Quatrième congrégation de la seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique
« Partant des dégâts causés par les guerres et les violences dans l’est de notre pays…nous estimons que la réconciliation ne pourrait plus se limiter uniquement à l’harmonisation des relations interpersonnelles. Elle doit inéluctablement prendre en considération les causes profondes de la crise des relations qui se situent au niveau des intérêts et des ressources naturelles du pays à exploiter et à gérer dans la transparence et l’équité au profit de tous… Pendant que nous parlons ici, les agents pastoraux dans notre diocèse sont inquiétés par les ennemis de la paix. Une des paroisses a été incendiée le 2 octobre, les prêtres ont été molestés, d’autres pris en otage par des hommes en uniforme qui ont exigé une importante rançon que nous avons été forcé de payer pour épargner la vie de nos prêtres qu’ils menaçaient de massacrer. Par ces gestes, c’est l’Eglise, restée l’unique soutien pour un peuple terrorisé, humilié, exploité, dominé que l’on voudrait réduire au silence ».
Le Cardinal Walter Kasper, Président du Conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens:
« Alors que l’Eglise d’Afrique connaissait, grâce à Dieu, une croissance rapide, la fragmentation des chrétiens augmentait malheureusement d’autant… Mais il se crée aujourd’hui de nombreuses et nouvelles divisions en Afrique. Que l’on pense aux communautés charismatiques et pentecôtistes récentes, aux soi-disant Eglises indépendantes et aux sectes. Leur diffusion et leur vitalité sur le continent africain se perçoit dans l’augmentation du nombre des membres de l’institution officielle OAIC (Eglises indépendantes africaines), basée à Nairobi… Un dialogue sérieux avec ces groupes est difficile voire impossible dans de nombreux cas, du fait de leur comportement agressif et, c’est le moins qu’on puisse dire, de leur faible niveau théologique. Nous devons affronter ce grave défi en étant auto-critiques. Il ne suffit pas de dire ce qui ne va pas avec eux, et nous devons nous demander ce qui ne va pas ou ce qui manque dans notre propre travail pastoral. Pourquoi tant de chrétiens quittent-ils notre Eglise? Qu’est-ce qui leur manque chez nous qu’ils trouvent ailleurs? ».
Mgr. Martin Munyanyi, Evêque de Gweru (Zimbabwe):
« Le Zimbabwe a enduré des expériences socio-politiques inhumaines, qui remontent aussi bien à la période pré-coloniale et coloniale, qu’à l’époque post-coloniale, dont on doit s’occuper prioritairement. Ce serait une erreur, parce que nous sommes en quête d’une réconciliation permanente, que de simplement demander aux gens d’oublier le passé. Il faut une réconciliation aussi bien au niveau national qu’au niveau de l’Eglise, car nous voyons que la tension couve au sein de certaines de nos paroisses en raison de différences ethniques et linguistiques. En Afrique, lorsque nous parlons de justice, nous nous référons certainement aux parties concernées, y compris à leurs familles. Les communautés ont besoin de s’asseoir ensemble et de discuter de leurs problèmes sous un arbre à palabres. Et il faudrait réussir à établir une justice qui punisse et répare les torts subis avant la mort de chaque partie. Les problèmes de justice au sein de l’Eglise sont évidents et consistent à ne pas payer assez nos employés, à ne pas leur verser de salaire juste, et dans le mauvais emploi des ressources de l’Eglise par les prêtres au détriment des communautés. Les pratiques de certaines Eglises tendent à avoir des préjugés sur les enfants de sexe féminin. Par exemple, les filles sont punies quand les garçons ne le sont pas. En tant qu’Eglise locale, nous avons mis en place des structures telles que la Commission Justice et Paix afin d’aborder les aspects historiques négatifs de notre expérience ».
Mgr. Armando Umberto Gianni, OFM.Cap., Evêque de Bouar et Président de la Conférence épiscopale centrafricaine:
« Les évêques ont la délicate mission d’aider les prêtres qui ont de graves problèmes à retrouver le chemin de la vérité. Nous attendons du Synode une parole claire et convaincante à ce sujet. Ensuite, l’enjeu le plus important est la façon d’aider les prêtres à former de vraies familles sacerdotales. On ressent le besoin de disposer d’un directoire sur la vie sacerdotale ». Malgré une longue crise nationales, « l’Eglise est demeurée présente partout, même dans les zones dites rouges, c’est-à-dire non-sûres, elle a continué à être active dans les écoles, dans le domaine de la santé et à être proche des personnes déplacées et handicapées. Je tiens à saluer la disponibilité dont fait preuve le personnel des missions dans son difficile service de médiation entre forces gouvernementales et les rebelles, parfois même avec les bandits… La voix de l’Eglise est écoutée et recherchée là où elle est crédible ».
Mgr. Giovanni Innocenzo Martinelli, OFM, Vicaire apostolique de Tripoli (Libye):
« Nous savons que dans le continent africain il y a plus de dix millions de personnes déplacées, des migrants qui cherche une patrie, une terre de paix. Cet exode montre un visage d’injustice et de crise socio-politique de l’Afrique. On en Libye la tragédie de ce phénomène, de ces personnes qui arrivent ici avant d’être rejetées d’Europe.Des milliers d’immigrés entrent en Libye chaque année, provenant d’Afrique subsaharienne. La plupart d’entre elles se sauvent de la guerre et de la pauvreté de leur propre pays et viennent en Libye où elles cherchent un travail pour aider leurs familles ou bien le moyen de passer en Europe dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure et plus sûre… L’émigration est pour beaucoup une tragédie surtout parce qu’ils sont objets des trafics, de l’exploitation (femmes en particulier) et du mépris des droits des hommes. Mais nous remercions le Seigneur pour leur témoignage chrétien. C’est une communauté qui souffre, qui cherche, une communauté précaire, mais pleine de joie dans l’expression de la foi! Et qui, dans un contexte social et religieux de type musulman rend l’Eglise crédible, et réel le dialogue de la vie avec beaucoup de musulmans ».
Mgr. José Nambi, Evêque de Kwito-Bié (Angola):
« En Angola,…on constate le manque d’une véritable éducation civique, ce qui favorise les manipulations. Tout ceci, uni à l’analphabétisme en milieu rural, rend la situation très précaire. La conscience critique des personnes est faible. Certains considèrent comme vrai tout ce qui est dit par les moyens de communication sociale. C’est pourquoi, on estime nécessaire de promouvoir l’éducation civique des citoyens et de renforcer leur conscience critique. Cela signifie également promouvoir la défense de la liberté d’expression et d’opinion comme apanage de la démocratie et espace de développement. Les laïcs qui militent dans les différentes institutions civiles, dans les partis politiques et au Parlement sont appelés à rendre un véritable témoignage à la réconciliation, à la justice et à la paix. C’est pourquoi nous considérons comme fondamental le fait de continuer à parier sur leur formation à tous les niveaux ».
Extrait du VIS du 7 octobre 2009