Eclairage sur l’encyclique Caritas in Veritate

Les 3 encycliques de Benoît XVI

 

  • Le 25 décembre 2005, Benoît XVI a publié sa première encyclique, « Dieu est amour » . Concernant le coeur même de la théologie chrétienne, elle était un signe adressé au monde sur ce qu’est Dieu pour l’humanité dans l’histoire du salut.
  • Le pape Benoît XVI a annoncé la publication le 7 Juillet de sa troisième encyclique Caritas in Veritate. Signée le 29 juin, fête de Saint Pierre et Saint Paul, Caritas in Veritate reprend les sujets sociaux de la Populorum Progressio (écrite par Paul VI en 1967). Cette 3ème encyclique du pape Benoît XVI entend développer certains aspects du développement durable dans le respect de la dignité de l’homme.

Emission spéciale sur KTO le 7 juilletKTO propose des éclairages sur les lignes de force de l’encyclique avec notamment la participation de Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, Philippe Chalmin, économiste, professeur à Paris-Dauphine, Jean-Marie Andrès, vice-président des Associations Familiales Catholiques

A suivre en direct sur KTO et ktotv.com le 7 juillet à 20h40, en rediffusions les 8 juillet à 18h40, 9 juillet à 13h10

A revoir également sur le web après la diffusion en cliquant sur ce lien.

À l’occasion de la parution, le 7 juillet, de la 3e encyclique du pape Benoît XVI, Caritas in Veritate, le cardinal André Vingt-Trois et le père Baudoin Roger, directeur du département de recherche « Economie, homme, société » au collège des Bernardins, ont partagé, lors d’un point presse, leurs éclairages sur l’encyclique.
En introduction de ce temps, Mgr Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France, a souligné l’inscription de ce texte dans l’actualité : « Il n’est pas anodin qu’une encyclique de Benoît XVI soit publiée ce jour alors que les grands dirigeants de la planète se réunissent en G8 ; alors que Barack Obama rencontrera le Saint-Père dans quelques jours. La symbolique est forte ! Là où la terre a tremblé s’exprime la puissance et la fragilité du monde dans cette réunion du G8 ».

Lire l’intégralité de l’intervention de Mgr Podvin

Un formidable message d’espérance

Exprimant son impression personnelle, le cardinal Vingt-Trois a ensuite souligné que l’encyclique lui apparaissait comme un formidable message d’espérance adressé aux catholiques et aux hommes de bonne volonté intéressés par la réflexion de la foi chrétienne.

« Ce message d’espérance est le suivant : l’humanité a la mission et les moyens de maîtriser le monde dans lequel nous vivons. Non seulement elle n’est pas soumise à une fatalité, mais encore elle peut transformer ce monde en agissant sur les événements et faire progresser la justice et l’amour dans les relations humaines, y compris dans le domaine social et économique, et même dans une période de crise comme celle que nous connaissons ».

Une espérance qui se fonde sur une conviction : « Dans l’univers, l’être humain a une dimension particulière qui lui permet de n’être pas soumis à la domination mécanique des phénomènes, qu’ils soient naturels ou économiques et sociaux et il assume cette dimension particulière dans la mesure où il reconnaît qu’il se reçoit dans une relation à un plus grand que lui, à un absolu plus grand que chacune de nos existences. Tout homme, qu’il soit croyant ou non, doit bien prendre position sur la question d’un jugement moral qui dépasse ses intérêts particuliers et dont sa conscience est le témoin. Pour les croyants, cette référence à une transcendance a un nom, c’est Dieu ».

