa Vie divine, en abondance, en surabondance infinie. Les religions à la mode, qui sont sans un Dieu personnel et sans le Christ, New Age, bouddhisme ou autres, ne mènent qu’à une impasse après nous avoir égarés puisqu’elles ne nous conduisent pas à Lui. Il en est de même pour les idéaux humanitaires sans-Dieu, si nobles en soient les motivations affectives. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17. 3).

Il n’est pas un prophète, fut-il le plus grand, un prophète qui nous parle de Dieu. Il est lui-même « Parole de Dieu », le Verbe » car il est Dieu fait homme en Jésus-Christ par amour pour nous conduire au Père.

« Nul ne peut aller au Père si ce n’est en passant par moi. »

Cette intransigeance n’est pas une intolérance, même si elle choque les mentalités modernes prêtes à accepter toutes les ambiguïtés, toutes les confusion, tous les compromis. Nous ne pouvons pas dire : « A chacun sa vérité », ou « Toutes les religions se valent ».

Le Christ est le seul épanouissement possible de notre vie car il est le seul à nous donner la plénitude de la Vie Divine. En le recevant, nous recevons la Vie trinitaire du Père, par le Christ dans l’Esprit.

IL EST LA VERITE

C’est Lui qui donne accès à la liberté. Il n’est pas une porte qui isole, se referme et enferme. Avec lui et à sa suite, chacun « pourra aller et venir. Il trouvera un pâturage… Il les appelle chacune par son nom et il les fait sortir. »

Il connaît chacun de nous personnellement, puisqu’il nous appelle « par son nom ». Nous sommes, chacun, unique à ses yeux et dans le cœur.

Grâce à quoi nous pouvons le reconnaître. Comme Marie de Magdala quand elle s’entendit nommer par le ressuscité dans le jardin devant le tombeau vide. Comme Zachée quand il fut appelé du haut de son arbre. Comme Simon-Pierre bouleversé par le : »Simon, m’aimes-tu » ? avant d’être appelé à sa charge pastorale : »Sois le pasteur de mes brebis. »

Nous sommes appelés par « un nom nouveau que nul ne connaît sinon celui qui le reçoit. » (Apocalypse 2. 17), un nom qui vient de l’amour, de Dieu qui est Amour. La Vérité ne jaillit pas d’une discussion dans une masse anonyme. Elle vient du don de deux êtres qui se rejoignent en personnalisant pleinement le don d’elles-mêmes. Elles reconnaissent la voix qui les unit dans un unique appel « vécu dans la justice. » (Saint Pierre 2. 24)

IL EST LA VIE

Cette surabondance que donne la vie en Christ est l’un des thèmes souvent repris par saint Jean. Le vin des noces de Cana remplit six cuves jusqu’au bord (Jean 2. 6). L’eau vive offerte à la Samaritaine jaillit éternellement pour étancher toute soif (Jean 4. 14). Le pain multiplié, qui est le Christ Pain de Vie, laisse douze corbeilles (Jean 6. 12). La pêche miraculeuse fait déborder la barque de Pierre (Jean 21. 6). Les paroles du Christ sont plénitude de paix et de joie (Jean 17. 13).

Cette surabondance de vie, lui seul peut la donner : »Selon le pouvoir sur toute chair que tu lui as donné, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés » (Jean 17. 2).

Mais cette vie ne peut être vécue individuellement, comme des brebis qui quittent leur errance. Le don de l’Esprit et la promesse qui s’accomplit par le baptême (1 Pierre 2. 25), nous agrège au troupeau du Seigneur pour « se retrouver persévérants dans l’enseignement des apôtres, la communion, la fraction du pain et la prière. »

DANS L’EGLISE

Si le Christ est celui par qui advient le salut, s’il est le lieu de passage vers le Père, il a confié cette même mission à ses apôtres. « Comme tu m’as envoyé, je les envoie dans le monde » (Jean 17. 18). Aujourd’hui l’Eglise est le lieu de passage qui donne accès au salut en Jésus-Christ. Le baptême en est l’entrée, la porte ouverte qui donne accès à la liberté du Royaume (1 Pierre 2. 24-25).

L’Eglise ne peut être une bergerie close vers laquelle il faudrait entrer pour nous mettre à l’abri du monde. Elle est la porte ouverte qui nous permet d’y entendre la voix du Christ et de le suivre quand le berger nous conduit hors de l’enclos afin de nous situer dans le monde comme fils de Dieu. Chacun de nous « pourra aller et venir et il trouvera un pâturage … pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient surabondamment. » (Jean 10. 10)

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« Que les mystères de Pâques continuent en nous ton oeuvre de rédemption. Qu’ils soient une source intarissable de joie. » (Prière sur les offrandes)

« Père tout-puissant et pasteur plein de bonté, veille sur tes enfants avec tendresse. Tu nous as sauvés par le sang de ton Fils. Ouvre-nous une demeure dans le Royaume des cieux ». (Prière de communion de ce dimanche)

année liturgique B