Cinquantième anniversaire de la mort de Padre Pio
Ce samedi, 17 mars, le pape François se rendra sur les lieux emblématiques du saint capucin Padre Pio, dans le sud de l’Italie : d’abord à Pietrelcina, sa ville natale, puis à San Giovanni Rotondo, où le saint a vécu toute sa vie. Cette visite d’une demi-journée se déroulera dans le cadre du 50e anniversaire de la mort du saint Padre Pio et du centenaire de l’apparition sur son corps des stigmates de la Passion du Christ. A Pietrelcina, le Saint-Père priera dans la chapelle des stigmates ; à San Giovanni Rotondo, il se recueillera devant la dépouille du saint, visitera le département de pédiatrie oncologique de l’hôpital fondé par Padre Pio, puis il célébrera la messe sur l’esplanade du sanctuaire Sainte-Marie-des-Grâces. Quelque 30 000 fidèles sont attendus ; parmi eux de très nombreux jeunes qui prépareront l’arrivée du pape par une veillée de prière.
La photo protectrice du capucin à la barbe blanche apparait derrière les vitrines des commerçants, collée sur le parebrise des taxis, accrochée aux murs des espaces privés et publics. Ses statues sont omniprésentes surtout au Sud de la péninsule, dans les églises et les villages. Si l’Italie se déchristianise rapidement, la popularité du Padre Pio, elle, ne se dément pas.
C’est la troisième fois qu’un pape se rend dans des lieux étroitement liés à sa vie. Jean-Paul II, qui l’a connu puis canonisé en 2002, avait une grande dévotion pour le capucin aux stigmates. Il lui avait demandé d’intercéder pour une de ses amies gravement malade. Celle-ci reçut la grâce de la guérison. En 2009, Benoît XVI est allé lui aussi se recueillir devant la dépouille de Padre Pio et inaugurer le nouveau sanctuaire. C’est maintenant le tour du pape François, le pape du peuple, qui a tant de fois pris la défense de la dévotion populaire contre ceux qui tentent de la discréditer.
Une approche populaire de la transmission de la foi
En 2016, pendant le Jubilé de la miséricorde, le pontife argentin avait créé la surprise en souhaitant que la dépouille du Padre Pio soit exposée dans la basilique Saint-Pierre, lui qui ne l’avait jamais cité en public. Selon une enquête menée par le vaticaniste italien Ignazio Ingrao, l’intérêt de Jorge Bergoglio pour le saint capucin remonterait à 2002. Alors archevêque de Buenos Aires, il avait été intrigué par la grande diffusion des groupes de prière du Padre Pio, et par leur engagement concret auprès des plus pauvres. Si le futur pape François a été conquis par le capucin stigmatisé, c’est parce que ce dernier ramenait tout à l’essentiel, c’est-à-dire à Dieu, explique l’archevêque de Manfredonia-Vieste-San Giovanni Rotondo, parce qu’il savait si bien conjuguer prière et charité…et aussi en raison de ses qualités de confesseur infatigable.
Au-delà de leurs différences, les deux hommes, relève-t-on, ont en commun l’attention portée aux souffrants et aux laissés-pour-compte mais aussi l’approche populaire et concrète de la transmission la foi, le langage simple et direct. Pour le Saint-Père, la piété populaire est une expression authentique de l’action missionnaire spontanée du Peuple de Dieu, une expérience de vraie spiritualité qu’on aurait tort de sous-estimer. La « théologie du peuple » dans laquelle s’inscrit sa réflexion théologique et pastorale, revalorise la spiritualité et la mystique populaires. Souvent taxé de progressiste, le pape François ne manque pas de témoigner son attachement à des formes de piété considérées par certains courants comme des reliques du passé.
Il sait que la dévotion populaire est l’une des forces vitales de l’Église et il sait que le saint Pio parvient mieux que quiconque à mobiliser les fidèles, bien au-delà des expressions quelque peu folkloriques liées à son culte. Ainsi, longtemps considéré avec méfiance par l’Église officielle, le Padre Pio devient un précieux vecteur de la nouvelle évangélisation, l’un des symboles de la miséricorde si chère au pape François.