Covid-19 ou pas, soutenir les Chrétiens d’Orient
Depuis 2017, le pôle jeunes de l’Oeuvre d’Orient offre la possibilité de partir en longue mission (6 à 12 mois) ou pour de courts séjours (15 jours à 5 mois) dans les pays aidés par l’association : Liban, Jordanie, nord de l’Irak, Égypte, Israël , Palestine, Turquie, Inde, Ukraine… La crise liée à la pandémie de Covid-19 touche particulièrement le secteur du volontariat à l’étranger. Philippe Alquier, est responsable du pôle jeune de l’Oeuvre d’Orient. Il nous raconte comment l’association continue ses actions auprès des chrétiens d’Orient.
Lorsque la crise du Covid-19 a touché tous les continents en mars 2020, le Pôle Jeunes de L’Œuvre d’Orient avait cinquante-deux volontaires sur le terrain au service des communautés chrétiennes en Terre Sainte, au Liban, en Éthiopie, en Roumanie, en Égypte, en Grèce, et d’autres volontaires s’apprêtaient à partir. La plupart durent donc quitter leur mission, laissant les communautés dans le désarroi, d’autant que les salariés locaux étaient souvent empêchés de travailler. Contre vents et marées, une douzaine d’entre eux ont choisi de rester dans leurs missions qu’ils ont achevées malgré les circonstances vraiment difficiles, souvent confinés et sans réelle perspective, mais actifs.
Qu’en disait alors Agnès : « Cela fait maintenant presque deux mois que je suis confinée dans mon village d’Ain Karem. Plus de divertissements, de découvertes, de vie sociale. Loin de mon pays et de ma famille, vivant H24 avec des personnes très lourdement handicapées, le Seigneur a voulu que nous ayons toutes les célébrations de la Semaine Sainte. C’est une grande grâce et une lumière qui m’a redonné la force et le courage qui se tarissaient en moi ».
Malgré tout, les candidatures se sont multipliées pendant l’été, tandis que les communautés exprimaient des besoins accrus et que plusieurs pays gardaient fermées leurs frontières. Notre équipe a continué à sélectionner les candidats, attribuer des missions, former et préparer les volontaires, rechercher les visas, et réorienté ceux qui ne pouvaient rejoindre leur mission…
Et puis, sont arrivés les immenses problèmes du Liban, déjà plongé dans une crise politique, sécuritaire et sociale aiguë que la double explosion du 4 août a rendu dramatique. L’aide financière qu’apporte L’Œuvre d’Orient y reste malgré tout très importante, en particulier avec le gros programme « Urgence Beyrouth » qui aide à la reconstruction et en complément du soutien des écoles du Liban.
Parallèlement, nous avons poursuivi nos efforts pour envoyer des volontaires, pour répondre aux besoins les plus urgents. Ils y accomplissent de très belles missions dans des conditions difficiles car la pandémie est toujours là et la situation sécuritaire n’est pas facile. Certains, comme Blanche, Claire, Ines, Louis-Marie, enseignent dans des écoles parfois endommagées et en détresse financière. D’autres, comme Paul, Magali, Antoine et Juliette distribuent de l’aide humanitaire à Beyrouth, ou encore Aygline qui assiste un archevêque Grec-Melkite dans ses projets de développement.
Inès et Claire rapportent de Roumieh au Liban : « Ce n’est vraiment pas évident d’assurer l’éducation des enfants en distanciel, d’autant que le salaire des professeurs a considérablement baissé. Mais ils persévèrent tous avec bonne humeur, même lorsqu’ils évoquent le défi qui est le nôtre de devoir capter l’attention d’une classe dans une langue étrangère sur zoom. En primaire, nous organisons des activités orales en français. En sixième et cinquième, notre projet d’année est de mettre en place une comédie musicale autour de la mythologie grecque. »
En Égypte, malgré le besoin important des communautés, bien des écoles hésitent à accepter des volontaires, pour garantir leur santé. Et pourtant Tristan témoigne : « Le COVID a pas mal compliqué l’organisation du collège, mais je commence peu à peu à remplir mes journées en courant entre les dix classes dont j’ai à m’occuper. Les élèves ont beaucoup perdu à cause du confinement et certains n’arrivent même plus à dire une phrase. Ils apprennent le français dès la maternelle et ont normalement un niveau assez correct en arrivant au lycée ».
