Voyage du Pape en Roumanie : béatification de sept évêques

Le 19 mars 2019, le pape François a autorisé la Congrégation des causes des saints à reconnaître par décret le martyre de sept évêques tués en haine de la foi en Roumanie communiste entre 1950 et 1970. Ils ont été incarcérés dans des prisons et des camps jusqu’à leur mort, causée par l’isolement, le froid, la faim, la maladie ou les travaux forcés. Durant sa visite en Roumanie, du 31 mai au 2 juin 2019, le pape François a béatifié sept évêques gréco-catholiques martyrs sous le communisme. La béatification a eu lieu le dimanche 2 juin, 2019 lors de la Divine Liturgie, sur le Champ de la Liberté à Blaj.

Les sept évêques martyrs

  • roumanieMgr Ioan Suciu, administrateur apostolique d’Alba Julia, premier évêque gréco-catholique roumain mis en arrestation par les autorités communistes en 1948 pour avoir refusé de dissoudre son Eglise au sein de l’Eglise orthodoxe. Il fut emprisonné et mourut en martyr en 1953, à la prison de Sighet. Après l’arrivée des communistes au pouvoir et l’interdiction de l’Église gréco-catholique en 1948, Mgr Suciu fit valoir l’impossibilité d’un accord avec le communisme dans ses sermons. Arrêté le 27 octobre 1948, il subit de durs interrogatoires pendant dix-sept mois. Il mourut de faim à la prison de Sighet dans la nuit du 27 juin 1953, entouré par ses confrères. Il fut enterré au cimetière des pauvres et sa tombe n’a jamais pu être identifiée.[2]
  • Mgr Iuliu Hossu, évêque de Cluj, mort en exil au monastère orthodoxe de Caldarusani, le 28 mai 1970. Mgr Iuliu Hossu a été nommé cardinal par le pape Paul VI en 1969, alors qu’il était en prison depuis presque 30 ans. Le pouvoir communiste l’ayant informé qu’il ne pourrait pas revenir en Roumanie s’il se rendait à Rome pour être cardinal, Mgr Hossu décide de ne pas quitter son pays. Il fût donc créé cardinal in pectore (dans le cœur du pape) et resta en prison.
  • Mgr Valeriu-Traian Frentiu, évêque d’Oradea mare, mort à la prison de Sighet le 11 juillet 1952.
  • Mgr Alexandru Rusu, mort à la prison de Gherla le 9 mai 1963.
  • Mgr Vasile Aftenie, évêque auxiliaire d’Alba Julia et Fagaras, mort au Ministère de l’intérieur le 10 mai 1950.
  • Mgr Ioan Balan, évêque de Lugoj, mort en exil au monastère orthodoxe de Ciorogârla, le 4 août 1959.
  • Mgr Tit-Liviu Chinezu, ordonné évêque en prison et mort à la prison de Sighet le 15 janvier 1955.

Hommage de l’Eglise catholique

Mgr Ioan Ploscaru, un des évêques gréco-catholiques emprisonnés, a écrit son témoignage dans le livre Chaîne et terreur, paru aux éditions Salvator. Arrêté en 1950, il purgea quinze ans de prison après avoir été clandestinement ordonné évêque par le nonce apostolique. Il est mort en 1998. A travers son exemple, il décrit le contexte dans lequel les évêques ont été emprisonnés, les épreuves par lesquelles ils sont passés et la force qu’il leur a fallu pour persévérer et garder la foi.

  • L’interdiction de l’Église gréco-catholique permettait d’unifier la vie religieuse sous l’Eglise orthodoxe pour l’instrumentaliser et la contrôler. Le grief essentiel qui motivait les menaces et exécutions des évêques et des prêtres gréco-catholiques était leur lien avec le Pape, qui était le signe de leur liberté spirituelle.
  • Mgr Ploscaru lutte contre la destruction physique et morale exercée sur lui par le régime totalitaire qui l’enferme. « Soit seul, soit par moment avec les autres évêques ou prêtres, il reconstitue des journées de prière et de réflexion théologique comme dans un monastère, ainsi il se reconstruit en contrepoint de la destruction mentale et physique dont il est victime. »
  • « Les prêtres et les évêques de l’Église gréco-catholique ont considéré cette période comme la plus précieuse de leur existence. C’est une grâce de pouvoir offrir à Dieu sessouffrances et le témoignage de sa foi, même au prix de sa vie. »
  • L’Eglise n’avait plus d’évêques ; les vicaires généraux les ont remplacés. Le nonce apostolique de Bucarest a reçu l’ordre du pape Pie XII de consacrer en secret d’autres évêques : Ioan Ploscaru le 30 novembre 1948, fut un de ceux-là.
  • L’Eglise roumaine unie gréco-catholique a été interdite en 1948, « condamnée à mort », et totalement annihilée et ensevelie. « Mais quarante et un ans plus tard, cette Eglise est ressuscitée. Voilà une preuve que l’Église du Christ ne peut être vaincue. »

    En 1952, dans sa lettre apostolique Veritatem facientes, le pape Pie XII rend hommage à ce peuple de l’Est qui n’a pas renié sa foi : « Vous renouvelez la beauté de l’Église primitive […] On souhaite embrasser les chaînes de ceux qui, du fond de leur prison, ne s’acharnent pas contre l’injustice qui leur a été faite mais souffrent d’une douleur indicible en voyant les assauts contre la foi et prient pour le salut éternel de leur peuple. »

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