Nommé directeur des Œuvres Pontificales Missionnaires en avril 2013, Mgr Patrick Le Gal, évêque auxiliaire de Lyon, a pris ses fonctions le 29 juin dernier. Il évoque son parcours et le thème de la prochaine Semaine Missionnaire Mondiale (13-20 octobre 2013) : « L’Evangile pour tous, j’y crois ».
Quel regard portez-vous sur la campagne de la Semaine Missionnaire Mondiale 2013 ?
« L’
Evangile pour tous, j’y crois », c’est une formule bien trouvée et appelante. Je trouve aussi forts les versets de la
Bible retenus pour illustrer les différents visuels de cette campagne annuelle. Surtout, je relève que la préparation de cette campagne a fait vivre et travailler les équipes diocésaines partout en France et a ainsi contribué à dynamiser l’esprit missionnaire.
Si vous deviez choisir aussi une phrase de la Bible ?
Il y a 16 ans, nommé évêque de Tulle, j’ai choisi comme devise « La
charité du Christ nous presse » (2 Corinthiens 5, 14). Ce mot de saint Paul exprime une urgence – toujours vraie – et qui s’applique bien à la Mission. La première urgence dans la mission que je viens de recevoir, est de remettre en route les équipes après la nouvelle organisation prévalant entre les Œuvres Pontificales Missionnaires et le Service National de la Mission Universelle de l’Eglise (SNMUE). La seconde -essentielle- est de contribuer à apporter l’
Evangile pour tout un chacun. C’est toujours étonnant de voir que des personnes loin de l’Eglise, auxquelles on ne fait pas attention, sont en recherche. Il y a urgence
a fortiori pour le monde entier.
Quel est votre lien à Pauline Jaricot, fondatrice de l’œuvre qui deviendra les OPM ?
Avant d’arriver à Lyon en 2009, je connaissais très peu Pauline Jaricot. J’avais bien lu, il y a très longtemps, une petite vie en bandes dessinées. Donc je me souvenais vaguement d’elle. Lors de l’année jubilaire, on m’a demandé, en tant qu’évêque auxiliaire de Lyon, de faire des conférences pour parler de Pauline. J’ai étudié sa vie. Ce n’est pas une théologienne mais elle fait preuve d’une foi imaginative et d’une grande pédagogie pastorale, avec des idées très simples. Par exemple, celle du «
Rosaire Vivant ». Au lieu de demander aux gens de réciter d’emblée le chapelet, elle a proposé de dire une dizaine et de trouver cinq autres personnes pour faire de même : cela faisait un chapelet complet et créait une chaîne de prière. Elle a appliqué cette méthode à la « Propagation de la Foi » (qui est à l’origine de l’œuvre majeure des Œuvres Pontificales Missionnaires, NDLR), pour faire prier pour les missions et y associer un geste de solidarité minime mais, au final, cela aboutit à des sommes considérables. Certains aspects sont étonnants chez elle. Elle a eu une troisième intuition après le
Rosaire vivant et la Propagation de la foi : Elle avait découvert, par son frère industriel, la condition misérable des ouvriers. Elle voyait l’urgence d’y porter remède. Elle décida de monter une entreprise plus respectueuse de la dignité de chacun et offrant un cadre de vie et de travail conforme à ce que prônera plus tard la doctrine sociale de l’Eglise. En réalité, elle s’est fait gruger par des escrocs et a fini sa vie criblée de dettes, pauvre et méprisée…
Pauline Jaricot demeure cependant comme un exemple lumineux de foi vive, de
charité inventive et de confiance en Dieu.
Mgr Le Gal et la Mission
« Ni issu d’un institut missionnaire et n’ayant pas non plus connu la mission comme prêtre Fidei Donum », Mgr Patrick Le Gal a pourtant expérimenté la catholicité de l’Eglise dès ses études en théologie à l’université de Fribourg (Suisse), « une petite Rome » par la multiplicité des pays représentés parmi les étudiants ou les professeurs venus de tous horizons . Directeur du Foyer de Charité de La Part-Dieu à Poissy (1986-1997), il y est témoin du rayonnement international de ces lieux de ressourcement implantés dans plus de de 40 pays. Evêque aux Armées françaises (2000-2009), il visite des zones de conflit à travers le monde : il y rencontre partout une « présence catholique » parfois organisée, parfois très discrète comme à Kaboul et constate que l’Eglise est attendue. Sensible à cette « soif », il souligne le « défi de réveiller la conscience missionnaire de chaque baptisé » dans le contexte de la mondialisation et dans la dynamique de la Nouvelle Evangélisation.
Pour soutenir le travail des O.P.M. en France en lien avec les services de la Coopération Missionnaire, Mgr Le Gal envisage de créer des relais par provinces ecclésiastiques, notamment pour repérer de nouveaux acteurs au service de la mission et susciter quelques évènements pour développer l’esprit missionnaire.