En Grèce, les besoins du JRS restent forts et Estelle et Maÿlis multiplient les efforts pour accueillir et aider des réfugiés. Elles rapportent : « La situation en Grèce est bien sûr assez catastrophique. La décision du gouvernement de faire évacuer Moria provoque un afflux de migrants et réfugiés venant de Lesbos. Là, les migrants s’installent et attendent parfois plusieurs semaines que l’on vienne les chercher pour les placer, le plus souvent, dans un nouveau camp à la périphérie d’Athènes. Le Jesuit Refugee Center d’Athènes est donc installé au cœur de ce quartier. »
Dans bien d’autres pays où L’Œuvre d’Orient envoyait ou envisageait d’envoyer des volontaires, il reste impossible de répondre aux immenses besoins des communautés. Et pourtant, au Pôle Jeunes, notre mission est de répondre aux besoins des communautés pour les assurer de notre affection et de notre communion de foi. Et comme les volontaires l’expriment tous en rentrant, eux qui ont tant donné, ont reçu plus encore de la foi révélée sur place par les chrétiens d’Orient.
Agnès témoigne : « La mission commence au retour. Après avoir vécu toutes ces merveilles, il me faut les faire vivre dans mon quotidien ici en France. Il me faut les transmettre par ma manière d’être aux personnes qui m’entourent. Je dois rendre témoignage de ce que j’ai vécu. Il est important de faire fructifier les graines qui ont été semées en Israël. Car oui, j’ai reçu beaucoup de bonnes et belles graines. Mais si je ne leur prépare pas une bonne terre, elles dépériront ».
Alors, oui, priez pour ces volontaires et ces Chrétiens d’Orient qui en ont besoin et agissez pour nous aider à les aider.
Philippe Alquier, responsable du Pôle Jeunes de L’Œuvre d’Orient
Pour postuler, envoyez-nous vos CV, lettre de motivation et dates de mission. Contact : polejeunes@oeuvre-orient.fr
Les volontaires du pôle jeunes
Témoignage de Paul Péry, volontaire au Liban, distribue des repas chauds aux personnes en grande détresse et aux ouvriers qui réparent des maisons à Beyrouth
A peine sorti de l’avion, le premier jour, me voilà au milieu de Beyrouth à servir des repas à des familles touchées par l’accumulation des malheurs : crise économique, crise politique et explosion du 4 août 2020. Oui, Karantina (« Quarantaine ») est le nom du quartier de Beyrouth dans lequel nous intervenons ! Il fait partie de ces lieux, à 200 mètres du port et donc durement touchés par l’onde de choc. Les immeubles en portent encore les stigmates : murs effondrés, toitures arrachées, vitres soufflées. […]
La vie a repris son cours, même si pour l’instant, les cris des enfants sont moins sonores que les travaux. Les ouvriers remplacent les habitants et les engins de chantier leurs voitures. Certaines familles sont tout de même restées et c’est pour celles-ci que le projet de restauration au moyen d’une cuisine a été monté par le Père Hani qui m’accueille. En effet, en plus d’avoir été victimes de dommages matériels – si ce n’est humains – les familles subissent la crise économique de plein fouet : la monnaie est dévaluée, les prix ont augmenté, mais pas les salaires. La viande est hors de prix, se nourrir devient parfois difficile sans aide. La cuisine montée par le Père Hani est d’une grande simplicité. Installée dans un ancien garage à l’abandon, elle possède tout juste l’essentiel pour préparer des repas : deux réchauds à gaz, des marmites, des étagères pour stocker les matières premières (riz, graines, …), deux frigos de commerce. Mais elle ne cesse de s’améliorer au fil des jours ! Il faut s’imaginer, m’explique le père Hani, qu’au départ il cuisinait directement dans la rue ! Cette cuisine est aussi un lieu de passage, une vraie fourmilière.
Le premier jour Père Hani a tout juste le temps de me souhaiter la bienvenue qu’en un instant me voilà au milieu d’une foule parlant Libanais, et qu’en cuisine tout s’accélère. Ne comprenant pas un mot, je me retrouve passif entre une marmite brûlante, un bénévole assaisonnant l’autre et un habitant du quartier tendant son Tupperware : il est midi, l’heure du service ! Peu à peu les casseroles se vident et quand la dernière louche a été versée, la pression retombe. Ce premier jour a été intense, me voilà pleinement dans la mission ! Ma connaissance de la langue des Libanais est encore bien limitée, « sékkin » (couteau), « chawké » (fourchette), « mayy » (eau), « banadoura » (tomate), « pasta » … Je peux surtout compter sur la bienveillance de l’équipe de bénévoles et en particulier celle du Père Hani pour être pleinement acteur de ce service. La cuisine de « Quarantaine » est à l’image, de ce dernier, fraternelle. Son accueil, digne de la réputation de l’Orient, a été très chaleureux. […] C’est surtout sa générosité et son énergie qui m’ont impressionné. Sa mission de prêtre, il la vit au plus près du peuple libanais et à son service. Dévoué, il ne cesse pas de travailler si ce n’est pour répondre de temps à autre au téléphone, ce dernier sonnant régulièrement …
Le week-end nous partons dans la vallée des Saints d’où il est originaire. Je suis en territoire chrétien. La foi est profondément inscrite dans cette terre, elle est source d’identité. Les Chrétiens se cachaient autrefois dans la roche, leurs descendants montrent aujourd’hui leur attachement à la foi à chaque coin de rue, au travers d’une statue de la Vierge Marie ou d’une représentation de Mar Charbel (Saint-Charbel). L’histoire illumine le présent comme le soleil sur les reliefs. Je prends ici la mesure de la beauté du pays du Cèdre. Dans un chaos apparent, une lumière jaillit, bienvenue au Liban !
