Cinquième congrégation de la seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique
« La Religion traditionnelle africaine (RTA) exerce encore une forte influence sur les Africains qui sont naturellement religieux… Les missionnaires chrétiens n’ont pas fait découvrir Dieu aux Africains – ils en avaient déjà une idée – ils leur ont apporté Jésus Christ, Dieu qui a un visage humain! L’islam est en constante progression grâce à trois moyens : les confréries, les écoles coraniques et les mosquées. Il est généralement tolérant, sauf quelques situations bien connues (Nigeria). L’activité des sectes, par la simplicité de leurs croyances, séduit beaucoup d’Africains en proie à la précarité… Il conviendrait que l’Assemblée synodale encourage l’étude de la RTA, invite à un plus grand soin pastoral envers ceux qui vivent dans le contexte de la RTA et suggère ce que l’on peut faire ensemble en vue du bien commun… Le développement des sectes peut être aussi une invitation aux pasteurs à soigner davantage la transmission du contenu de la foi dans le contexte culturel africain…: en quoi l’Evangile a-t il quelque chose de nouveau à dire aux Africains ? ».
Mgr.Tarcisius Gervazio Ziyaye, Archevêque de Blantayre et Président de la Conférence épiscopale du Malawi:
« En tant qu’Eglise en Afrique…, nous faisons face à la demande d’une catéchèse plus mûre assurant la promotion d’une véritable identité chrétienne et d’une profonde conversion des cœurs. Il est décourageant qu’en Afrique, aujourd’hui, des catholiques puissent participer à des affrontements politiques et ethniques, que des hommes politiques catholiques puissent être impliqués dans de graves cas de corruption concernant les ressources publiques et que certains de nos catholiques recourent aux pratiques occultes durant les périodes de difficultés. Tout cela nous dit que nous avons encore beaucoup de chemin à faire afin de promouvoir une foi qui transforme le cœur et une foi qui fasse justice. Il existe un besoin de formation plus sérieuse concernant la Doctrine sociale de l’Eglise à tous les niveaux de l’Eglise en Afrique, ainsi qu’une plus profonde application d’une inculturation de notre théologie et non seulement de nos rites ».
Mgr.Ambroise Ouedraogo, Evêque de Maradi (Niger):
« Au Niger, l’Islam est présente de façon massive et colore toutes les activités de la vie sociale, culturelle, économique et politique. Les mosquées et les medersa sont omniprésentes. Nous assistons aussi à la création d’orphelinats, de centres médicaux et de bureaux de solidarité. Certains nouveaux mouvements réformistes islamistes alimentent les radios et les télévisions privées d’émissions religieuses dans le but de former les croyants musulmans à mieux vivre et pratiquer la religion musulmane. Vivant au cœur de ce contexte socioculturel et religieux, l’Eglise famille de Dieu qui est au Niger, consciente de sa situation de minorité, s’efforce de vivre et de témoigner de l’amour de Dieu pour être au service de la réconciliation, de la justice et de la paix. L’Eglise de Dieu, qui est au Niger, fait du dialogue islamo-chrétien une priorité pastorale dans sa mission d’évangélisation. Sans prétendre réaliser des actions extraordinaires ou mener des initiatives éclatantes, les communautés chrétiennes, soutenues et encouragées par leurs pasteurs, s’efforcent de rechercher et de vivre une fraternité universelle dans un esprit de gratuité avec leurs frères et sœurs musulmans, à travers le dialogue de vie, l’écoute et le respect de l’autre et les échanges de bons procédés lors des événements marquants de la vie humaine. »
Mgr.Maurice Piat, CSSP, Evêque de Port-Louis (Ile Maurice):
« Je voudrais attirer l’attention sur les besoins des parents. Démunis face à la violence qui s’abat sur leurs familles, ou chahutés par la modernité qui bouleverse les courroies traditionnelles de transmission des valeurs, ils ont besoin d’être soutenus. Quand la guerre déchire les familles, les parents peuvent se demander quel sens il reste encore à leur vie, et quelles valeurs ils pourraient encore transmettre à leurs enfants… Les parents victimes de la violence ont besoin aussi d’être accompagnés sur le chemin de leur guérison, qui passe nécessairement par la porte étroite de la non violence, qui seule peut leur redonner un goût de vivre, et les rendre capables de transmettre à leurs enfants une raison de vivre… Quand à travers les communautés ecclésiales vivantes, les parents retrouvent le goût de transmettre, et sont mis en contact avec la Parole de Dieu, ils découvrent, à partir de leurs épreuves, une proximité inattendue avec les souffrances du Christ qui les encourage et redonne sens à leurs vies. Accompagner les familles sur ce chemin pascal semble essentiel aujourd’hui pour que l’Eglise, Famille de Dieu, répande le sel de l’Evangile en terre africaine ».
Mgr.Fulgence Muteba Mugalu, Evêque de Kilwa-Kasenga (RDC):
« Les moyens de communications sociales doivent être réellement mis au service de l’évangélisation et eux mêmes évangélisés. Il est souhaitable, à cet égard, que nos structures ecclésiales et nos institutions ecclésiastiques disposent, dans la mesure de leurs ressources matérielles disponibles, de leurs moyens propres de communications (radios, journal, bulletin d’informations, site Internet, télévision, téléphone, etc) et les utilisent réellement… Les évêques, les prêtres et les séminaristes, doivent s’initier à l’utilisation de nouvelles technologies de la communication et de l’information en pastorale, particulièrement dans la pastorale de la justice, de la paix et de la réconciliation. Nos populations doivent, elles aussi, être formées à l’usage des outils médiatiques avec discernement et esprit critique, à la lumière des principes éthiques et des droits humains ».
Mgr.George Nkuo, Evêque de Kumbo (Cameroun):
« En plus de l’avidité, la corruption et le manque de confiance dans nos responsables politiques, l’un des plus graves obstacles à la justice, à la paix et à la réconciliation en Afrique est la pauvreté. Il y a également la faim dans de nombreuses régions du continent. Il y a des personnes avides en Afrique, y compris nos responsables qui ne se soucient pas de leurs frères et sœurs. La pauvreté signifie que les besoins primaires en matière de nourriture, de boisson et de logement ne sont pas satisfaits. La pauvreté signifie que la sécurité n’existe pas dans la communauté et que les moyens de soigner nos familles ne sont pas disponibles. La pauvreté signifie que nos enfants n’auront pas d’avenir et resteront sans espoir d’avoir une famille et des ressources. La pauvreté signifie que la tristesse et la peur ont remplacé la joie et la sérénité. Telle est la pauvreté qui est présente dans de nombreuses régions d’Afrique. La pauvreté est la cause la plus importante de la faim… Si la pauvreté existe en Afrique, celle ci a presque tout pour être le continent le plus riche de la terre…. La vérité est qu’il n’existe pas de solutions immédiates permettant de résoudre la pauvreté à grande échelle, mais il faut commencer quelque part ».