Dixième congrégation de la seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique

La dixième Congrégation générale du Synode africain s’est déroulée le 12 octobre 2009 sous la présidence du Cardinal Wilfrid Fox Napier, OFM, et en présence de 211 Pères synodaux.
 

Voici quelques extraits des interventions synodales:

Mgr.Almachius Vincent Rweyongeza, Evêque de Kayanga (Tanzanie):
« Les mariages mixtes ont été une source de vives incompréhensions entre les prêtres catholiques et les pasteurs des différentes communautés chrétiennes. Outre le problème persistant du manque de connaissance des obligations du partenaire catholique, des débats à propos du lieu où le sacrement doit être célébré, créent des ébauches de division à l’égard de la pratique de la foi de l’autre. Dans la plupart de ces mariages, les parents demeurent divisés sur la foi dans laquelle les enfants doivent être baptisés et élevés. Mais il existe une tendance croissante selon laquelle les parents, dans la plupart des mariages mixtes, manquent d’une tradition commune pour transmettre les valeurs chrétiennes… Il est grand temps que la position de l’Eglise sur la célébration des mariages mixtes soit revue et que la catéchèse sur les mariages mixtes soit recentrée. A moins que des pas audacieux ne soient entrepris pour sauvegarder la famille, les efforts pour promouvoir la réconciliation, la justice et la paix demeureront insuffisants ».

Mgr.Telesphore George Mpundu, Archevêque de Lusaka (Zambie):

Dans mon pays, « les femmes sont trop souvent victimes d’abus, de violences domestiques conduisant parfois à la mort, de discriminations culturelles ou de pratiques coutumières et de lois qui manquent clairement d’objectivité à leur encontre. Nous, évêques, devons parler plus clairement et avec insistance en défense de la dignité des femmes à la lumière de l’Ecriture et de la Doctrine sociale de l’Eglise… Pour promouvoir le respect des femmes et leur intégration dans les structures ecclésiales de responsabilité, de prise de décision et de planification, nous invitons le Synode à recommander à tous les diocèses d’établir ou de consolider un apostolat de la famille et des bureaux pour les affaires féminines, les rendant pleinement opérationnels et pleinement efficaces ».

Mgr.Gabriel Leke Abegunrin, Evêque d’Osogbo (Nigeria):

« Un des plus grands défis qui devrait concerner ce synode est le sort d’un nombre considérable d’immigrants africains présents dans tous les pays occidentaux. Depuis le début de la crise économique, beaucoup de ces pays ont mis en place des lois et des structures de défense afin de renforcer leurs économies. Malheureusement parmi ces méthodes, des lois ont été faites qui en arrivent presque jusqu’à nier même les droits de l’homme des immigrants, spécialement ceux de l’Afrique. En Italie, tout particulièrement, une immigration non réglementée a été rendue illégale et l’assistance aux immigrants de la part d’organisations caritatives de bénévoles a été restreinte… En Afrique, du nord au sud, de l’est à l’ouest, nos jeunes constituent notre force majeure et sont en même temps les premières victimes de la violence ethnique, du génocide, des bandes armées, de la criminalité, du trafic de personnes, de la corruption et de la mauvaise gouvernance. Face à tout ceci, la voix prophétique de l’Eglise doit se faire entendre sans ambiguïté ».

Mgr.Joseph Effiong Ekuwem, Evêque d’Uyo (Nigeria):
« L’Apôtre Paul nous rappelle le devoir que nous avons de lutter contre les forces du mal et de résister à leurs tentations… Reconnaissant cela, l’Eglise…ne prévoyait pas que le rite d’exorcisme. Elle donnait leur place aux exorcistes. Cela semble être tombé en désuétude au cours des ces dernières décennies. Je suggère donc qu’une authentique catéchèse profondément biblique et théologique soit fournie et si possible offerte comme cours dans nos facultés de théologie. Une version plus simple devrait également être enseignée aux fidèles. Je suggère qu’un nouveau rituel fondé sur l’ancien rite d’exorcisme soit mis en place à l’usage des prêtres, et
qu’on puisse nommer, en accord avec le code, un exorciste pour chaque Eglise particulière. Nous devons à notre peuple, sur la base de notre enseignement, de lui enseigner et de le sauver des griffes des fausses croyances et des terribles pratiques occultes telles que la sorcellerie ».

Mgr.Denis Kiwanuka Lote, Archevêque de Tororo (Ouganda):
Dans certaines régions « du monde, le changement climatique serait causé par le surpâturage ou la non élimination de déchets et par les déchets industriels. Le résultat de tout cela est la désertification, le tarissement des sources, la contamination des eaux et les maladies… La nature a des lois qui doivent être respectée… La protection de l’environnement est devenue un problème global méritant l’attention de tous. Tout comme la pandémie du Sida n’infecte pas seulement certaines personnes, mais chacun de nous, de même le réchauffement global infecte et affecte tout le monde. Pour cette raison, l’Eglise en Afrique devrait, par le biais de ce Synode, affronter sérieusement le thème du changement climatique comme une obligation morale pour tous. Ce Synode devrait trouver des moyens de réconciliation entre la terre-victime et l’homme-coupable ».

Soeur Jacqueline Manyi Atabong, Assistante de la Supérieure générale des Soeurs de Ste. Thérèse de l’Enfant-Jésus (Cameroun) et Coordinatrice pour l’Afrique de la Commission internationale catholique pour la pastoral carcérale:

« Nous savons que nombre de nos prisons sont des cachots, surpeuplés par des pauvres et des personnes défavorisées. Nos prisons sont structurellement inadaptées et mettent en œuvre des pratiques déshumanisantes, violentes, répressives qui peuvent parfois causer la mort. Les droits des prisonniers ne sont pas respectés et la réinsertion des ex-prisonniers relève du défi. Nous savons que, dans de nombreux diocèses, l’apostolat des prisons est presque inexistant, mal organisé et dispose de peu ou prou de personnel formé, qui reçoit lui-même peu ou prou de soutien des autorités ecclésiastiques ou de l’Etat. L’Eglise, pour mieux exercer son ministère de réconciliation, a besoin d’être plus que jamais une communauté réconciliée, un lieu où la réconciliation n’est pas seulement proclamée mais vraiment vécue. Elle a besoin de saisir toutes les opportunités pour faire que l’apostolat de ceux qui sont affectés par le crime n’est pas négligé. Le Christ condamne toute loi ou toute pratique qui ne sauve pas la vie. Nombre de nos institutions carcérales ne promeuvent pas la vie. Si nous, en tant qu’Eglise, pouvons faire quelque chose à ce propos mais que nous échouons, nous devrons en rendre compte à notre Seigneur ».

Extrait du VIS du 12 octobre 2009