Tristan de Geyer, volontaire en Égypte, professeur de Français langue étrangère (FLE) chez les Frères des écoles chrétiennes
Voilà un mois que je suis arrivé au Caire et ma vie de professeur a enfin débuté avec vingt classes de chacune 20 élèves. La discipline est de mise au collège Saint-Joseph des Frères des Écoles Chrétiennes, composée de trois frères qui gèrent quatre collèges au Caire, et un à Alexandrie. Ces collèges sont très réputés en Égypte car ils offrent une éducation de qualité où le français est obligatoire.Tous les matins, les élèves sont rassemblés dans la cour. Niveau apprentissage, les élèves ont beaucoup perdu à cause du confinement, et certains n’arrivent même plus à dire une phrase. Nous avons donc repris les bases de la langue française. Il faut être imaginatif pour intéresser tous les élèves : De petit ours brun à Saint-Exupéry, j’enseigne sept niveaux différents.
J’ai repris la troupe scoute du Caire avec trois amis français. L’aventure est passionnante et bien différente du scoutisme en France. Les week-ends dans le désert du Wadi Degla sont fabuleux. Le silence et l’immensité de cet espace font un bien fou par rapport au quartier pauvre où je vis. Imaginez-vous vous endormir à la belle, allongé sur un tapis de bédoins sous un ciel étoilé entouré de fennec qui rôdent et vous surveillent.
Les débuts au Caire furent longs et pénibles. Le manque d’oxygène, la pollution, le bruit constant et les voitures qui klaxonnent à longueur de journée fatiguent et vous essoufflent. Mais derrière ce vacarme se trouve une fourmilière de cairotes qui vendent, s’échangent, cuisinent, crient, coupe, frottent, s’insultent et poussent leur cariole. Malgré la pauvreté, la saleté et les chiens errants, ce quartier est plein de merveilles et de joie ! Ce quartier vie !
J’aime me promener dans ce Caire fatimide. Le soir, les enfants qui, pendant la journée étaient barbiers, vendeurs de fruits, marchands de bibelots ou transporteurs, prennent possession des rues pavées en jouant au ballon, en faisant des courses à vélos ou parfois en se battant.
Gauthier et Constance Montgrand, volontaires en Ethiopie (mars à septembre 2020) puis au Liban pour l’association « Messages de Paix »
Nous sommes Gauthier et Constance, mariés depuis septembre 2019, et avons décidé de partir en mission pour notre première année de mariage. Nous devions partir avec l’Œuvre d’Orient à Jérusalem en mars 2020. Avec la pandémie, Israël a fermé au moment de notre départ, nous obligeant à changer nos plans. L’Œuvre nous a rapidement réorienté sur une autre mission, à Addis-Abeba, en Ethiopie chez les Frères de Saint Jean, pendant sept mois, puis au Liban chez Message de Paix pour cinq mois, où nous venons d’arriver.
Les Frères de Saint Jean sont depuis dix ans en Ethiopie, ils ont trois missions principales à Addis-Abeba : animation de la pastorale des jeunes en Ethiopie, de la communauté francophone d’Addis-Abeba, et la formation de nouveaux frères.
Nous étions installés dans le nouveau centre des frères sur la montagne d’Entoto. Les bâtiments sont presque neufs, et assez grands pour accueillir les frères, des jeunes, volontaires, familles… C’est une maison qui vit ! La dernière phase du projet de construction de ce centre est la Chapelle que, nous voyons prendre forme depuis six mois, nous sommes fiers d’y avoir aussi participé.
