Chronique de Mgr de Germiny sur RCF 41
Nous avons tous été abasourdis par les propos négationnistes de Mgr Williamson. Au nom de la raison, de la vérité et de la solidarité qui unit le genre humain, Mgr Williamson doit reconnaître sans équivoque et publiquement la réalité et l’horreur de la shoah. J’ose espérer qu’il retrouvera ainsi la paix de sa conscience et que ceux qui demeurent à tout jamais blessés par l’abomination de la solution finale, reprendront cœur pour porter leur souffrance et « oser croire » que Dieu est amour.
Quelques uns se sont demandés comment de telles paroles avaient pu être dites. Je vous renvoie à l’analyse faite par Mgr Simon, archevêque de Clermont. « A qui profite le crime ? » Personnellement, je pense que l’antisémitisme est toujours fort, notamment dans notre pays. Le scandale provoqué par Mgr Williamson doit nous mettre en garde, nous rendre vigilants. L’antisémitisme est un mal récurrent. Relisez les versets 1 à 16 du chapitre 4 de la Genèse, l’histoire de Caïn et Abel. Dans le cœur de l’homme, le rejet de l’autre est latent. C’est « le péché tapi à ta porte, avide de toi… Domine-le… Où est ton frère, qu’as-tu fait de ton frère ? »
En lisant l’interview de Mgr Williamson, j’ai repensé aux années passées auprès du cardinal Lustiger au surprenant « choix de Dieu » qu’Aaron Jean-Marie Lustiger résumait ainsi : « Je suis cardinal, juif et fils d’immigré ». J’ai revu ce cadre posé sur une table de son appartement et qui conservait la photo d’un homme grand, un peu voûté portant l’étoile jaune sur son manteau. J’ai revu aussi son « visage déformé par la douleur » alors qu’il s’était approché, à Auschwitz, du baraquement où sa mère était morte. J’ai entendu à nouveau l’angoisse et l’espérance d’un adolescent qui, dans les années qui suivirent l’écrasement du régime nazi, attendait avec sa sœur, le retour de sa mère.
Assurément le cardinal Lustiger aurait réagi violemment aux déclarations insensées de Mgr Williamson mais, il aurait surtout « osé vivre » l’actualité des paroles du Christ Jésus, la « consolation d’Israël » « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).
Mgr Maurice de Germiny
Evêque de Blois
6 février 2009