Onzième congrégation de la seconde Assemblée spéciale pour l’Afrique
Mgr.Louis Nzala Kianza, Evêque de Popokabaka (RDC):
« Les graves problèmes de la pauvreté, de la misère, de la tragédie de la faim, du manque d’accès aux soins médicaux et à d’autres besoins primordiaux que connaissent la plupart des pays africains, exigent de nos Eglises aujourd’hui un nouvel esprit de solidarité, de communion et de charité inventive. Les Eglises d’Afrique doivent être plus audacieuses, inventives et agir pour le développement de structures susceptibles d’inscrire dans leur Praxis ecclésiale cette solidarité organique… Il est urgent d’actualiser la constitution d’un fonds de solidarité au niveau diocésain, national, régional et continental. Un tel fonds de solidarité pourrait nous aider, au niveau africain, à intervenir dans la mesure de nos moyens sans attendre tout de l’Occident. Les Caritas diocésaines, nationales, régionales et continentales peuvent être les instruments appropriés pour la constitution de ce fonds ».
Mgr.Antonio Maria Veglio, Président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants:
« La crise économique et les conflits qui frappent de nombreux pays du continent africain ont donné lieu à des sentiments préoccupants de xénophobie envers les immigrés, transformés en boucs émissaires pour les problèmes politiques et économiques internes. C’est pourquoi, souvent, les politiques migratoires des Etats se sont endurcies pour rendre la permanence et le développement d’activités difficiles pour les immigrés. Dans un tel contexte, le respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et de l’état de droit, la bonne gouvernance, l’approfondissement du dialogue politique et le renforcement de la coopération internationale, représentent les lignes directives sur lesquelles se jouent le présent et l’avenir de l’Afrique. La dimension pastorale, dans ce processus, n’est pas de seconde importance. Seul un authentique rapport de justice produira, en effet, la paix et, de là, l’Eglise en Afrique pourra puiser sa force au service de la réconciliation et de l’annonce de l’Evangile ».
Le Cardinal John Njue, Archevêque de Nairobi, Président de la Conférence épiscopale kenyane:
» L’Afrique continue d’avoir soif de bonne gouvernance. De nombreux pays d’Afrique sont en proie à un mauvais gouvernement… L’Eglise, au Kenya et ailleurs en Afrique, a continué à lutter pour réaliser des systèmes intégrés de gouvernement qui affrontent la justice à travers le service au bien commun. Les lettres pastorales ont, sans cesse, abordé le thème du mauvais gouvernement, qui peut être défini comme le cancer de l’Afrique… Ce qui est évident au Kenya et en Afrique en général, c’est qu’un certain nombre de leaders préféreraient maintenir des constitutions qui leur donnent un pouvoir incontrôlé conduisant à l’anarchie et à la dictature… L’Eglise au Kenya continue d’insister sur l’urgence de réaliser ces réformes au moyen de bons systèmes de justice… Il est urgent d’avoir un programme de formation pour les personnes au gouvernement, de former des hommes politiques bons et valables en tant qu’agents d’une bonne gouvernance, de créer des aumôneries pour les hommes politiques, de renforcer les médias catholiques pour favoriser la formation morale de tous, de promouvoir le rôle prophétique de l’Eglise, de pourvoir d’une manière décisive à la formation permanente de tous les agents d’évangélisation y compris les hommes politiques, basée sur un Catéchisme puissant et sur la Doctrine sociale de l’Eglise ».
Mgr.Augustine Obiora Akubeze, Evêque d’Uromi (Nigeria):
« Jadis, nos ancêtres croyaient dans les sorcières et dans le danger qu’elles représentaient pour les individus et pour la société… Pour eux il s’agissait d’êtres non humains disposant de pouvoirs maléfiques menaçant familles et communautés… De nos jours les femmes suspectées de sorcellerie sont abandonnées, écartées, discriminées, victimes de l’ostracisme social. Parfois on les emmène en forêt, on les maudit publiquement avant de les exécuter… D’autres sont aspergées d’acide et laissées agoniser, ou enterrées vives. Certaines Eglises ne s’opposent pas à ces actes et on connaît les cas de Pentecôtistes qui ont enchaîné et torturé des femmes pour leur faire avouer qu’elles étaient sorcières. Malheureusement, tant dans les familles qu’à l’école, dans certaines églises ou mosquées, dans les médias et au cinéma, on fait croire aux Africains que les sorcières existent et leurs pouvoirs existent… Il est stupéfiant qu’au XXI siècle tant d’Africains croient encore à ses superstitions d’un autre âge. Nous croyons donc que ce Synode doit prendre en compte cette question, en vue de prendre des décisions pratiques pour éclairer les fidèles ».
Mgr.Jaime Pedro Goncalves, Archevêque de Beira (Mozambique):
Chez nous, « l’Eglise a servi d’intermédiaire dans les dialogues de réconciliation pour mettre fin à une guerre civile qui durait depuis 16 ans. Un bon accord de paix fut signé et le pays retrouva sa tranquillité. Il faut approfondir et encourager, en Afrique, des initiatives comme celles-là… L’Eglise doit former des réconciliateurs et des pacificateurs pour la résolution des conflits…pour que reculent, dans le monde politique africain, les recrudescences de la violence, le rétablissement des dictatures et les persécutions politiques. Je souhaite un jubilé de la réconciliation pour tout le continent africain, comme fruit de l’engagement de tous en faveur de la réconciliation ».
Mgr.Théophile Kaboy Ruboneka, Evêque-coadjuteur de Goma (RDC):
« Les conflits et les guerres ont conduit, particulièrement à la victimisation et à la chosification de la femme. Sur des milliers de femmes ont été perpétrées, par tous les groupes armés, des violences sexuelles massives, comme arme de guerre, en violation flagrante des dispositions juridiques internationales. Partant de notre expérience en cours en RD Congo, pour soulager tant soit peu les conséquences et les traumatismes subis par les femmes et les enfants, nous proposons:
1. Lutter contre les violences sexuelles en remontant à leur dernière cause, à savoir la crise de la gouvernance…
2. La création des maisons de la femme et de la jeune fille comme centres d’écoute et d’accompagnement des femmes violées et traumatisées.
3. L’implication directe des femmes dans les Commissions « Justice et Paix »: pour que les femmes promeuvent la paix et luttent contre des idées avilissantes sur elles…
4. La formation par la catéchèse et l’alphabétisation des femmes pour permettre à la femme de jouer adéquatement son rôle. Elle s’articule autour de trois modules, tels que: dignité et vocation de la femme, la femme comme artisan de la paix et la femme en tant qu’actrice du changement social.
5. La mise en place de structures de promotion de la femme ».
Extrait du VIS du 12 octobre 2009