Retour sur les vingt ans du CECEF

le pasteur Claude Baty, le metropolite Emmanuel, Cardinal Vingt-Trois

 Le CECEF a fêté ses 20 ans, le 14 mai dernier. Cet anniversaire fut l’occasion de revenir sur le dialogue permanent entre les différentes confessions chrétiennes et son écho pour la société. Depuis 1987, le CECEF fait entendre une voix commune sur des sujets tels que l’immigration, l’armement, la peine de mort

 

Loin de tout objectif ou mission, le CECEF est avant tout une instance qui accorde à chacune des grandes confessions chrétiennes une représentation paritaire en son sein. « La condition nécessaire pour un dialogue », souligne le P. Michel Mallèvre, directeur du Service national pour l’unité des chrétiens.
Le 14 mai dernier, les membres du Conseil d’Églises Chrétiennes en France se sont réunis à l’occasion des vingt ans de l’instance. Au coeur de cette rencontre, l’évaluation du travail commun réalisé depuis 1987 et l’évocation du rôle du CECEF. Pour le P. Mallèvre, deux éléments ressortent : « le climat de confiance entre responsables d’Église qui offre à chacun la possibilité de s’expliquer en vérité et d’entendre le point de vue de tous sur des problèmes de société (Pacs, laïcité…). Ces bonnes relations permettent des prises de position commune importante. » Dès sa fondation, le CECEF s’est d’ailleurs constitué comme un lieu de réflexion et de témoignage sur les questions de société. « En vingt ans, l’instance a réussi à exprimer un regard éclairé par une référence commune à la foi », remarque le cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris et Président de la Conférence des évêques de France.
Depuis 1987, l’instance chrétienne a ainsi pris la parole une centaine de fois sur des sujets divers (armement, peine de mort, profanation, école…). La dernière déclaration est signée du 14 mai et fait suite à la rencontre. Alors que la France s’apprête à prendre la présidence de l’Union européenne, le CECEF a souhaité s’appuyer sur cet événement pour aborder la question de la politique migratoire. Le CECEF voit en effet dans cette présidence « une chance, pour que l’harmonisation des politiques migratoires dans les différents pays de l’union se fasse dans le respect des valeurs et des droits qui ont fait de cette partie de notre planète un espace de prospérité, de liberté et de paix. »

Signature de la charte oeucuménique européenne

La rencontre du 14 mai dernier a également été l’occasion pour les trois co-présidents* du CECEF de signer la charte oecuménique européenne. « En signant cette charte, nous voulons aussi exprimer notre soutien à toutes celles et tous ceux qui sont déjà engagés dans la marche vers l’unité et inciter fortement chacun d’entre vous à s’y investir personnellement davantage selon la volonté même du Seigneur Jésus-Christ (Jean 17,21) », déclaraient-ils dans un message adressé aux chrétiens de France.
La charte, signée à Strasbourg le 22 avril 2001, a été élaborée par K.E.K (Conseil des conférences épiscopales d’Europe) et signée par les présidents de ces deux organismes. Elle propose aux Églises et aux chrétiens d’Europe des orientations de réflexion et d’action pour développer une véritable culture œcuménique de dialogue et de coopération entre chrétiens d’Europe et une attitude positive à l’égard du Judaïsme et de l’Islam. « A chaque pays de se l’approprier et de l’adapter à ses besoins », précise le P. Mallèvre.

* Le Métropolite Emmanuel, président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France ; le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France ; le cardinal André Vingt-Trois, président de la Conférence des évêques de France.

Lire la charte œcuménique européenne

Message aux chrétiens de France
À l’occasion de la signature de la Charte œcuménique européenne
par les trois co-présidents du CECEF, le 14 mai 2008

Chrétiens, plus que jamais nous avons besoin les uns des autres !

Frères et soeurs en Christ,

C’est cette conviction qui habitait les présidents du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (catholiques) et de la Conférence des Églises européennes

(anglicanes, orthodoxes et protestantes) lorsqu’ils signèrent la Charte œcuménique européenne en 2001 à Strasbourg, capitale d’une Europe en plein bouleversement.

C’est cette même conviction que nous avons éprouvée depuis vingt ans au sein du CECEF, tant dans un dialogue régulier et confiant que par des initiatives communes dans le triple domaine de la présence chrétienne à la société, du service et du témoignage. Nous la réaffirmons aujourd’hui en signant cette Charte pour affermir notre désir de coopération. Dans un contexte de mutations, où les chrétiens de chaque confession peuvent être tentés de souligner leurs différences par un repli identitaire stérile plutôt que de les vivre dans un fécond « échange de dons », les engagements de ce document nous apparaissent nécessaires pour le rayonnement du message évangélique dans notre pays et sur notre continent.

En signant la Charte œcuménique européenne, nous voulons aussi exprimer notre soutien à toutes celles et tous ceux qui sont déjà engagés dans la marche vers l’unité et inciter fortement chacun d’entre vous à s’y investir personnellement davantage selon la volonté même du Seigneur Jésus-Christ (Jean 17,21). En effet il n’est pas vrai que le mouvement œcuménique stagne : les grands rassemblements européens de Stuttgart et Sibiu en 2007, les accords de théologiens dans des documents trop peu connus et l’action commune de membres de nos Églises pour la justice, la paix et la sauvegarde de la Création en témoignent. Toutefois ces avancées ne porteront vraiment du fruit que si elles sont reçues et portées par l’ensemble du peuple de Dieu : par vous tous !

Dans notre pays, les membres de notre Conseil d’Églises chrétiennes représentent un éventail de sensibilités plus large que celui des instances signataires de la Charte : au sein de la Fédération protestante de France, des communautés évangéliques-pentecôtistes sont déjà engagées dans la démarche qui est décrite dans ce document. C’est une richesse, qui témoigne de la transformation en cours du paysage religieux et par conséquent de nos relations interconfessionnelles. C’est aussi un défi, car nous ne percevons pas encore de la même manière tous les engagements formulés dans la Charte (reconnaissance du baptême, unité visible de l’Église, annonce de l’Évangile et dialogue interreligieux). Malgré tout nous nous engageons à continuer d’avancer ensemble.

En invoquant l’Esprit Saint pour qu’il nous guide et nous fortifie sur ce chemin vers l’unité des disciples du Christ, nous le réaffirmons : Chrétiens, plus que jamais nous avons besoin les uns des autres !

Les co-présidents : Métropolite Emmanuel, Pasteur Baty, Cardinal Vingt-Trois