Quel avenir pour nos églises ?
A l’initiative du Comité du patrimoine cultuel, un colloque intitulé « Églises des villes, églises rurales, un héritage en partage » s’est tenu à la Cité de l’architecture et du patrimoine, les 26 et 27 juin 2008. Mgr Roland Minnerath, Archevêque de Dijon, membre de la Commission doctrinale et de la Commission théologique internationale, le Père Norbert Hennique, directeur du service national d’Art sacré (SNPLS), et Mme Félicité Gasztowtt, conseillère juridique de la Conférence des évêques de France, sont intervenus lors de ce colloque au nom de la Conférence des évêques de France.
Intervention de Félicité Gasztowtt, conseillère juridique de la Conférence des évêques de France, sur les aspects juridiques du point de vue de l’Eglise catholique en France
Différents droits sous-tendent de façon concordante les aspects juridiques du point de vue de l’Eglise Catholique en France :
– droit canonique de l’Eglise catholique universelle concernant son existence et son rôle en tout lieu et tout temps
– droit civil ecclésiastique français (et européen) concernant l’Eglise catholique en France
o Ce que prévoit le droit canonique.
– Au sujet de la paroisse : (canon 515)
C’est la communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans l’Eglise particulière, et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l’autorité de l’évêque diocésain.
Il revient au seul Evêque diocésain d’ériger, de supprimer ou de modifier les paroisses ; il ne les érigera, ne les supprimera ni ne les modifiera pas de façon notable sans avoir entendu le conseil presbytéral.
La paroisse peut avoir un conseil pastoral, elle a nécessairement un conseil économique (…)
Intervention de Mgr Roland Minnerath, Archevêque de Dijon
Madame la Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
1. L’initiative de ce Colloque coïncide avec une volonté convergente de la part de la Conférence des évêques de France qui a jugé bon, en novembre dernier de constituer un groupe de travail sur l’avenir des églises de France. Les pouvoirs publics, le monde associatif, et l’opinion sont à juste raison alertés par le devenir de notre immense patrimoine cultuel.
Nous sommes concernés en tant que bénéficiaires de l’affectation, clef de voûte du dispositif légal français. Nous souhaitons travailler en partenaires tant avec l’Etat et les collectivités territoriales qu’avec les associations qui oeuvrent pour une meilleure mise en valeur de ce patrimoine. En tant que citoyens, les pratiquants qui utilisent régulièrement les églises partagent le souci de la qualité du patrimoine national et de sa préservation. Si l’avenir de nos églises nous interpelle comme citoyens, j’ajouterais qu’il nous concerne aussi en tant qu’hommes, car les édifices religieux sont, dans nos paysages urbains ou ruraux, des lieux qui manifestent une dimension inhérente à tout être humain, celle de l’intériorité, de la spiritualité, de l’appel de la transcendance, qui suggère que la société vit aussi de valeurs autres que les valeurs marchandes.
La question de la préservation et de la meilleure utilisation de ce patrimoine se pose de manière très diverse selon les contextes. Notre attention porte surtout sur les milliers d’églises rurales situées dans de très petites communes qui ne sont pas souvent utilisées et pour l’entretien desquelles manquent les ressources (…)
Intervention du Chanoine Norbert Hennique, directeur du service national d’Art sacré (SNPLS), sur la dédicace d’une église
« Un édifice cultuel doit être considéré pour ce qu’il est : il n’est ni une salle de spectacle, ni un musée, ni un bâtiment. Il est un édifice religieux, un signe de transcendance dans notre société sécularisée. Pour les uns, un témoin du passé, pour d’autres un lieu de prière, de recueillement, de célébration toujours actuel, il est un monument digne d’être considéré pour ce qu’il est. » Tels étaient les propos de Monseigneur Roland Minnerath que nous venons d’entendre.
Pour mieux comprendre la dimension cultuelle d’une église, je me propose de relire avec vous quelques éléments du « rituel de la dédicace » en usage dans l’Eglise catholique après un bref rappel de la tradition.
Au préalable, il convient de reconnaître les limites d’un tel exposé. La compréhension d’un rite n’est pas de l’ordre de son explication ou de ses commentaires mais de sa mise en oeuvre, de sa célébration…
Comme dans tout rituel, c’est la foi de l’Eglise qui est présente : l’Eglise prie comme elle croit. Ainsi le vieil adage « Lex orandi, lex credendi » demeure toujours actuel. Dans ses rites, ce que l’Eglise célèbre est aussi le contenu de sa foi (…)