La mémoire du cardinal Lustiger honorée en Terre Sainte
L’initiative de ce mémorial revient au docteur Richard Prasquier, président d’honneur du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). Elle est née de ses conversations avec le P. Patrick Desbois. « Israël fait sens au regard des activités du cardinal dans le domaine judéo-chrétien, de ses racines juives invoquées jusqu’au bout, des liens qu’il a lui-même entretenu avec Israël. Le site d’Abu-Gosh, évoqué par Patrick, est devenu une évidence », explique le président d’honneur du CRIF.
Inséré au cœur du village d’Abu-Gosh, entièrement musulman, le monastère a été fondé en 1976 par l’Abbaye bénédictine du Bec-Hellouin (Eure) sur une propriété juridiquement française. Il rassemble aujourd’hui deux communautés religieuses (l’une compte neuf frères, l’autre douze sœurs), qui ont pour vocation d’être un lieu de paix et de rencontre, tourné vers le monde juif dans sa réalité historique et contemporaine, en œuvrant à la rencontre de tous. « Notre dialogue se vit d’abord au sein de notre vie monastique, par l’attention à la tradition juive de lecture de l’Écriture et à son enracinement dans la terre de la promesse », précise le Fr. Louis Marie, prieur. Le monastère accueille aussi de nombreux visiteurs, parmi lesquels des groupes de l’armée dans le cadre du service culturel.
Un désir réciproque de rapprochement
« J’ai eu la chance de créer des liens avec le card. Lustiger dans les dernières années de sa vie. Chaque rencontre était dense et forte, même quand les paroles échangées étaient d’apparence banales. Je crois que l’on n’a pas assez insisté sur les grands succès du card. dans le monde juif : se faire accepter tel qu’il était. Dans l’histoire des juifs, celui qui quitte la religion le fait par lâcheté. Et il risque de vouloir attaquer ses anciens coreligionnaires. Au fur et à mesure des années passées, les réticences que le card. pouvait inspirer sont tombées : sa conversion n’est pas liée à une facilité conjoncturelle. Nombreux sont ceux qui ont ressenti la sincérité de son engagement : il a réussi à désarmer la plupart de ses critiques. Sa personnalité était très respectée. Il a remporté une vraie victoire humaine et facilité l’échange entre juifs et chrétiens. Abu-Gosh montre, une fois de plus, l’enracinement des chrétiens dans le judaïsme. J’y ai assisté à la messe de minuit en hébreu : c’est un spectacle extraordinaire de beauté, la structure des prières puise à la même source, c’est très fort. »