Père Eric Poinsot : « Il y a tout à gagner à responsabiliser les jeunes »

L’intuition des évêques est de faire plus de liens. Avoir deux services nationaux comme Directeur est une invitation à travailler à plus de collaboration, de synergie. Je crois aussi qu’il est important de montrer la dimension vocationnelle dans notre pastorale à destination des jeunes. Quand on organise un rassemblement de jeunes, un pèlerinage, comment a-t-on le souci de parler de la vocation ? Le Christ appelle tout jeune, tout être humain, tout chrétien à sa suite pour annoncer l’Evangile.
 

Une de mes grandes convictions depuis que je suis prêtre en responsabilité et en lien avec des jeunes, c’est qu’on a passé un cap dans l’Eglise : celui de penser qu’il y a les aumôniers et les animateurs d’un côté et les jeunes en dessous. Je crois qu’on est plus dans un travail de partenariat. J’ai été responsable du foyer « Escale Jeunes », un pôle pastoral sur la ville de Besançon. Quand on m’a confié ce projet, je ne voulais pas que nous soyons des prêtres en charge de jeunes mais des prêtres et des jeunes, en charge des jeunes, en coresponsabilité. Aujourd’hui, c’est une équipe de huit garçons et filles, étudiants et jeunes professionnels, qui porte avec l’équipe d’animation le projet d’une maison accueillante. Quand j’ai organisé les Journées Mondiales de la Jeunesse dans mon diocèse, j’avais un jeune, mandaté par d’autres, pour être mon alter ego, pour que cela ne soit pas « le prêtre qui sait et qui manage » mais un binôme. Je pense aussi au Pèlerinage « Terre Sainte 2009 » : le Père Benoist de Sinety, le vicaire épiscopal de Paris en charge du dossier, est en binôme avec Olivier Bouchery, un jeune. Les jeunes ont des savoir-faire et des compétences. Il faut que nous sachions les discerner, les valoriser et leur donner toute leur place pour le bien de tous. Il y a tout à gagner à responsabiliser les jeunes. C’est aussi eux l’Eglise !
 

Service National pour l’Evangélisation des Jeunes est vaste puisqu’il regroupe les Scolaires et les Etudiants. Il y a tout ce pôle de la pastorale des étudiants dans les universités mais aussi avec Chrétiens en Grande Ecole (CGE). Il y a le monde des collégiens et des lycéens à travers les Aumôneries de l’Enseignement Public (AEP). Ce sont les trois départements du Service. On pourrait se poser la question – et elle m’est souvent posée – des jeunes professionnels. Il y aurait besoin, je crois, d’une coordination. Aujourd’hui, c’est un peu Paris / Ile-de-France qui porte le souci des jeunes professionnels avec un rassemblement annuel. Souvent, dans nos diocèses, quand on s’occupe de la Pastorale des Jeunes, cet aspect des jeunes professionnels est bien présent. Il ne l’est pas au niveau national. Ca se réfléchit.
 

Le SNEJSE veut vraiment être à l’écoute des responsables de la pastorale des jeunes dans les diocèses, pour qu’ils puissent nous dire de quelle aide ils ont besoin sur le terrain. Nous les invitons à Paris le 13 juin pour faire un bilan des JMJ de Sydney et leur donner la parole. On ne va pas faire que préparer les JMJ de 2011. On a le temps pour réfléchir, se former, voir les questions sensibles comme la question des tranches d’âges dans la pastorale des jeunes.
 

Il y a besoin de temps pour travailler à plus de synergie et de rencontres, sans oublier tous les liens avec les services et mouvements de jeunes. Je pense aussi bien au scoutisme, au MRJC (Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne), au MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes) avec qui on a déjà eu des collaborations. Au Service national des Vocations, nous publions un dossier national d’animation chaque année. Nous essayons déjà de travailler avec les mouvements d’Eglise. Cette année, par exemple, nous avons préparé une fiche pour les lycéens avec l’AEP. Nous souhaitions attirer l’attention sur ce public-là. Avec l’Enseignement Catholique, nous avons produit une fiche autour du public des 6èmes-5èmes. Ma nomination va encore accentuer ce travail « inter-services » et plus largement, faire du lien avec les mouvements de jeunes. L’évangélisation des jeunes est vaste mais les départements qui sont les nôtres – les étudiants, l’AEP et CGE – ne recouvrent pas toute la jeunesse catholique de France. Il sera important d’avoir des liens avec d’autres, y compris les Communautés Nouvelles, qui ont une vraie action auprès des jeunes. Je pense qu’il y a à faire du lien, à l’articuler, à faire que l’on se connaisse, pour qu’ensemble on puisse travailler à l’évangélisation des jeunes.
 

J’ai pour projet de prendre contact avec Taizé, un peu pour les deux services : parce que le nouveau Prieur a une attention forte vis-à-vis des jeunes sur la question des vocations, et parce que les rassemblements de Taizé, particulièrement le Pèlerinage de confiance, sont emblématiques. Pour les jeunes, la prière et l’intériorité que proposent Taizé sont quelque chose de fort. La dimension œcuménique de rencontre, de meilleure connaissance entre les traditions chrétiennes est importante.
 

Le Pèlerinage des étudiants en Terre Sainte (21-31 juillet), né de la volonté des évêques de France, qui devrait mobiliser entre 1500 et 2000 jeunes mais aussi la course de l’EDHEC (18-25 avril). Sur le port de La Rochelle, en lien avec l’aumônerie, il y aura des propositions pour ceux qui voudront. Trois équipages sont liés à ce projet mais sans doute que d’autres chrétiens et catholiques dans les autres équipages auront envie de se ressourcer pendant la course. Le SNEJSE fait de l’évènementiel avec des projets mobilisateurs pour les jeunes en France, comme les Journées Mondiales de la Jeunesse, mais son rôle est aussi d’assurer un suivi au quotidien de ce monde des jeunes par le partage de pratiques et la formation des animateurs. En décembre dernier se sont tenues les Assises des Aumôneries étudiantes. Le service était bien présent pour aider à la formation et la réflexion.