A cause ou grâce au Covid-19, nous avons débarqué du jour au lendemain dans la vie des frères et du prieuré. Nous avons passé sept beaux mois dans cette communauté. Les repas comme les espaces étaient communautaires, notre espace privé de couple fut alors très réduit, nous partagions nos joies et nos disputes avec les frères ! Nous nous sommes tous adaptés, nous à la vie communautaire, et les frères à comprendre nos besoins de couple. Nous avons eu la chance de nous témoigner les uns aux autres nos vocations et engagements. C’est ce qui fait la richesse de la communauté !
Depuis mars, nos missions ont été très variées : cours de français et d’anglais, traductions d’archives, montage de projets de financements pour des communautés en Ethiopie, organisation et animations de camps pour des jeunes et gestion du chantier de la chapelle. C’est une grande joie de pouvoir servir en couple, nous apprenons beaucoup sur nous, avons la chance de nous émerveiller et nous étonner de tout, ensemble. La construction d’une chapelle est aussi un magnifique symbole lorsqu’on commence une vie à deux.
Après sept mois en Éthiopie, l’Œuvre d’Orient a réussi à nous envoyer pour une autre mission au Liban chez Message de Paix, où nous sommes au service d’adultes handicapés mentaux, et nous aidons à cuisiner des plats chauds quotidiens à envoyer aux sinistrés de Beyrouth. C’est une toute nouvelle aventure très riche humainement qui commence pour cette deuxième partie de notre année de mission.
Claire et Ines, volontaires au Liban, professeures de français langue étrangères chez les Sœurs Antonines et bénévole auprès de l’association » Offre joie«
Au Liban depuis un peu plus d’un mois maintenant, nous pouvons enfin souffler après les péripéties de notre départ ! Après avoir décroché une licence de droit français et allemand pour Claire et un master d’histoire médiévale pour Ines, au terme d’une année haute en couleur dans les deux cas, nous avons décidé, chacune de notre côté, de repartir pour une expérience non moins rocambolesque : le volontariat. Nous voici donc à Roumieh, à l’est de Beyrouth, dans une école tenue par les Soeurs Antonines. Notre mission est d’y assurer des cours de français à l’oral et de culture générale. Donner des cours sur zoom, dans un pays où les coupures d’électricité sont incessantes depuis vingt ans, voilà un défi à notre hauteur ! Heureusement, certains cours se font en présentiel : Charbel, par exemple, a droit à l’attention privilégiée de Claire, qui l’aide à vaincre sa dyslexie.
Les semaines qui ont précédé notre départ ont été marquées par une effervescence générale. Sur les différents groupes WhatsApp entre volontaires (comment survivre sans WhatsApp !), les messages se succédaient. La principale préoccupation concernait les tests PCR. En effet, le challenge proposé par les compagnies aériennes et les pays d’accueil est de taille. Le défi est de fournir un résultat négatif en moins de trois jours, une course contre la montre ! Un vrai chemin semé d’embûches quand on connait les délais d’attente pratiqués par les laboratoires et le nombre de faux tests positifs… Mais l’esprit de communauté qui s’est formé rapidement sur les groupes de volontaires de l’OEuvre d’Orient nous a aidé à centraliser plusieurs solutions. Nous nous échangions des adresses de laboratoires délivrant des résultats rapides aussi naturellement qu’on partagerait celle d’un bar sympa ! Une touche de stress inhabituel se remarquait néanmoins dans ces conseils… L’aspect pressant de la résolution du problème du PCR n’a fait que se renforcer avec l’apparition des exigences du visa libanais. Après un départ repoussé deux fois et des billets échangés quatre fois, notre visa nous a finalement été délivré pour un mois. Les péripéties de notre départ en volontariat nous auront enseigné, je crois, à ne négliger aucune piste avant d’être parvenues au terme de notre quête ! Aujourd’hui encore nous n’avons pas le nécessaire visa d’un an, mais nous sommes au Liban : rien n’est perdu !
Ici la pandémie est prise très au sérieux : la moindre suspicion du Covid-19 fait l’objet d’une quatorzaine immédiate. Il est vrai que nous ne bénéficions pas du même système de soins, ce qui poussent les Libanais à prendre le problème plus au sérieux ! Cependant l’épidémie n’a pas été un frein pour rencontrer des amis ou plus largement des Libanais du voisinage ou d‘ailleurs. Nous avons ainsi intégré un groupe de randonneurs dès les premières semaines, où nous avons pu tenir des conversations très intéressantes avec des personnes variées, mais toujours en français bien sûr, bien qu’il s’agisse uniquement de Libanais !
