L’Église catholique en Angola

La dynamique de paix portée par l’Église en Angola

L’Église catholique d’Angola s’est donnée, deux tâches essentielles : reconstruire et réconcilier.

L’Angola a connu une longue guerre civile de 27 ans (1975-2002) qui a fait un demi-million de morts et entraîné le déplacement de quatre millions de personnes.
Tout au long des années de guerre l’Église s’est inlassablement manifestée pour condamner la guerre fratricide et indiquer en même temps les chemins pour la paix.
Les lettres pastorales et autres prises de paroles des évêques de la CEAST (Conférence épiscopale d’Angola et de Sao Tomé) sont des textes qui, attirent l’attention des gouvernements, des différentes parties en conflit et de la communauté internationale, sur l’ensemble des valeurs et des conditions qui peuvent rendre la paix possible.
Bien souvent ces lettres pastorales étaient lues le dimanche à la messe sur toute l’étendue du pays. Cela donnait une force et un retentissement considérables à cette parole.
Des textes ont été publiés, pour en prolonger et en approfondir l’effet, comme par exemple, « le Catéchisme de la Paix et de la Réconciliation » publié par la Commission épiscopale d’Évangélisation et de Catéchèse.

Au long de ces années, ils se sont faits les porte-parole du peuple qui n’avait pas les moyens de s’exprimer mais qui dans son immense majorité subissait une guerre qu’il ne voulait pas.
Voix qui condamnait toute forme de violence pour régler le conflit.
Voix qui proposait surtout des chemins pour sortir de l’impasse.

« Fermes dans l’Espérance », message paru en 1986, et tous ceux qui ont suivi, ont parlé de dialogue, de concertation, de tolérance, de reconnaissance des valeurs des autres, de réconciliation.
Les évêques ont exigé un État de droit, la liberté de parole, en un mot, le respect des droits de l’homme et la reconnaissance de la dignité humaine.
Les titres des documents sont éloquents : « Sur la réconciliation » (1984), « Sur la paix », « Sur la réconciliation nationale »…
L’Église a encore institué la Journée Nationale de la réconciliation qui est célébrée chaque année le 4ème dimanche de Carême.
 

Liberté sous condition

Le pays compte un peu plus de 50 % de catholiques, 15 à 25 % de protestants, surtout kimbanguistes ou d’Églises africaines, et un quart d’animistes.
Avec 83 confessions religieuses reconnues et 700 autres en attente de reconnaissance, l’Angola semble un paradis de coexistence entre croyances depuis l’adoption d’une loi en 2004.

L’époque de l’athéisme militant du MP LA, des assassinats ciblés de prêtres angolais ou étrangers et des cours d’endoctrinement obligatoires à l’heure des messes appartient à un passé révolu.

La Constitution angolaise reconnaît le droit inaliénable à la liberté religieuse.
Pourtant, un rapport de la Commission indépendante des droits de l’homme des Nations Unies, publié fin 2007, révèle une réalité plus contrastée. Des inquiétudes ont été exprimées concernant la sorcellerie : des enfants sont accusés par leurs familles d’être des sorcières (le 22 décembre 2008, la ministre de la Culture, Rosa Cruz e Silva, s’est alarmée de l’ampleur de ce phénomène). Peu après cette visite, en janvier 2008, le Parlement angolais a légiféré contre « la prolifération des sectes dans le pays »…

(AED, L’Église dans le monde, février 2009)
 

Les efforts pour une réconciliation après la guerre

A côté de l’effort officiel et relayé par les médias, il y a une foule d’initiatives qui ne font pas la une des journaux mais qui tissent jour après jour les conditions qui rendent la réconciliation possible.
L’Église a entreprit un grand travail d’éducation et de formation.
En ce sens, un petit livre plusieurs fois réédité, est à signaler : « Le Citoyen et la Politique ». Il est l’œuvre d’un groupe de professeurs de l’Institut des Sciences Religieuses d’Angola.

