« St François invite à la joie ! » : interview de Mgr Grallet

Le franciscain Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg, accompagnera le pèlerinage franciscain de l’Ascension à Lourdes, du 18 au 23 mai 2009. Il nous éclaire sur les charismes et l’actualité de la spiritualité franciscaine.

Qu’est-ce qui caractérise la spiritualité franciscaine ?

Grallet Jean-Pierre - Strasbourg

La spiritualité de St François est très vaste et en même temps elle ne prétend rien d’autre que d’être accueillant et de mettre en pratique l’Évangile du Christ. St François ne cherche pas l’originalité. Il veut suivre le Christ dans la forme de vie religieuse. Il insiste sur l’expérience de pauvreté comme chemin de liberté intérieure. Et il invite à vivre la fraternité au sein des communautés et à l’extérieur avec une attention aux plus pauvres. Il en a d’abord une vision théologique : puisque nous sommes enfants de Dieu, nous sommes tous frères. Puis il a cette grande audace d’appeler les éléments de la nature « frères et sœurs », dans le célèbre cantique de Frère soleil ! C’est la grande joie à laquelle il invite et qu’il s’efforce de vivre lui-même qui me frappe. François détecte dans le dépassement de la tristesse un signe de la grâce. Dans le cœur du croyant, la joie c’est l’expérience d’être aimé de Dieu ! Elle est d’une très grande densité humaine et spirituelle, d’une grande légèreté aussi.
 

En quoi cette intuition est-elle toujours d’actualité ?

Rendre grâces à Dieu reste d’une profonde actualité ! Dans une société frileuse qui a peur de l’altérité, le sens de Dieu, ce Tout Autre si différent de nous, peut apparaître très éloigné. Pourtant, il nous attire et nous transforme. Le sens de Dieu, source de tout bien, est profondément provoquant dans la société contemporaine. Il nous oblige à lever la tête. Par temps de crise, il est précieux de se rappeler que le tout de l’homme ne dépend pas du tout économique. L’expérience de pauvreté spirituelle invite à ne pas se tromper de Dieu et à regarder nos véritables biens, qui mènent au bonheur. La fraternité vient aussi bousculer les individualismes ambiants et redonner un peu de chaleur humaine. Et est-on véritablement heureux dans la surabondance de notre société de distractions ? La joie permet à chacun de retrouver en lui les racines du bonheur, la certitude, quelles que soient les conditions, qu’il y a toujours un bien supérieur qui nous est partagé : la charité même de Dieu !
 

Que retenez-vous dans les festivités de ce huitième centenaire de l’Ordre ?

Il faut d’abord se rappeler la chance de l’Église d’avoir un disciple du Christ né en Ombrie (Italie) au XIIIe siècle. La chance, qu’il ait entendu la Parole résonner en lui et qu’il ait voulu en vivre tout simplement. Avec François, l’humilité a retrouvé ses lettres de noblesse ! La grandeur de Dieu s’exprime mieux si son messager est humble. Pour ma part, je vais très volontiers me mettre en tenue de pèlerin et accompagner la démarche nationale à l’Ascension pour m’offrir à la grâce de Dieu. Nous sommes tous des pèlerins et des étrangers sur cette terre. Nous n’avons pas de bonheur permanent : nous sommes en marche vers le bonheur céleste ! St François demandait aux frères d’être des itinérants. Pour bien marcher, il faut savoir se désencombrer et voyager léger, il faut avoir des compagnons pour se soutenir les uns les autres, et avoir une ambition, une large vision. Le pèlerinage est une très belle symbolique de la vie chrétienne.

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