Place aux jeunes à La Rochelle !
Tous les jeunes et tous ceux qui se sentent jeunes ont rendez-vous à Holy Spot. Ouverte il y a deux mois à La Rochelle, la maison est déjà un véritable lieu d’accueil, d’écoute, de rencontre et de prière où il fait bon vivre. Tout simplement. Reportage. Florence de Maistre.
« Les jeunes ne sont pas l’avenir de l’Église ! Ils font partie de sa réalité, peut-être pauvre mais bien actuelle. Nous ne pouvons pas passer à côté d’eux, ils construisent l’Église d’aujourd’hui ! » s’exclame le P. Éric Blanchard, accompagnateur de la pastorale des jeunes du diocèse de La Rochelle. La conviction est forte, manifeste et partagée. Elle se concrétise au sein de la maison des jeunes, Holy Spot, située en plein cœur du centre-ville de La Rochelle et joyeusement inaugurée le 13 janvier dernier.
Née de l’intuition de Mgr Georges Colomb, évêque de La Rochelle et Saintes, la maison est dédiée à l’accueil des collégiens, des lycéens, et plus largement encore. « Nous sommes ouverts à tous, de la même façon que nous avons envie d’habiter le monde ! Le chanteur Vianney est le parrain d’Holy Spot. C’est une belle figure pour aider les jeunes à vivre leur foi dans notre société », poursuit le P. Éric. Le projet de vie se déploie autour de quatre piliers : se ressourcer, se former, agir ou vivre la charité, s’ambiancer c’est à dire vivre la fraternité. « Nous sommes présents quasiment tous les jours. Nous communiquons sur les réseaux sociaux et les jeunes passent à l’improviste. Le week-end dernier, nous avons laissé les clés aux scouts. Nous voulons créer une vraie transversalité entre les services et les mouvements », explique Marie Devallet, animatrice en pastorale et co-responsable, avec le P. Éric et Laurence Barbaux, de la maison.
Colombe, 17 ans, aime venir dire bonjour. « C’est un lieu gratuit, on n’est pas obligé de consommer. J’y ai déjà invité des amies. Je suis heureuse de rencontrer d’autres jeunes dans le respect des différences, de partager sans être jugé. C’est rare et c’est bien ! » En cette fin de mâtinée, au cours d’une discussion avec Marie, elle propose une musique orthodoxe byzantine pour accompagner le diaporama préparé pour le Chemin de croix. « Si je peux contribuer, ça me fait plaisir ». Avant de filer à la piscine, elle déjeune avec l’équipe d’animation et Clément journaliste au Courrier français, qui a conservé son bureau au 3e étage de la maison, mais aussi avec Jean, Anaïs, Clémence, Manon et Mathilde. « Ici, les visages sont très variés. Nous accueillons des jeunes qui ne fréquentent pas l’Église, c’est le pouvoir d’attraction de la maison », souligne Marie.
La disponibilité et l’écoute des animateurs permettent à ceux qui en ont besoin de se confier. Pour l’heure, conversations et blagues fusent gaiement. L’opération papillon retient toute l’attention des jeunes. « Notre crédibilité dépend de la manière dont on tend la main à l’autre. Nous avons à cœur d’exprimer une charité de proximité », précise le P. Éric. Le projet ? Récolter des fonds et acheter de belles voitures électriques pour les enfants de l’hôpital de La Rochelle. En se rendant au bloc opératoire au volant des petits bolides, les angoisses s’envolent. Enfants, parents et soignants sont plus sereins. Premières étapes pour les jeunes d’Holy Spot : fabriquer à l’aide de bouteilles en plastique des papillons décoratifs, sensibiliser les passants, mettre un peu de poésie dans la ville. Une certaine joie émane de l’atelier bricolage, une belle effervescence accompagne les jeunes heureux d’aller au contact d’inconnus, une juste fierté d’ajouter quelques pièces dans la tirelire. Déjà des parents ont adressé leurs encouragements à l’équipe devant l’enthousiasme de leurs adolescents. D’autres projets sont en réflexion à court et à long terme.
Invitation à la prière
Chaque mois, le P. Éric célèbre l’eucharistie dans l’oratoire au 2e étage de la maison. La grande croix de Taizé et les lumignons dans les briques rouges invitent à entrer dans la prière. Le Père interpelle d’emblée les jeunes : « Soyez attentifs aux lectures : la Parole de Dieu est vivante ! Vous partagerez un mot, une phrase qui vous touche plus particulièrement ». De fait, la prise de parole des collégiens n’est pas aisée, mais il est question de « liberté qui rend heureux ». La grande sobriété de la messe permet de la vivre comme un moment de qualité. C’est un défi toujours renouvelé ! Confortée dans sa démarche par le premier travail de synthèse en amont du synode des évêques sur les jeunes, la foi et les vocations, l’équipe d’animation n’a qu’un credo, le P. Éric insiste : « Holy Spot est une maison pour apprendre, grandir, se projeter avec espérance. Nous essayons de nous laisser pleinement habiter par la mission et ses imprévus. Ce à quoi nous participons nous échappe, mais nous pouvons témoigner de la joie qui se vit. »