Il y a aussi toutes les rencontres informelles, petites gestes qui passent d’abord inaperçus et qui finissent par rapprocher les gens.

Citons l’expérience du Père Benedicto Sanchez, spiritain espagnol qui travaille à Malanje. Il se déplaçait à pied et s’attardait à saluer et discuter avec les gens, que ce soit les soldats, les officiers mais aussi le simple citoyen. Petit à petit par cette relation de proximité, le Père Benedicto devint une référence. Lebouche à oreille aidant, on venait lui demander conseil dans des situations de conflits, de difficultés. Écouter, laisser parler, être un lien non seulement avec les gens du dehors mais aussi avec ceux retenus dans les prisons ou sur les lits d’hôpitaux.
De cette initiative au départ spontanée est née une démarche plus structurée.
Le Père alla voir un commandant de caserne pour lui proposer de parler de la réconciliation : l’idée de « conférence » était née dont le thème portait sur la spiritualité de la réconciliation et du pardon en ce temps d’après guerre. Le dialogue et le pardon : deux chemins pour vivre la réconciliation. Ces « conférences eurent un tel succès qu’elles se répandirent sur tout le territoire (voir « Sur la Réconciliation en Angola » du P. Bernard Ducrot, cssp, tiré de Omnis terra n°428, janvier 2007).

Dans le domaine social, il est à noter le rôle essentiel que joue l’Église notamment auprès des enfants orphelins (750 000) de guerre ou handicapés (90 000). On estime que plus de 100 000 enfants vivent loin de leur famille, et nombreux d’entre eux sont devenus enfants des rues.
L’Église a mis en place des maisons d’accueil pour les enfants mineurs (voir L’Église en détresse dans le monde, Faits et témoignages, n°124, octobre-novembre-décembre 2004).

En 2008, l’Église catholique en Angola a poursuivi l’implantation de nouveaux postes de santé dans des localités lointaines, pour n’en citer qu’un, les franciscaines missionnaires de Marie ont monté un hôpital spécialisé dans la maladie du sommeil à quarante kilomètres de Luanda.

L’Église a continué de mener des programmes d’alphabétisation, de construction d’écoles qui ont permis l’insertion des enfants dans le système scolaire.

L’Église angolaise s’attend cette année, avec la visite du pape Benoît XVI, du 20 au 23 mars prochain, à ce que la foi des croyants soit fortifiée et confirmée dans la nécessité de contribuer au bien-être de tous.
 

L’épiscopat de l’Angola
(mars 2009)
L’Angola est constituée de 18 diocèses :

Luanda (Archidiocèse) : Damião António Franklin
Cabinda (Diocèse) : Filomeno do Nascimento Vieira Dias
Caxito (Diocèse) : António Francisco Jaca, S.V.D.
Dundo (Diocèse) : José Manuel Imbamba
Malanje (Diocèse) : Luis María Pérez de Onraita Aguirre
Mbanza Kongo (Diocèse) : Vicente Carlos Kiaziku, O.F.M. Cap.
Ndalatando (Diocèse) : Almeida Kanda
Saurimo (Diocèse) : vacant
Sumbe (Diocèse) : Benedito Roberto, C.S.Sp.
Uije (Diocèse) : Emílio Sumbelelo
Viana (Diocèse) : Joaquim Ferreira Lopes, O.F.M. Cap.
Huambo (Archidiocèse) : José de Queirós Alves, C.SS.R. (né au Portugal)
Benguela (Diocèse) : Eugenio Dal Corso, P.S.D.P. (né en Italie)
Kwito-Bié (Diocèse) : José Nambi
Lwena (Diocèse) : Jesús Tirso Blanco, S.D.B. (né en Argentine)
Lubango (Archidiocèse) : Zacarias Kamwenho
Menongue (Diocèse) : Mário Lucunde
Ondjiva (Diocèse) : Fernando Guimarães Kevanu
Le nonce est Mgr Giovanni Angelo Becciu.