Le samedi 29 octobre 2016, les Villes-Sanctuaires invitent à la méditation en musique et en lumières pour la « 25ème heure ». Un événement auquel participera la dernière venue de l’association, la basilique Notre-Dame de Thierenbach, perle d’Alsace. Par Chantal Joly.

Sur le parvis, une plaque avertit le visiteur : « la beauté du site, la richesse de la nature environnante, le silence et l’espace enveloppant la basilique chantent déjà ce monde à venir où il n’y aura plus ni larmes, ni tristesse, ni douleurs, ni mort (Ap 21, 4) ».  De fait, le site incite à contempler la beauté de la Création tout en promettant la paix de l’âme. L’église-halle, jouxtée des bâtiments du presbytère et de l’Accueil Notre-Dame, est adossée aux premiers vallonnements des Vosges, blottie dans la verdure des près et des sapins. L’ensemble aux toits rouges et aux crépis ocres dégage une impression d’harmonie. Quant à la croix qui surmonte le clocher à bulbe de cuivre, elle étincelle sous l’azur. Pour autant, la sobriété extérieure de l’édifice ne prédispose en rien à l’éblouissement du regard, une fois le porche de grès rose franchi. « Lorsque les personnes rentrent, elles ne peuvent s’empêcher de s’extasier», témoigne Emilienne, paroissienne de la commune de Jungholtz, l’une des quelques quarante bénévoles du lieu. Le sanctuaire regorge de trésors d’autant plus éblouissants qu’ils ont été récemment restaurés, certains recouverts à la feuille d’or et les peintures du plafond complètement lessivées.

Que de merveilles ! Dans le chœur baroque un maître-autel d’un blanc immaculé en marbre de Carrare, des stalles du 18ème, le parasol et la clochette symboles de l’élévation de Thierenbach au rang de basilique mineure par le pape Pie XI. Dans la nef centrale une chaire en bois soutenue par un Samson. Partout, des statues, du marbre, des dorures.…

Une statue de la Vierge miraculeuse

Accolée à la basilique, la chapelle des confessions dont la porte, en cette Année de la Miséricorde, est l’une des 5 portes saintes du diocèse, invite à une démarche jubilaire. Si cette chapelle possède une piéta de 1510 remarquable, la Vierge miraculeuse se trouve sur l’autel du bas-côté droit de la basilique. Au rythme des temps liturgiques, une bénévole consacre près de deux heures pour la revêtir de robes somptueuses. Cette pietà a une particularité, celle d’avoir un Christ plus petit que Marie. « À chaque fois que je fais visiter l’église, je demande aux gens s’ils pensent que l’artiste s’est trompé dans ses proportions puis je leur parle du message que véhicule cette sculpture à savoir : le mystère de l’Incarnation et celui de la Rédemption. En effet, Jésus mort que la Vierge Marie porte sur ses genoux est bien celui à qui elle a donné naissance. Il est son enfant, d’où sa taille réduite », raconte le père Denis Simon, le recteur du sanctuaire.

« Notre-Dame de Thierenbach n’est pas un lieu d’apparition mais de dévotion », précise le père Simon. Il fait la part entre la tradition orale (une image de la Vierge trouvée dans l’eau par des enfants, la guérison d’un jeune homme riche de Soultz) et les faits historiquement avérés (la venue de moines de Cluny au XIIe,  les diverses destructions, reconstructions et restaurations jusqu’à nos jours.

Aujourd’hui, le sanctuaire continue d’être un haut-lieu de la foi particulièrement vivant. « À mi-chemin entre Colmar et Mulhouse le pèlerinage est très fréquenté. Tout le monde le connaît dans la région jusqu’à la frontière suisse. En temps normal nous recevons de 600 à 800 personnes le week-end et de 1000 jusqu’à 2000 pour les grandes fêtes. Les évêques y viennent régulièrement », rapporte le père Simon.

Emilienne se souvient que son grand-père venait à pied de Ribeauvillé. Aujourd’hui encore, une famille de Haute-Saône assiste à la messe tous les dimanches et des choristes des trois chorales de la basilique s’y rassemblent. Pour le passionné de musique qu’est le père Simon, pas question de chansonnettes ou de compositions mal écrites « tout doit être de qualité », soigné : la liturgie, comme le fleurissement confié tous les samedis matins à une fleuriste de Guebwiller.

Des centaines d’ex-votos

Le plus émouvant dans ce sanctuaire, ce sont ses centaines d’ex-votos (tableaux, plaques de bois ou de marbres, couronnes de mariées, cœurs en métal), témoins des ardentes prières de générations de pèlerins. Tous racontent l’histoire d’une grâce reçue, de protection (lors d’un accident de schlitteur ou de voiture, d’un incendie, des guerres de 14/18 et de 39/45…), de guérison ou remercient pour une naissance. Thomas Studer, de l’Office de tourisme de Guebwiller, vient avec plaisir à Thienrenbach « autant pour son patrimoine que son environnement » où il anime des visites guidées. « Ces peintures naïves, commente-t-il,  retracent par l’anecdote la vie des locaux :  C’est assez touchant ». Entre le sanctuaire et l’Office de tourisme, un solide partenariat s’est instauré. « Nous avons, déclare le père Simon, d’excellentes relations. C’est l’Office de tourisme qui a lancé le dossier pour notre adhésion à l’association des Villes-Sanctuaires. Nous y sommes les plus petits mais nous jouons dans la cour des grands. Et c’est une grande fierté ! ».