Guérison miraculeuse de Lourdes : comment se passe une enquête ?

Sr Bernadette MORIAU/CIRIC
Le 11 février 2018, Jacques Benoit-Gonnin, l’évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, a déclaré le caractère miraculeux de la guérison de la Sœur Bernadette Moriau, religieuse de la congrégation des Sœurs franciscaines Oblates du Sacré-Cœur de Jésus, à Bresles (Oise). La 70e guérison est officiellement reconnue miraculeuse au terme d’une enquête de plus de dix ans. Comment se déroule l’authentification d’un miracle ?
Le Bureau des Constatations médicales
Lorsque l’un des 6 millions de pèlerins qui viennent à Lourdes chaque année estime avoir guéri après une visite au Sanctuaire, il peut déposer son témoignage au Bureau des Constatations médicales, fondé en 1883 par un médecin, le docteur Dunot de Saint-Maclou. Les membres permanents de cette instance unique au monde commencent alors un travail critique, sous la direction du Président du Bureau, actuellement le médecin italien Alessandro de Franciscis. Le témoignage du patient guéri est alors soigneusement examiné par le médecin : s’agissait-il d’une maladie ou d’un handicap sérieux ? La guérison semble-t-elle effective ? Le fait est-il exceptionnel ? Quel est l’état psychologique de la personne ? Le médecin demande à la personne de revenir l’année suivante pour vérifier que la guérison est durable.
Si la déclaration du pèlerin semble sérieuse, le Président convoque une assemblée extraordinaire composée d’une vingtaine de médecins et soignants présents à Lourdes ce jour-là, et qui est chargée de l’étude clinique du cas, quelles que soient leurs convictions religieuses. En présence du patient, l’assemblée discute des antécédents médicaux de la personne, de la solidité du diagnostic ou encore des autres cas de rémission de la maladie.
De la constatation à la proclamation du miracle
Si la guérison est effectivement constatée par cette assemblée, le cas passe ensuite à l’ordre du jour de la réunion annuelle du CMIL, le Comité Médical International de Lourdes, composé d’une trentaine d’éminents scientifiques, et dont un des membres est nommé pour diriger un examen approfondi du dossier selon les sept critères du cardinal Lambertini, établis au XVIIIe siècle :

Dr Alessandro de FRANCISCIS/CIRIC
- La maladie doit être grave,
- elle doit être reconnue et répertoriée par la médecine,
- elle doit être organique (et non psychique),
- aucun traitement ne doit être responsable de la guérison,
- la guérison doit être instantanée,
- il ne doit pas s’agir de simples régression des symptômes mais d’une guérison totale,
- il doit s’agir non pas d’une rémission mais d’une vraie guérison : elle doit être durable.
La CMIL rend alors son jugement :
- S’il reste une marge d’incertitude sur le diagnostic, la guérison est confirmée : le patient allait mal depuis des années et aujourd’hui, il va bien : oui, ce changement brutal est lié à Lourdes,
- la guérison peut être « certifiée » lorsque le mode de cette guérison reste inexpliqué dans l’état actuel des connaissances scientifiques. L’approbation doit recueillir les deux tiers des voix. L’évêque du diocèse de la personne guérie décide de la reconnaissance publique par l’Eglise.
Sur plus de 7000 dossiers de guérisons déposés à Lourdes depuis les apparitions, 70 cas ont à ce jour été reconnus miraculeux par l’Eglise.