Le service de l’homme comme critère ultime

En conclusion, le cardinal Vingt-Trois a souligné que cette encyclique, imposante par sa taille et la multiplicité des sujets abordés, « est cependant unifiée par une perspective générale sur la responsabilité dans l’action économique et sociale ». « C’est le service de l’homme qui est le critère ultime et définitif du projet social. Mais quel service de l’homme, quelle promotion de l’homme sont recherchés ? Comment est respectée l’unité de la personne humaine dans tous les domaines de sa vie ? C’est donc finalement un commentaire d’une loi fondamentale de la doctrine sociale de l’Église : pour tout l’homme et pour tous les hommes. »

Lire l’intégralité de l’intervention du cardinal André Vingt-Trois

 

Une invitation à porter un regard positif sur cette communauté qui est à construire

S’exprimant à la suite du cardinal, le père Baudoin Roger, directeur du département de recherche « Economie, homme, société » au collège des Bernardins, a précisé que l’on ne pouvait interpréter l’encyclique comme une réponse à la crise. Alors que son titre fait écho à la première encyclique du pape Benoît XVI « Deus Caritas est », elle développe une perspective chrétienne sur l’homme à travers les questions suivantes : « Qu’est-ce qu’être homme et comment le devenir ?». « Sa perspective est centrée sur l’homme et sur son développement. A partir de la conception de l’homme, Benoît XVI invite à réfléchir sur les institutions et les structures humaines. »

Evoquant le thème de la mondialisation, qui est d’abord un fait, une interdépendance entre les hommes, le père Roger a rappelé que le pape portait un regard positif et plein d’espérance : « Benoît XVI souligne qu’elle découle de l’unité de la famille humaine. Elle porte en elle la possibilité d’une fraternité universelle. Ainsi les hommes doivent devenir protagonistes de cette mondialisation »
A cet égard, la crise est une « occasion de discernement et met en capacité d’élaborer de nouveaux projets ».

Le père Baudouin Roger, abordant le 3e chapitre de l’encyclique, a partagé l’invitation de Benoît XVI à entrer dans un « regard positif sur cette communauté qui est à construire ». « L’échange économique est plus qu’un échange de biens : Benoît XVI rappelle qu’il y a une dimension de gratuité et de don. Dans le travail l’homme s’investit personnellement et le produit qu’il fabrique incorpore une partie de sa vie. Cette part est donnée, elle n’a pas de prix. (…)Dans la vie économique l’homme réalise un peu du don de soi qui est sa vocation. L’échange économique où les hommes se rencontrent peut être le lieu d’une fraternité. »

Le pape ne condamne ni l’économie ni la finance, « ce sont des instruments, il appartient à l’homme d’œuvrer pour qu’ils soient vraiment éthiques ». La politique a un rôle important dans le contrôle des déséquilibres du développement.

Aucun domaine d’activité humaine n’échappe à la responsabilité morale

Il a ensuite abordé l’un des thèmes centraux de l’Encyclique, la question du développement, et tenu à souligner deux points très importants de l’encyclique : « Il n’y a aucun domaine d’activité humaine qui échappe à la responsabilité morale. Ni le domaine économique, ni le domaine financier, ni le domaine technologique, ni le domaine de la recherche scientifique. La moralité, la valeur humaine des actions entreprises ne peut pas être seulement une question que l’on pose a postériori quand tout est fini et décidé pour aménager des marges. Elle est inhérente à la totalité de la démarche. »

La réflexion sur la mondialisation et son rapport au développement est le 2e point souligné par le cardinal Vingt-Trois : « L’extension de la mondialisation pose des conditions nouvelles pour le développement en raison des interconnexions accrues et de l’internationalisation des échanges économiques et financiers ».

Recevoir, connaître et apprécier cette encyclique

En conclusion de la rencontre, le cardinal Vingt-Trois a évoqué le travail qui débute pour recevoir, connaître et apprécier cette 1ère encyclique sociale du pape Benoît XVI: « Nous poursuivrons chacun ce travail à l’échelle de nos diocèses à travers des propositions d’échanges, de relecture… Recevoir une encyclique ce n’est pas entrer dans un cadre pré-défini : il y a une place pour l’intelligence à travers un travail de réflexion et d’interprétation. ».

Mercredi 15 juillet, le collège des Bernardins rassemblera ainsi, autour du cardinal Vingt-Trois, des parlementaires, dirigeants d’entreprise, partenaires sociaux, responsables d’associations sociales et culturelles pour un échange sur l’encyclique.

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