Le père Alphonse Borras : « La paroisse doit être un lieu ouvert à tous »
Le Service national Famille & Société organisait le 29 janvier une session nationale avec les délégués diocésains de la pastorale familiale sur le thème : « Le défi de la proximité : familles et paroisses en dialogue. » Rencontre avec le Père Alphonse Borras, vicaire général du diocèse de Liège et professeur émérite à la Faculté de droit canonique à l’Institut catholique de Paris qui intervenait sur ce sujet : « Au delà du lyrisme ou de l’incantation, la contribution paroissiale à la pastorale familiale (AL 202) ».
Quel était l’objet de votre intervention ?
Mon intervention consistait à commenter une phrase du Pape François de l’exhortation Amoris laetitia issue d’une réflexion du Synode de 2015 selon laquelle : « C’est la paroisse qui offre la contribution principale à la pastorale familiale ; famille de familles, où les apports de petites communautés, associations et mouvements ecclésiaux s’harmonisent » (AL 202).
Quel est votre définition de la « paroisse » ?
La paroisse doit être un lieu ouvert à tous. Cela constitue un lieu où les hommes et les femmes touchés par le fait chrétien, à quelque degré que ce soit, apprennent à devenir croyants à la suite de Jésus-Christ et à faire Église par la force de son Esprit. C’est également un lieu de cheminement où l’on peut participer à l’assemblée du dimanche et déployer des solidarités avec les gens du quartier. On ne nous demande pas de carte de parti, ni une allégeance à une mouvance, ni une affiliation à un mouvement ou à une idéologie. La paroisse est vraiment pour le tout-venant. Reste à savoir concrètement comment les communautés paroissiales vivent cette vocation d’être ouvert à tous en matière de couples et de familles : les familles composées, recomposées, décomposées, monoparentales…
En quoi le sujet de la famille est-il un enjeu important ?
C’est un lieu où se forge positivement ou négativement notre reconnaissance et où l’on nourrit l’estime de soi. Les liens familiaux nous structurent d’une façon ou d’une autre. En famille se développe un sentiment de reconnaissance par rapport au passé mais aussi une promesse pour l’avenir. On s’inscrit dans une histoire avec ce qu’on reçoit et ce qu’on met en œuvre. Dans ce sens-là, une paroisse attentive aux couples et aux familles est une paroisse où toutes les familles devraient se sentir à l’aise, et être reconnues par la communauté pour ce qu’elles sont. Le souci est que bien souvent l’Église catholique fonctionne avec une image un peu fermée ou exclusive de la famille chrétienne.
Quelles orientations pour une pastorale familiale « paroissiale » ?
Il s’agit de déployer une pastorale familiale d’intégration. Chacun doit être accueilli pour ce qu’il est. Il faut accueillir les couples et les familles dans leur diversité et se laisser instruire, toucher et affecter par qu’ils vivent. Quand je parle de diversité, cela a aussi à voir avec l’expression de leur foi qui est bien diverse : participation au culte dominical, prière personnelle, démarches d’intériorité spirituelle, pratiques de dévotion sans venir à la messe… Certaines familles mettent surtout en avant leur engagement pour les autres, leur sens de la justice ou l’altruisme.
La pastorale des familles est à entrées multiples. Il faut aussi offrir un cheminement et des opportunités plus transversales à travers les mouvements et les associations, de la souplesse dans les propositions.
La pastorale familiale doit aussi être une pastorale de l’hospitalité. Il s’agit de passer de l’accueil à l’hospitalité. C’est-à-dire accepter d’aller vers le terrain de l’autre et de l’écouter : « Qu’avez-vous à me dire de votre manière de vivre, de votre façon de comprendre la foi chrétienne et de votre manière de faire rayonner l’Évangile ? »
Quels messages souhaitez-vous faire passer aux délégués aujourd’hui ?
Chacun de nous est expert de sa propre vie. Il faudrait ouvrir la paroisse aux tout-venant et élargir un peu le champ pour ne pas nous contenter de la catégorie des pratiquants.