Taizé, école de prière pour les jeunes
Près de 75 ans après sa fondation, la communauté de Taizé accueillait pas moins de 6000 lycéens pour les vacances de la Toussaint ! Parmi eux, des jeunes qui continuent de relayer cet art de prier via leurs aumôneries, leurs groupes de scouts, leurs paroisses, leurs familles et même Internet. Par Chantal Joly.
Membres du Conseil diocésain des jeunes du Havre, Paul et Vincent, 17 ans, apprécient la messe de leur aumônerie de lycée vécue dans la même simplicité qu’à Taizé, assis par terre et avec les mêmes mélodies. « Ces chants, on les aime tous énormément. Ils sont courts, faciles à retenir, entraînants. Avec ma sœur, il nous arrive d’entonner « Dans nos obscurités… » en faisant la vaisselle », raconte Paul. Pour leurs parents aussi, qui les ont précédés sur la colline bourguignonne, cette célébration est une occasion de se rappeler « de super souvenirs ». Mais il y a bien plus que de la nostalgie. « Ces chants te touchent au plus profond de ton cœur. J’avais entendu le « Laudate dominum » dans la chorale paroissiale où j’étais. La manière de Taizé c’est très lent, le temps de prononcer chaque mot. Tu ressens alors une joie tellement douce que tu oublies tes soucis. Une fois par semaine je vais les écouter sur YouTube avec ma tablette ou mon ordinateur et chaque matin je chante « Seigneur tu gardes mon âme ». « À ce moment-là, je parle à Dieu et c’est sûr qu’il m’entend », témoigne Fofana, 19 ans, de l’aumônerie du secteur pastoral Brunoy Val d’Hyères, du diocèse d’Évry. De la même manière, il arrive à Bertrand, 20 ans, de mettre ses CD ou de reprendre les hymnes de Taizé sur YouTube pour une « petite prière du soir ». Étudiant, il fréquentait à Lille le rendez-vous prière et thé à la manière de Taizé qui lui « faisait du bien ». « Une bulle d’air frais », renchérit son amie protestante Leïla qui, bien que des Yvelines, fréquentait le groupe qui prie dans l’église St Germain-des-Prés de Paris en lien avec la communauté de Taizé tous les derniers mardis de chaque mois ; moment de recueillement ponctué par un goûter « pour que ce soit aussi un temps de rencontre ».
Un silence précieux
« Les jeunes ont parfois du mal à comprendre la liturgie, Taizé leur enlève ce souci. On chante, on écoute la Parole et on fait silence. C’est une sorte de plan incliné qui permet de monter facilement vers Dieu », analyse Romain, en année de discernement avant le séminaire à la Maison St François de Sales de Paray-le-Monial. Ce sont ces plages de silence « si précieuses » qu’a tant appréciées Agnès pendant ses années de Seconde et de Première lorsqu’elle fréquentait le groupe de prière Taizé à la chapelle de l’église St Étienne de Toulouse. Un silence « déroutant » qui a permis à William, lorsqu’il était lycéen, de se livrer à Taizé à « une introspection pour mieux se connaître ». Aujourd’hui, dans sa paroisse de Châteaudun en Eure-et-Loir, y compris pendant des messes ordinaires, il dit entendre régulièrement les hymnes de Taizé. « Nous sommes heureux lorsque les jeunes reprennent les chants dans leurs groupes de vie car le but n’est pas de les garder avec nous », commente Frère Benoît. « Que cela leur donne le goût de la prière, c’est formidable mais on ne veut pas créer de groupes de Taizé. On veut leur permettre au contraire de vivre l’ouverture », déclare Frère Aloïs, prieur de la Communauté.
« Le but n’est pas de copier Taizé », confirme Emilie. À Agen où une veillée « Silence et chants » de Taizé a lieu le samedi, elle fait observer qu’au noyau des jeunes s’agrègent des familles, des religieuses ainsi que des paroissiens qui restent après la messe anticipée. Souvent intergénérationnels et parfois œcuméniques (comme à Strasbourg ou à Roanne), une centaine de groupes en France expérimentent de vivre en communauté un face à face méditatif avec Dieu.
Célébrations de l’année 2015
75e anniversaire de la Communauté et 100e anniversaire de la naissance de frère Roger (12 mai 1915-16 août 2005), l’année 2015 sera marquée par plusieurs temps forts :
– Dimanche 10 mai : la Communauté invitera plus particulièrement les habitants de la grande région autour de Taizé, de Genève à Dijon.
– Du 5 au 12 juillet : rencontre internationale sur la vocation religieuse.
– Du 9 au 16 août : rassemblement pour une nouvelle solidarité ouvert aux jeunes adultes entre 18 et 35 ans.
– Dimanche 16 août : prière d’action de grâces en mémoire de frère Roger.
– Du 30 août au 6 septembre : colloque sur l’apport de frère Roger à la pensée théologique.