La réouverture des écoles, qui aura duré une semaine, nous a permis de rencontrer nos collègues professeurs en chair et en os, après les avoir vus en zoom, ainsi que certains de nos élèves. Mais plus encore, nous avons découvert une association qui nous a beaucoup plu tant par son projet que par l’ambiance qui y règne. Elle s’appelle « Offre Joie » et a pour ambition de rebâtir les maisons détruites par l’explosion du 4 août, avant que ne commence la saison des pluies. Nous y sommes allées plusieurs fois sur notre temps libre et y avons découvert des personnes bienveillantes et accueillantes. Il est vrai qu’en semaine s’y retrouvent de nombreux Français. Le week-end, les bénévoles sont majoritairement Libanais, ce qui nous permet de rencontrer des locaux de notre âge.
Mais les rencontres ne s’arrêtent pas seulement à celles qui sont provoquées. Une rencontre, c’est ce trajet en taxi pour aller à Beyrouth, pendant lequel notre chauffeur nous témoigne de son histoire, de sa mère tuée par un tireur d’élite pendant la guerre civile, de sa vision du Liban et des gouvernements qu’il qualifie de « cancer », voués à s’éterniser et à pourrir. Une rencontre c’est lorsque nous nous promenons dans le parc du couvent et que nous croisons des Libanais qui, après un simple bonjour, nous demandent comment nous allons. Une rencontre c’est ce sourire et cette discussion avec un vendeur étonné de notre accent et nous demandant pourquoi et pour combien de temps nous sommes au Liban. Une rencontre c’est cet élève, ce professeur, ce gardien, cette cuisinière que nous croisons au hasard d’un couloir de l’école et avec qui nous échangeons un sourire caché derrière un masque et quelques mots.
Nous apprenons à les apprécier, chacune pour ce qu’elles sont. Elles nous rappellent qu’au Liban l’accueil est bien plus qu’un simple mot, il est une véritable tradition. La preuve ? Des amis nous invitent encore chez eux pour discuter et prendre un café !
Le confinement n’est donc pas si contraignant, malgré la peur du Covid-19, qui règne en maître. Notre mission continue, nous laissant le temps de découvrir ce magnifique pays et de partir à la rencontre de ce peuple incroyable. A nous de nous adapter, comme les Libanais le font depuis des années. Finalement n’est-ce pas ça aussi être volontaire ?
Estelle Casanova, volontaire auprès de JRS Athènes (Grèce)
Lundi 14 septembre. Je quitte le sol français pour la Grèce. L’Oeuvre d’Orient m’a envoyée au JRS (Jesuit Refugee Service). Le JRS est porté ici par la communauté jésuite d’Athènes et par quatre sœurs, avec qui je vis. Je découvre – jour après jour – que l’Eglise catholique romaine est largement minoritaire en Grèce. Les volontaires, dont je fais partie, sont donc de véritables soutiens à la communauté catholique. En outre, l’action de l’œuvre d’Orient prend ici tout son sens puisqu’elle soutient des membres de l’Eglise catholique romaine et qu’elle se déploie dans un pays éminemment chrétien. Environ 90% de la population s’identifie à l’Eglise grecque orthodoxe.
Dans le centre, je rends service à des réfugiés venus de loin pour trouver un ciel meilleur. La plupart des réfugiés sont Afghans ou originaires d’Afrique subsaharienne. La première fois que je suis amenée à rencontrer ces personnes, c’est à Victoria Square, à dix minutes à pied de la communauté dans laquelle je vis. Je rencontre de nombreuses familles, assises, par terre, sur des cartons, des couvertures. |…] Bon nombre de questions me viennent à l’esprit. Révolte, frustration, incompréhension m’habitent. […] Je crois percevoir, dans ces quelques premiers regards, l’espoir qui les fait vivre. J’avais toujours considéré les réfugiés, que je ne connaissais que par le prisme des médias, comme des gens privés de tout. En réalité, ils ont de la force et du courage pour accepter de vivre ces épreuves. Cet espoir, ils me le transmettent – dès cet instant – où mon regard ose la rencontre avec le leur. Je manque d’espoir, et c’est eux qui m’en donnent ! En arrivant ici, je pensais côtoyer des situations désespérées alors qu’il semblerait que ce soit radicalement le contraire : si ces réfugiés sont ici, c’est qu’ils ont l’espoir, et même pour certains, une religieuse espérance d’offrir un avenir meilleur à leurs enfants. Chaque rencontre est une occasion d’étonnement, et souvent d’émerveillement.Je souhaiterais que cette admiration que j’ai éprouvée pour la plupart des personnes rencontrées ne se tarisse pas. Qu’elle fasse croître en moi le zèle qui m’a portée jusqu’à elles !