Jean-Marie de La Mennais: une famille au service de l’éducation

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Au début du XIXe siècle, le Père Jean-Marie de La Mennais crée deux congrégations religieuses dont les Frères de l’instruction chrétienne. Elles ont essaimé sur les cinq continents avec le souci de la formation intellectuelle et spirituelle des jeunes générations, et une attention aux plus pauvres.
« Tout sort de l’éducation », aimait à souligner le Père Jean-Marie de La Mennais. Lorsqu’il s’associe avec le vicaire général du diocèse de Vannes, le Père Gabriel Deshayes, le vicaire capitulaire de Saint-Brieuc est « animé du désir de procurer aux enfants du peuple (…) des maîtres solidement pieux ». Ce 6 juin 1819, les deux hommes signent un traité d’union qui donne naissance à l’œuvre des Frères de l’instruction chrétienne. « Notre fondateur (le P. Gabriel Deshayes quitte rapidement la congrégation, Ndlr.) a perçu l’urgence et la nécessité de créer des écoles à une période où elle n’était plus présente en Bretagne, indique le Frère Jean-Paul Peuzé, provincial des Frères pour la France, l’Angleterre, l’Italie, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Togo et la Polynésie Française. Comme il y a une unité entre notre vie religieuse et notre engagement, l’intuition fondamentale de notre fondateur a été de lier dans un même acte l’instruction, l’éducation et l’évangélisation. » L’année précédente, le P. Jean-Marie de La Mennais avait déjà créé les Filles de la Providence à Saint-Brieuc, une congrégation de religieuses veillant à l’éducation des jeunes filles pauvres errant dans les rues. Elles s’établiront dans huit pays (France, Angleterre, Canada, Bolivie, Côte d’Ivoire, Burundi, Espagne Ouganda).

Au fil des siècles, les deux congrégations grandissent, essaiment, et accompagnent la société et son évolution. En tout, près de 700 sœurs et 5000 frères – Ils sont aujourd’hui 78 sœurs (France, Canada, Angleterre) et 900 frères- s’attacheront à perpétuer l’intuition de Jean-Marie de la Mennais. Ils exercent leur tâche au sein d’établissements d’enseignements généraux et professionnels (maternelle à l’enseignement supérieur), de centres universitaires, socio-éducatifs, de vacances, etc. Depuis quelques années, la mission est davantage portée par les laïcs faisant ainsi « émerger la famille mennaisienne ». Le travail d’éducation auprès des jeunes se poursuit sans que le fondement de la mission en soit changé. Les Frères touchent ainsi 33 000 jeunes en France via 70 établissements scolaires. En France comme à l’international, des chantiers réalisés ou en cours témoignent aussi de la vitalité du projet mennaisien : deux écoles prises en charge par les frères en Tanzanie, de nouvelles formations en France et en Ouganda, l’accueil de jeunes handicapés en Espagne, des formations pour les jeunes sans emploi en Indonésie, etc. Au Soudan, la fondation d’une communauté est aussi en préparation. Ces projets poursuivent partout dans le monde l’ambition appelée de ses vœux par Jean-Marie de La Mennais: « L’instruction n’est que la moitié de votre tâche. Nous avons à former l’homme entier, à le former pour lui-même, pour son propre bonheur, pour sa famille, pour la société, pour la terre et pour l’éternité. »
 

De 1819 à 2010, une présence à travers le monde

La Congrégation des Frères de l’instruction chrétienne se développe rapidement et dès la fin du 19e siècle s’implante sur d’autres territoires : Canada (1886), Haïti (1864), Tahiti (1860), Marquises (1863), Sénégal (1841). A la mort du P. Jean-Marie de La Mennais en 1860, on recense 298 écoles fondées par les Frères de l’instruction chrétienne en Bretagne, Pays de Loire et Manche, et une cinquantaine dans les missions extérieures. La congrégation comptait alors 852 frères. Sous la IIIe République, la congrégation est mise en difficulté par la laïcisation de la société. En 1903, elle est interdite en France et spoliée de ses biens. De nombreux frères sont chassés, partent ou rejoignent l’Espagne ou l’Italie. La congrégation essaime en Bulgarie, en Turquie, en Égypte, s’installe aussi aux États-Unis (1903), en Angleterre (1903). La situation se calme en France après la première Guerre mondiale et ce jusqu’au Concile Vatican II. La suite est marquée par une ouverture missionnaire très importante : Rwanda (1968), Congo RD (1969), Côte d’ivoire (1981), Togo (1982). Les dernières installations en date sont la Bolivie (1993), les Philippines (1987) et l’Indonésie (2000). Depuis 1819, un millier d’écoles et de lieux éducatifs ont été fondés dans une trentaine de pays.

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