A Rome, les séminaristes annoncent la miséricorde en chantant

Une quarantaine de jeunes du Séminaire Pontifical Français de Rome ont participé pendant des mois à une initiative audacieuse et exigeante. Le résultat est un CD mis en vente le 16 septembre dernier. « Misericordia in aeternum » est un opus a capella aux styles musicaux variés, sur le thème de la miséricorde. Par Romilda Ferrauto.

« Notre objectif principal est de rendre service à l’Eglise de France », explique Gabriel Rougevin-Baville, responsable logistique et technique du projet. A la mi-octobre, le producteur Jade comptabilisait déjà un millier de commandes, auxquelles s’ajoute le réseau de distribution des séminaristes eux-mêmes, à Rome, soit une commande de quelque 2500 CD qui est en train de partir semaine après semaine.  « Un début plutôt encourageant pour un CD dans le milieu catho », commente Godefroy de Sevin, chef de chœur. Séminaristes en 2ème année de théologie, Godefroy et Gabriel sont tous deux originaires du diocèse de Versailles.

Le Jubilé de la Miséricorde a été le terreau dans lequel ce projet s’est bâti. « Le pape François nous a invités à être créatifs, à inventer de nouvelles manières d’annoncer et de témoigner la Miséricorde », explique Gabriel. « Le fil conducteur part de la prise de conscience par l’homme de son péché, du mal qui l’entoure et de son besoin de miséricorde, de son besoin d’être sauvé », un besoin qui n’est pas propre à une période particulière, avec ses côtés sombres et inquiétants comme celle que nous vivons actuellement. C’est un besoin « lié à l’histoire du salut », qui ne s’arrêtera pas avec la fin de l’Année jubilaire, le 20 novembre prochain.

Un support à la prière pour ceux qui l’écouteront

« Il y a quelque chose de saisissant quand on entend un chœur d’hommes, nombreux et jeunes, qui chantent à gorge déployée ». Godefroy s’est investi à fond dans cette initiative. Il espère que l’écoute de ce CD aidera les gens à prier, à développer leur vie intérieure. Il espère aussi que cette initiative permettra à certains de découvrir l’existence méconnue d’un séminaire français à Rome. « Un séminaire à Rome, ça a une touche particulière ! », lance-t-il avec fierté. La proximité avec le Saint-Père, la diversité des nationalités, l’Eglise du monde entier qui se retrouve… cela, reconnaît-il, « peut favoriser ou alimenter un discernement vocationnel ».

Mais ce n’est pas tout. Godefroy en profite aussi pour mettre l’accent sur l’importance décisive du chant dans la liturgie. « Il faut, dit-il, qu’on réapprenne à chanter généreusement, à investir jusqu’à ses muscles, pour sortir son souffle. C’est quelque chose de beaucoup plus incarné, de plus convaincant et convaincu ». Godefroy hésite à peine un peu avant d’ajouter : « Depuis qu’on a des micros, on n’a plus de voix en liturgie… on susurre dans un micro…cela crée une ambiance très intime mais qui ne rend pas compte du caractère beaucoup plus ample de la liturgie ».

Le pape François a reçu le CD à l’audience générale du 28 septembre. Godefroy et Gabriel ne savent pas s’il a eu le temps de l’écouter, mais le Saint-Père a eu la délicatesse de prendre du temps avec eux au moment de la photo traditionnelle. Il semblait content qu’un tel projet ait pu voir le jour.

Romilda Ferrauto est journaliste accréditée auprès du Saint-Siège